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fut suspendue dans l'intérieur de la ville.

Pour s'emparer de la citadelle qui refusait de se rendre Schems-ud-din employa cet artifice. Un individu feignit publiquement de reconnaître un certain jeune homme pour Yzz-ud-din Keï-Cobad, fils du sultan Alaï-ud-din Keï Khosrou, mort à Sogdac en Crimée; il prétendait se rappeler bien ses traits, parce qu'il l'avait soigné dans son enfance. Cette scène ayant attiré la foule, des Turcmans apostés allèrent prendre le jeune homme et le conduisirent à Schems-ud-din Mohammed Bey, qui le reçut avec respect et 24 zoulh. le fit inaugurer le 29 mai. Cette supercherie assura la soumission des habitants, qui étaient attachés à la maison de Seldjouc. Il investit la citadelle et obtint sa reddition moyennant la somme de soixante-dix mille drachmes qu'il paya à sa garnison. Maître de ce château, il plaça solennellement sur le trône le prétendu Yzz-ud-din.

20 zoulh.

3 juin.

Mohammed Bey marcha ensuite à la rencontre d'un corps de troupes qui s'avançait sur Conia, sous les ordres des deux fils de Fakhr-ud-din Khodja Ali, vézir du sultan Ghiath-ud-din, lesquels furent battus, et périrent tous deux dans l'action. Il revint avec leurs tètes à Conia; mais peu après, sur la nouvelle

que Abaca allait arriver dans le Roum, il quitta Conia avec ses Turcmans pour se retirer dans ses montagnes, après avoir été maître de cette capitale pendant trente-sept jours (1).

Ce Mohammed Bey fut le premier prince de la dynastie des Caraman, qui après la chûte des Seldjoukides, s'empara de la partie centrale de l'Asie mineure, appelée encore aujourd'hui de leur nom, et siégea à Conia environ deux siècles; mais qui partagea enfin le sort de toutes les petites souverainetés formées des débris du Roum, en succombant sous les armes othomanes. L'origine des Caraman n'était pas illustre. Lorsque le sultan Seldjoukide Alaï-ud-din Keï-Cobad eut enlevé aux Arméniens de Cilicie le pays d'Ermenak, vers l'année 1228, il donna le gouvernement de cette nouvelle province à un de ses officiers nommé Camer-ud-din, et y fit passer quelques tribus de Turcmans pour s'y établir et garder cette frontière. Un de ces Turcmans, nommé Nouré Soufi, qui faisait le métier de charbonnier, et allait vendre son charbon dans la ville de Larendé, laissa deux fils Caraman et Ongsouz, lesquels profitant des trou

(1) Novaïri.

bles que causait l'invasion du Roum par les Mongols, se mirent à la tête d'une troupe de vauriens et exercèrent des brigandages dans le pays.

A son avénement au trône, en 1257, le sultan Rokn-ud-din Kelidj-Arslan, voulant mettre un terme à ces désordres par des voies de douceur, nomma Caraman Bey d'Ermenak, et manda à sa cour Ongsouz, auquel il donna une place d'écuyer. Mais Caraman, homme féroce et sanguinaire, étant mort en 1262, le sultan Rokn-ud-din fit arrêter tous ses fils avec Ongsouz, qui furent emprisonnés à Caoula, château fort dans la province de Conia. Après la mort de ce sultan, le Pervané Mo'yin-uddin les fit élargir; à peine sortis de prison, ces individus se mirent à la tête de gens sans aveu, et battirent le pays. Bientôt l'un des fils de Caraman, Mohammed Bey, devint le chef de cette bande de brigands, et acquit par ce moyen la domination de la contrée montagneuse où son grand-père avait exercé le métier de charbonnier (1).

(1) Tarikh Monédjim Baschi, t. II. Cet auteur nous apprend qu'il a puisé son récit dans l'histoire des Seldjoukides, par Ibn Bibi.« Djénabi, dit-il ensuite, ra«< conte les choses autrement; mais la première version

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676.

Beïbars reçut à Harem, le 11 mai, une 6 zoulh. lettre de Mohammed Bey, qui lui annonçait sa marche à la tête de vingt mille cavaliers et de trente mille fantassins pour se mettre aux ordres du sultan; mais il était trop tard (1). Beïbars arriva à Damas, le 8 juin, 5 moh. et y mourut le 30 du même mois, à l'âge de cinquante-cinq ans. Ce prince avait une haute stature, le teint brun, les yeux bleus; il était très-actif et plein de bravoure, mais d'un caractère violent; aussi était-il craint de ses généraux. Il faisait souvent le voyage d'Égypte en Syrie, et de Syrie en Égypte, sur

des chevaux de courier ou sur des dromadaires, et arrivait au moment où l'on s'y attendait le moins, soit qu'il voulût visiter des places fortes, ou voir par lui-même ce qui se passait. Au moyen des relais qu'il avait établis sur les principales routes de ses États, il recevait promptement des nouvelles de toutes parts. Il avait une cavallerie

« mérite plus de confiance; car Ibn Bibi était l'un des « seigneurs du royaume des Seldjoucs, et contemporain « de cette époque; il a dû bien connaître ces événements; « néanmoins la plupart des historiens du Roum ont préféré de suivre Djénabi. »

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de douze mille Mameloucs, dont quatre mille en Égypte, quatre mille dans la province de Damas, et autant dans celle d'Alep. Les Mameloucs d'Égypte étaient ses propres esclaves, acquis à prix d'argent, formant sa garde particulière; les officiers de ce corps occupaient les principales charges de la cour et de l'État. Toutes ses forces réunis pouvaient s'élever à quarante mille hommes; c'était quatre fois plus que n'en avaient entretenu les derniers sultans Eyoubites; aussi le pays était-il surchargé d'impôts. Beïbars avait épousé quatre filles de généraux mongols (1).

On cacha soigneusement la mort de ce prince. Ses troupes, dans leur marche de Damas au Caire, voyaient au milieu d'elles, une litière, entourée des Mameloucs du sultan, qu'elles croyaient malade, tandis que son corps était inhumé dans la citadelle de Damas. Sans cette précaution, les troupes

se seraient mutinées et auraient commencé

par piller le trésor royal. Ce ne fut qu'à l'arrivée au Caire de ce corps d'armée, que fut publiée la mort de Beïbars, et que son

(1) Ben Tagri-birdi. Macrizi:

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