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palais royal, qui avait été préparé pour le recevoir, et s'assit sur le trône (1), ayant la couronne sur la tête; puis il s'avança jusqu'à la porte du Harem des Seldjoukides, et envoya aux princesses de cette maison ses compliments dans des termes respectueux (2). Il se plaça de nouveau sur le trône et admit en sa présence les cadhis, les docteurs de la loi, les prédicateurs, les lecteurs du Coran, les sofis, les fakirs, les fonctionnaires publics et les habitants les plus notables, suivant l'usage des sultans Seldjoukides dans les jours solennels. Le maître des cérémonies, l'un des premiers officiers de la cour des Seldjoukides, celui qui portait la plus ample robe, le plus large turban, assignait à chacun sa place selon son rang. La musique militaire jouait l'air royal, qui ne s'exécutait que dans le lieu où résidait le sultan Seldjoukide. Les lecteurs récitèrent des morceaux du Coran; le maître des cérémonies déclama ensuite des vers, en arabe et en persan, à la louange de Beïbars, et l'on apporta le repas, auquel participèrent tous les assistants. Lors

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qu'ils se furent retirés, le sultan se rendit à la mosquée pour assister à l'office du vendredi; on y pria pour lui ainsi que dans les six autres mosquées de la ville, et on lui apporta des monnaies d'argent frappées à son

coin.

Les grandes richesses que le Pervané, et sa femme Gurdji Khatoun, ainsi que d'autres fugitifs de marque avaient laissées dans Césarée, furent en grande partie distribuées par Beïbars à ses généraux (1). Le Pervané envoya de Tocat féliciter le sultan sur son avénement au trône des Seldjoukides. Cet administrateur du Roum s'étant sauvé du champ de bataille d'Aboulistin, où il commandait l'armée roumienne, était arrivé le surlendemain à Césarée et avait pressé le sultan Ghiath-ud-din de se retirer à Tocat, craignant que les troupes mongoles, dans leur déroute, en passant par Césarée, ne se vengeassent sur ses habitants musulmans de ce qu'ils avaient éprouvé de la part de leurs coreligionnaires, et il avait suivi son souverain à Tocat (2); mais sa femme Gurdji Khatoun, fille de Ghiath-ud-din, prince d'Erzen-ur-Roum, et d'une princesse de Géor

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gie, qui était également partie de Césarée, avec une suite de quatre cent filles esclaves, était morte à quatre journées de cette ville (1). Dans sa réponse au Pervané, Beïbars l'invita de venir à Césarée, voulant lui confier l'autorité suprême dans le Roum, pendant son absence. Mo'yin-ud-din lui demanda un délai de quinze jours; il espérait que dans l'intervalle, Beïbars, instruit de la marche d'Abaca, ferait sa retraite. En effet, le sultan quitta Césarée le 28 avril (2). Ce prince s'était at- 22 z. c. tendu, d'après les assurances qu'on lui avait données, à être soutenu par les grands vassaux du Roum, impatients du joug mongol; mais les voyant retenus par la crainte de la vengeance d'Abaca, il jugea prudent de s'éloigner (3). Il fit mettre à mort plusieurs Chrétiens, entre autres des Arméniens. Ses troupes ne maltraitèrent point les habitants; ce qu'on leur fournissait était exactement payé, par l'ordre exprès de Beïbars qui disait être venu dans le Roum, non pour ruiner le pays, mais pour le délivrer du joug des Tatares (4). Le sultan se retirait au moment où l'on croyait

(1) Novairi.

(2) Ben Tagri-birdi.

(3) Monédjim-Baschi. (4) Raschid.

généralement qu'il allait poursuivre le cours de ses conquêtes dans le Roum (1). En partant de Keï-Cobad, il chargea le général Taibars d'aller châtier les habitants arméniens de la ville de Roman, qui avaient caché une troupe de Mongols; les Égyptiens y mirent le feu, tuèrent les hommes et traînèrent en captivité les femmes et les enfants. Un officier de mérite, l'émir Yzz-ud-din Eïbeg, qu'il avait fait partir à la tête de l'avant-garde, déserta et passa sur le territoire d'Abaca. Le sultan, qui avait le défaut d'être jaloux de toute supériorité, s'était emporté contre lui jusqu'à le frapper (2). En arrivant au champ de bataille d'Aboulistin, encore jonché de cadavres, il demanda quel en était le nombre, et apprit qu'on en avait compté 6770 seulement de Mongols (3). Il donna l'ordre d'enterrer la plupart des siens pour faire croire que sa perte avait été bien faible, en comparaison de celle de l'ennemi.

Beïbars avait accueilli, pendant son séjour à Césarée, un prince Caraman, qui avait

(1) Vie de Beibars, par Schafi. (2) Novaïri. Ben Tagri-birdi. (3) Ben Tagri-birdi.

obtenu du sultan, pour lui et pour ses frères aînés, des lettres d'investiture et des étendards. Lorsqu'il prit congé de Beïbars, ce prince lui remit des lettres pour ses frères, qu'il invitait de se joindre à lui avec leurs troupes; mais il les trompait, puisqu'il avait le dessein de se retirer.

Le chef de cette maison des Caraman, Schems-ud-din Mohammed, seigneur d'un district méridional du Roum, appelé maintenant Itch-ili, lequel s'était soustrait à l'obéissance du Khan mongol et du sultan Seldjoukide, venait à la tête de trois mille cavaliers turcmans, de faire une tentative sur Conia. Cette ville lui ferma ses portes; il arbora les drapeaux que le sultan Beïbars lui avait envoyés par son frère Ali Bey, et manda aux habitants que ce souverain était à Césarée. Ils répondirent qu'ils ne lui ouvriraient pas les portes, mais qu'il n'avait qu'à les brûler et à entrer, qu'ils ne l'en empêcheraient pas. Schems-ud-din fit brûler deux portes et entra. Ses gens allèrent tout de suite piller l'hôtel du gouverneur Emin-uddin Mikhail, ceux des autres officiers, les marchés et les khans. Mikhail fut arrêté et torturé jusqu'à ce qu'il eut déclaré tous ses biens; ensuite on lui coupa la tête, qui

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