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gence sous le titre d'Atabey du jeune prince, qu'il commanderait en chef l'armée, et que son nom serait inséré dans la prière publique après celui d'Adil.

Kélavoun profita de son autorité pour faire emprisonner les chefs militaires attachés à la famille de Beïbars; il éleva ses anciens camarades, les Mameloucs du sultan éyoubite Salih, se fit un grand nombre de partisans, et lorsqu'il eut ainsi préparé le changement qu'il méditait, il exposa aux généraux assemblés que Sélamisch était trop jeune pour règner. En conséquence, ce prince fut déposé, 21 redj. le 27 novembre 1279, après un règne de cent jours, et conduit à Carac. Kélavoun monta sur le trône, avec le nom d'Al-Mans

678.

sour.

Kélavoun était né Kiptchac, de la tribu de Bourdj-Oglou. Conduit en Égypte, dans son enfance, il y avait été vendu à un officier de Mameloucs, pour la somme de mille dinars, d'où lui vint le surnom d'Elfi, qui veut dire en arabe le millenaire. Le sultan éyoubite Salih le plaça dans le corps des Mameloucs bahriyés. Lorsque la dynastie des Éyoubites eut été renversée par le Turcman Eïbek, il quitta l'Égypte à la tête des Mameloucs bahriyés, mécontents de cette révolu

tion. Parvenu au trône il ordonna que l'on ajoutât à ses noms, dans les actes de sa chancellerie, l'épithète d'Es-Salihi, ou de Salihiyien, en mémoire de son patron, le sultan Salih.

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Dès que Soncor le roux, qui avait été nommé gouverneur de Damas par le régent Kélavoun, eut appris son élévation au trône, il voulut devenir roi de Syrie; il se fit proclamer sous le nom de mélik Kamil et prêter serment de fidélité. Mais ses troupes furent battues, près de Gaza, par celles de Kélavoun. Ayant reçu des renforts, elles livrèrent, le 20 juin 1280, un second combat aussi 19 saf. malheureux, après lequel Soncor fut abandonné par les troupes de Hamat et d'Alep qui se retirèrent, ainsi que par d'autres milices syriennes qui passèrent aux Égyptiens. Damas ouvrit ses portes aux troupes du sultan, et reçut pour gouverneur l'émir Bektout. L'émir Sindjar fut nommé gouverneur d'Alep (1).

Soncor, abandonné de presque tout son monde, voulut se réfugier dans la forteresse de Rahbet, sur l'Euphrate; il n'y fut pas reçu. Dans sa détresse il écrivit à Abaca pour

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l'engager à s'emparer de la Syrie (1). Lorsqu'il avait pris les armes contre Kélavoun, et entraîné dans son parti l'émir arabe Yssa, fils de Mohna, Alaï-ud-din, gouverneur civil de Bagdad, avait, de concert avec les autorités militaires dans cette ville, expédié un émissaire à ces deux personnages, pour les presser de se soumettre au Khan mongol; mais avant son arrivée, ils avaient pris la fuite devant les troupes égyptiennes. Yssa fit partir avec ce messager son propre frère pour Bagdad; il fut conduit à la cour d'Abaca, qui le fit revêtir d'une robe d'honneur et lui donna une pension sur les revenus de Bagdad (2); mais Soncor, n'ayant pu trouver un asile à Rahbet, et apprenant qu'il s'avançait des troupes de Damas pour se saisir de sa personne, alla s'enfermer dans le château de Sihioun, où il avait déjà envoyé sa famille et ses effets les plus précieux. Azdémir, l'un de ses partisans, se jeta dans le château de

Schizer.

Abaca crut ces divisions favorables pour une invasion en Syrie, comptant sur l'assistance du parti de Soncor. Ses troupes entrè

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rent dans la province d'Alep, le 18 octobre 1280, s'emparèrent, dès le lendemain, d'Aïntab, Derbessac et Bagrass; elles pénétrèrent dans Alep laissé sans défense, y tuèrent les hommes, réduisirent en captivité les femmes et les enfants, incendièrent les mosquées, les collèges, le palais du sultan, les hôtels des généraux; il ne se sauva du carnage, qui dura deux jours, que ceux qui se cachèrent dans des souterrains. Ensuite les Mongols se retirèrent avec leur butin. Quelques jours avant cette irruption, beaucoup d'habitants de la province d'Alep avaient émigré vers Damas, d'où il partit également un grand nombre de familles pour l'Égypte.

21 dj.-2.

679.

Le sultan était parti du Caire avec son armée, après y avoir fait reconnaître son 24 oct. fils pour son successeur, avec le titre de mélik Salih. Il accorda une gratification de mille dinars à chaque officier, de cinq cent drachmes à chaque soldat; mais, ayant appris à Gaza la retraite de l'ennemi il retourna au Caire. Le printemps suivant Kélavoun se mit en marche pour réduire Soncor. Il avait déjà reçu les soumissions de l'émir arabe Yssa, fils de Mohna, qui était venu de l'Irac en Égypte implorer sa clémence, et en avait été traité généreusement. Arrivé

19 moh. 680.

à Damas, le 10 mai 1281, il détacha un corps de troupes contre Schizer. Soncor lui demanda la paix, consentant à remettre cette place, si on lui rendait Schagar et Bacass, si on lui cédait Famiat, Caffartab, Antioche, et si on lui laissait Sahioun, Blattanous, Berziyet et Ladakiya. Il demandait en outre le commandement d'un corps de six cents cavaliers, dont il nommerait les officiers. Toutes ces conditions lui furent accordées.

Cette affaire était à peine conclue que le sultan apprit la marche de deux armées mongoles; l'une, de trente mille hommes, commandée par Abaca en personne, se dirigeait sur Rahbet, pour en faire le siége; l'autre, sous les ordres de Mangou-Timour, son frère, après avoir traversé le Roum, avait posé son camp entre Césarée et Aboulistin (1). Le roi d'Arménie était allé le joindre avec un corps de cavalerie (2). Un détachement envoyé d'Aïntab à la découverte, fit prisonnier un écuyer d'Abaca, qui était allé en avant pour examiner les pâturages. Il fut amené au sultan 20 dj.-1. à Damas, le 6 septembre; ce prince le traita

(1) Novaïri. Macrizi.

(2) Haïton, Hist. or., chap. 36,

Bar Hebræus, p. 564.

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