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de son armée, et se retira dans la ville de Djéziret, l'apanage de sa mère.

Malgré sa victoire, l'armée égyptienne avait perdu la plus grande partie de ses bagages, pillés après la déroute de l'aile gauche, par ses propres valets (1); mais le sultan ne perdit presque rien des espèces de son trésor, qu'il avait eu la précaution de faire distribuer à ses Mameloucs, pour les garder dans leurs

ceintures.

Les habitants de Damas avaient passé plusieurs jours dans la plus vive anxiété. Le peuple remplissait la grande mosquée, implorant, avec des cris et des larmes, la protection divine; de ce temple la multitude se portait à l'oratoire hors de la ville, et y priait Dieu d'accorder la victoire aux Musulmans; on exposait le Coran du khalife Osman, qu'un membre du clergé portait sur sa tête. Au milieu de ces angoisses, on vit un pigeon s'abattre, après la prière du vendredi, lendemain de la bataille; il apportait la nouvelle de la victoire. Aussitôt la musique de réjouissance se fit entendre dans la citadelle, et les habitants se livrèrent à une joie ex

(1) Ben Tagri-birdi.

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cessive. La ville et le château furent promptement décorés comme dans les jours les plus solennels; mais, au milieu de la nuit, arrivérent des bandes de fuyards, qui annoncèrent la perte de la bataille; soudain la terreur succède à la joie; tout le monde veut fuir; les portes de la ville s'ouvrent, et il en sort une foule d'habitants qui s'éloignent avec précipitation; enfin, au lever de l'aurore, à l'heure de la première prière du jour, arriva le courier expédié avec l'annonce de la victoire. La lettre qu'il apportait fut lue à haute voix dans la mosquée, et rassura complétement les habitants de Damas.

La nouvelle de la perte de la bataille parvint jusqu'au Caire. Tandis que les habitants de cette ville adressaient, comme ceux de Damas, des prières ferventes au ciel, et multipliaient les actes de dévotion pour obtenir la victoire, une colombe expédiée de Cacoun, lieu situé entre Ledjoun et Ramla, y apporta, dans la journée du jeudi 5 novembre, l'avis qu'il était arrivé à Cacoun des fuyards de l'aile gauche. L'agitation fut à son comble. Le prince Salih fit aussitôt partir des troupes turques et arabes pour Cattiya, avec l'ordre de faire rétrograder les fuyards, et de ne permettre à aucun d'eux d'arriver au Caire;

mais les alarmes ne durèrent que quelques heures; dans la même journée, un billet apporté par une seconde colombe annonça la victoire, et peu après arriva un courier. Cet événement fut célébré dans toute l'Égypte par des réjouissances. Le prince Salih écrivit à son père pour lui demander la grace de ceux qui avaient pris la fuite, et recommanda au général Beïssery d'intercéder en leur faveur.

Le général Tarenttaï, vice-roi d'Égypte, poursuivant l'ennemi après la bataille, avait fait prisonnier des gens de Mangou-Timour, l'un desquels gardait son porte-feuille. On y trouva des lettres de Soncor le roux et d'autres officiers de son parti, dans lesquelles ils excitaient les Mongols a entrer en Syrie, leur promettant de les aider à en faire la conquête. Le sultan, après avoir tenu conseil sur cette découverte, prit le parti de faire tremper dans l'eau ces papiers pour en effacer l'écriture, et personne n'eut la faculté de les lire. Ensuite il congédia le général Soncor, qui retourna avec ses officiers à Sihioun, son fief. Le sultan arriva à Damas le vendredi, 7 22 redj. novembre; il y resta dix jours et partit pour le Caire (1), où il fit une entrée triomphale.

(1) Macrizi.

La ville était ornée. Devant lui marchaient les prisonniers, dont plusieurs portaient les drapeaux et les tymbales, pris à l'armée mongole (1).

Lorsque Mangou-Timour était entré en Syrie, Abaca s'était avancé, en chassant, jusqu'à Rahbet; mais il ne passa pas l'Euphrate; après avoir détruit quelques forts, il retourna à Sindjar le 25 septembre, et rejoi- 9 dj.-2. gnit, au commencement de novembre, ses Ordous à Mahlibiyé près de Moussoul. Ce fut là qu'il apprit la défaite de son armée. Irrité contre ses généraux, il annonça qu'au Couriltaï qui se tiendrait l'été prochain, seraient jugés et punis ceux d'entre eux qui n'avaient pas fait leur devoir, et qu'il marcherait en personne contre les Égyptiens (2).

Lorsque les Mongols, à la suite de leur défaite, eurent évacué la Syrie, un corps de troupes musulmanes composé, en grande partie, de Turcmans et de Curdes, entra en Cilicie, s'avança jusqu'à Ayass, pilla et brûla cette ville, qu'il trouva déserte. Les habitants s'étaient réfugiés par mer dans un château nouvellement bâti sur une île. Les Mahomé

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tans se retirèrent avec leur proie. Ils firent, dans un court espace de temps, trois autres incursions en Cilicie; dans la dernière, ils pénétrèrent jusqu'à Tel-Hamdoun, et firent un grand butin. Mais, comme ils se retiraient, ils furent attaqués par les Arméniens, qui avaient occupé les défilés, et passés la plupart au fil de l'épée. Les vainqueurs envoyèrent à Abaca plusieurs charges de leurs armures, de leurs lances, de leurs sabres, et y joignirent la peau du crâne des morts encore garnie de cheveux (1).

Cependant Madjd-ul-mulk s'était rendu à Bagdad, pour recevoir les trois cents toumans d'or, que Alaï-ud-din s'était engagé de restituer au fisc. Ce gouverneur donna tout ce qu'il possédait; il vendit même ses femmes et ses enfants, et consentit à payer de sa tète la moindre prévarication dont on pourrait, à l'avenir, le convaincre. Abaca lui accorda sa grâce, et le fit sortir de prison le 17 dé4 ram. cembre.

Mais, peu après, Madjd-ul-mulk, revenant à la charge, obtint l'ordre de se rendre à Bagdad, avec les généraux Togatchar et Or

(1) Bar Hebræus, p.. 564.

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