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de se rendre sur le champ à Bagdad. Il s'efforça, pour appaiser sa colère, de lui procurer des fonds; il prit tout ce qu'il y avait de pierreries, de vases d'or et d'argent dans son hôtel et dans ceux de ses enfants; il emprunta de ses intendants et de ses autres employés tout ce qu'ils purent lui fournir en argent et en effets précieux, et alla porter cette offrande à Abaca, qu'il joignit à la station de Dodjeïl; mais ce prince, qui s'attendait à recevoir des sommes bien plus considérables, n'en fut pas satisfait. On lui suggéra que c'était parce que le vézir avait été de connivence avec son frère, qu'il l'assistait maintenant de sa fortune privée, et l'on aigrit encore plus Abaca contre son ministre, dont tous les efforts échouèrent. Le Grand-juge Togatchar fut envoyé à Bagdad et l'instruction commença. On interrogea toutes sortes d'individus sur les trésors enfouis, et les richesses cachées du gouverneur; ensuite on alla successivement visiter les établissements de piété qu'il avait fondés, et même l'édifice où étaient les tombeaux des membres de sa famille; on y fit les plus minutieuses perquisitions, sans rien trouver de ce qu'on cherchait; enfin, on l'enleva de son hôtel et on le chargea de chaînes; bientôt, à l'instigation

de ses ennemis, le commissaire substitua aux chaînes une planche à travers laquelle passaient sa tête et ses deux mains, qui devaient ainsi rester élevées (1). Toutefois il obtint grâce de la vie en se reconnaissant devoir au fisc trois cents toumans d'or. Son frère lui avait conseillé, de ne contester aucunes réclamations à sa charge, afin d'éviter la torture (2).

Les domaines d'Abaca étaient exposés aux incursions des troupes de Nigoudar, petit-fils de Tchagataï, qui, après sa disgrace dont il a été fait mention, s'était établi avec ses vassaux dans le Sistan, province orientale de la Perse. Ces guerriers, désignés sous le nom de Nigoudariens ou de Caraounass firent une 17 ram. invasion dans le Fars, battirent à Tenk Schi6771 févr. kem, sur la frontière du Kerman, les troupes 1279. de la province, composées de Mongols, de

Schoules, de Turcmans et de Curdes, et leur firent éprouver une perte de sept cents hommes, pillèrent ensuite la ville de Kerbal et se retirèrent dans le Sistan avec des captifs et un riche butin. Au bout de trois ans les troupes de Nigoudar firent encore une inva

(1) Vassaf 1. c. (2) Raschid.

sion dans le Fars, et pénétrant cette fois jusqu'à la côte du Golfe Persique, pillèrent les contrées méridionales et maritimes de cette province, d'où elles s'en retournèrent dans leur pays chargées de dépouilles (1).

mai

On avait à peine appris la retraite des Nigoudariens du Fars, après leur première invasion, qu'on reçut à la cour d'Abaca, l'avis d'une entreprise des Égyptiens sur Calʼat-urRoum. Le sultan d'Égypte Sa'ïd, fils et successeur de Beïbars, avait envoyé pour prendre 1279. cette place, une armée de neuf mille cavaliers et de quatre mille fantassins. Les troupes égyptiennes étaient commandées par l'émir Beïsseri; les syriennes, par Hossam-ud-din d'Aïntab. Ces chefs envoyèrent deux deputés

(1) Vassaf, tom. II. -« En vérité, dit ici cet historien « persan, s'ils revenaient au monde les braves des temps « passés, dont les exploits sont décrits, en vers et en « prose, dans tant de livres, depuis des milliers d'années, << ils prendraient leçon, dans l'art de guerroyer, des simples cavaliers mongols, et n'accepteraient d'autre emploi que celui de porter leurs manteaux, en mar«< chant à côté de leurs étriers. C'est à juste titre que « cette nation a été prédestinée aux victoires et aux conquêtes; la raison veut donc qu'on lui obéisse et qu'on se garde de lui résister, »

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au Catholique arménien, qui siégeait dans Cal❜atur-Roum, l'un mahométan, l'autre arménien, chargés de lui dire que le sultan le sommait de livrer la place, lui proposait de se rendre avec ses moines à Jérusalem, promettant de lui donner des terres qui suffiraient à son entretien, ou s'il préférait de passer en Cilicie, qu'il l'y ferait conduire honorablement, et lui fournirait les chevaux et les mules nécessaires; mais que s'il refusait de rendre la place, il serait responsable envers Dieu du sang de tous les Chrétiens qui s'y trouvaient. Le Catholique répondit qu'il se défendrait jusqu'à la mort, résolu de rester fidèle à Dieu et à son souverain. Dans la nuit suivante, les Égyptiens coupèrent les arbres des jardins environnants, pour en faire des échelles, et le lendemain matin, ayant escaladé le mur, faiblement défendu par les Arméniens, ils prirent la ville, qu'ils brûlèrent. Tous les habitants s'étaient réfugiés dans la citadelle. Les Égyptiens ne ne voulurent pas en entreprendre le siége, et se retirèrent au bout de cinq jours après avoir détruit tout ce qu'ils ne pouvaient emporter (1).

(1) Bar Hebræus, p. 560.

Abaca voulait venger cette agression, et profiter des troubles qui s'étaient élevés en Syrie, pour se rendre maître de cette contrée. Le sultan Sa'ïd (1), fils et successeur de Beïbars, venait, après deux ans de règne, d'être déposé par ses généraux, alarmés de l'influence qu'exerçaient sur ce jeune prince les officiers mameloucs de sa maison, qui pour s'élever promptement, devaient chercher à perdre ceux qui possédaient les premiers postes et fiefs militaires. Le sultan détrôné reçut en apanage la principauté de Carac, où il mourut en avril 1280, et les généraux offrirent le trône à Seïf-ud-din Kélavoun. Ce guerrier eut la prudence de le refuser pour le moment; car la famille de Beïbars avait un parti puissant dans l'armée; les commandants des forteresses étaient des créatures du sultan déposé; il fallait d'abord les remplacer sans danger, et le meilleur moyen était d'élever au trône un autre fils de Beïbars. Sur l'avis de Kélavoun les généraux élurent Sélamisch, enfant de sept ans, qui reçut le surnom d'Adil Bedr-ud-din. Il fut arrêté que Kélavoun exercerait la ré

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678.

17 août

1279.

zoulc.

678.

(1) Nassir-ud-din Mohammed Béréké Khan.

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