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bien et apprit de lui que l'armée de Mangou-Timour, forte de quatre-vingt mille hommes, devait entrer en Syrie vers la mi-octobre. Ce rapport était éxagéré. Les habitants d'Alep émigrèrent vers Himss et Hamat, ensorte que la ville resta déserte.

Mangou-Timour entra en Syrie, par la route d'Aïntab, et s'avança lentement, contre la coutume des Mongols. Il ravagea les environs de Hamat, et se porta sur Himss, où le sultan était arrivé avec son armée le 27 11 redj. d'octobre. Kélavoun y fut joint, le lendemain, par Soncor le roux. Après beaucoup de messages de la part du sultan, cet émir avait consenti à sortir de Sahioun avec ses troupes, sous la condition toutefois qu'après la bataille il serait libre de retourner dans sa forteresse. Il arriva au camp avec sept émirs qui suivaient sa fortune, chacun à la tête de quelques troupes, et leur apparition dans ce moment critique causa une grande joie parmi les Égyptiens. Les deux armées se trouvèrent en présence le jeudi 30 d'octo- 14 redj. bre, dans une plaine entre Hamat et Himss, près du tombeau de Khaled, fils de Velid (1). Celle de Mangou-Timour se composait

(1) Disciple de Mahomet, qui remporta une victoire

MONGOLS

de vingt-cinq mille Mongols (1), de cinq mille Géorgiens, d'un corps d'Arméniens commandé par le roi Léon en personne et d'une division de Turcs-Roumiens. Le sultan avait des forces à-peu-près égales. Ses troupes passèrent la nuit à cheval, et le jeudi, dès le point du jour, Kélavoun rangea son armée en bataille. Il plaça à l'aile droite, le prince de Hamat, les genéraux Beïsséri, Taïbars, Eibek et Kesstogdi, avec leurs corps, et l'émir Hossam-ud-din Latchin, gouverneur de Damas, avec les troupes de cette province; à l'avant-garde de l'aile droite, les bédouins de Syrie, savoir les tribus d'Al-Fazel et d'Al-Méry, commandées par le prince Schérefud-din Yssa, fils de Mohna; à l'aile gauche, les généraux Soncor le roux, Bilik, Bektasch, Sindjar, Betchca, Bektout et Tchérek; à l'avant-garde de la gauche, les Turcmans et les troupes du château des Curdes; à l'avantgarde du centre, le général Taranttaï, vice-roi

signalée sur l'empereur Héraclius, et mourut à Himss, dans l'année 21 de l'hégire (642).

(1) Selon Haïton (ch. 36), il y avait trente mille Mongols dans l'armée de Mangou-Timour; selon Vassaf, trois toumans, ce qui revient au même.

d'Égypte, les généraux Ayadji et Bektasch, fils de Kermoun, avec les Mameloucs du sultan, au nombre de huit cent. Ce prince lui-même se tenait sous les bannières royales, entouré de ses gardes, des officiers de sa maison, et des fonctionnaires civils. Ce corps, était composé de quatre mille cavaliers, l'élite de ses troupes. Il y avait dans son armée un grand nombre de chefs curdes et turcmans, outre ceux qui faisaient partie des troupes de Syrie et d'Égypte (1).

L'action commença par une terrible charge de l'aile gauche des Mongols sur la droite des Égyptiens; celle-ci tint ferme et chargea, à son tour, la gauche des Mongols qui fut mise en fuite; mais l'aile gauche des Égyptiens et l'extrême gauche de leur centre furent enfoncées et poursuivies jusqu'aux portes de Himss, par la droite de Mangou-Timour (2), composée des Mongols Oïrates, des Géorgiens et des Arméniens (3), sous les ordres des généraux mongols Mazouc-Aca, Hindoucour et Alinac (4). Ces troupes victorieuses

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(3) Bar Hebræus, p. 564. Haïton, ch. 36, (4) Raschid.

firent sous les murs de Himss, dont les portes étaient fermées, un grand carnage des valets, des esclaves, des vivandiers et des volontaires fantassins; puis elles mirent pied à terre, lâchèrent leurs chevaux dans les prairies de Himss, et pillèrent les bagages et les caisses de l'armée égyptienne; cela fait elles se mirent à manger, en attendant l'arrivée du reste de l'armée qu'elles s'imaginaient voir bientôt paraître. Au bout d'un certain temps, elles envoyèrent à la découverte, et apprirent, à leur grande surprise', que Mangou - Timour avait pris la fuite. Elles montèrent à cheval et se retirèrent précipi

tamment.

En effet, le centre mongol avait fui. L'un des premiers généraux de l'armée d'Égypte, Azdemir, s'était approché de ce centre, se disant transfuge, et avait demandé à être conduit à Mangou-Timour; lorsqu'il vit ce prince, il courut sur lui, le blessa et le renversa de cheval. Les Mongols voyant leur chef tombé, mirent pied à terre. Les Égyptiens profitèrent de ce moment pour les charger. Mangou-Timour prit la fuite et ses troupes suivirent son exemple. L'émir arabe Yssa, fils de Mohna, contribua à la victoire, en tombant à l'improviste sur les Mon

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gols, avec ses trois cents bédouins (1). Le sultan s'était placé, dès le commencement de l'action, sur une éminence, où flottaient ses étendards, ne gardant auprès de lui que trois cents cavaliers. Son aile gauche et une partie du centre étaient en déroute; des fuyards, les uns se jetèrent dans Damas, les autres coururent jusqu'à Safad et même jusqu'à Gaza, répandant la consternation dans tout le pays; son aile droite et l'autre partie du centre poursuivaient la gauche et le centre des Mongols. Il ne restait sur le champ de bataille qu'environ mille Égyptiens, quand reparut l'aile droite mongole qui avait poursuivi les fuyards jusqu'à Himss. Kélavoun

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(1) Ben Tagri-birdi. Raschid ne fait mention qu'en peu de mots, de cette malheureuse campagne de Mangou-Timour. Il dit seulement que la droite des Mongols mit en déroute la gauche des Égyptiens; mais que le centre, où se trouvait Mangou-Timour, jeune prince qui n'avait jamais vu de bataille, fut culbuté; que les Mongols prirent honteusement la fuite et qu'il en périt un grand nombre. Bar Hebræus, p. 564, et Haïton, ch. 36, attribuent la fuite de Mangou-Timour à l'attaqueinopinée d'un corps de Bédouins Taglébites, qui tomba. sur l'aile gauche des Mongols. « L'émir Schéref-ud-din « Yssa, fils de Mohna, dit l'historien Ben Tagri-birdi, « survint par hasard, et acheva la défaite des Tatars. »

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