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gociateurs syriens, de prendre aucun engagement pacifique à l'égard du sultan de Roum. Il ne pouvait lui pardonner d'avoir quité son alliance pour celle d'Aschraf, et il n'apprit que trop tard ce que son vézir avait dit d'offensant aux ambassadeurs de ce prince; ce ne fut qu'après avoir reçu des avis successifs de l'arrivée d'une armée mongole dans l'Irac, qu'il consentit de jurer également à Keï-Coubad, qu'il respecterait son territoire (1).

Cette armée mongole, d'environ trente mille hommes, tirés des différents corps de troupes soumis à l'empereur Ogotaï, arrivait de Tartarie, sous les ordres du Noyan Tchormagoun, que ce Khacan avait chargé, dès son avénement au trône, d'achever la conquête de la Perse et de s'y établir avec ses Mongols (2). Tchormagoun, qui voulait avant tout détruire Djélal-ud-din, traversa le Khorassan avec rapidité, quoique cette vaste province ne fut pas soumise; il s'avança par la route d'Esféraïn et de Raï. Le sultan qui, de Khouï s'était rendu à Tébriz, se flattait

(1) Nessaoui.

(2) Djouvéini. Raschid.

de l'espoir que les Mongols hiverneraient dans l'Irac. Il avait besoin de ce délai pour rétablir ses forces.

Djélal avait envoyé un de ses Pehluvans en Irac, à la découverte des Tatares. Cet officier rencontra entre Zendjan et Ebher une avant-garde ennemie; il avait avec lui quatorze hommes; il fut le seul qui pût se sauver, et revint à Tébriz donner l'alarme. Le sultan partit de cette ville pour le Moucan, canton de l'Arran, au bord de la Mer Caspienne, où il voulait rassembler ses troupes, qui avaient pris des quartiers d'hiver dans cette province et dans le Schirvan. Il n'eut pas le temps de pourvoir à la sûreté de son harem, en le faisant conduire dans une place forte; il le laissa à Tébriz. Deux officiers supérieurs, les commandants du Khorassan et du Mazendéran, furent détachés en avant pour observer l'ennemi, avec ordre de placer des chevaux de relais à Ardebil et à FirouzAbad. En attendant l'arrivée de ses troupes, aux cantonnements desquelles il avait expédié ses hérauts d'armes avec les flêches rouges, Djélal, qui n'avait auprès de lui que mille hommes de sa garde, s'amusait, le jour, à chasser, et le soir, selon sa coutume, à boire avec ses courtisans. Une nuit, il fut

surpris par les Mongols, près du fort de Schirkébout, situé sur une hauteur dans le Moucan, tandis que les deux officiers d'avantgarde, sur la vigilance desquels il s'était reposé, restaient tranquilement à leur poste; il put à peine échaper à ses ennemis, en fuyant vers l'Aras. Les Mongols crurent qu'il avait passé ce fleuve et pris la direction de Gandja; mais Djélal s'était détourné vers l'Azerbaïdjan. Il s'arrêta dans la plaine de Mahan qui abonde en gibier, et chargea le prince Ya'coub, son prisonnier, qu'il avait emmené de Tébriz, d'aller exposer à son frère le prince Aschraf, la nécessité de joindre ses forces à celles du sultan, pour repousser un ennemi qui n'en voulait pas seulement à Djélal-ud-din et à ses États, mais qui aspirait à dévaster le reste des pays mahométans. Il le fit conduire auprès de Schéréf-ul-Mulk, mandant à ce vézir de faire partir avec lui un ambassadeur, qu'il munirait des instructions nécessaires. Schéréf-ul-Mulk envoya son propre vézir; mais il lui donna des ordres entièrement opposés aux intentions du sultan ; car ce ministre était devenu infidèle à son maître.

Schéréf-ul-Mulk avait fait conduire dans l'Arran le Harem du sultan et son trésor,

abandonnés par ce prince dans Tébriz, lors de sa retraite précipitée. Le vézir déposa la famille du sultan dans le château fort de SindSourakh, et mit en sûreté ses trésors dans plusieurs autres châteaux qui appartenaient au chef des Turcmans de l'Arran. Ensuite, il se jeta lui-même dans le fort de Khizan, et y arbora l'étendard de la révolte. Il en voulait au sultan de ce que ce prince, pour tarir la source de ses excessives prodigalités, l'avait empêché, depuis deux ans, de disposer à son gré des deniers du fisc. Croyant Djélal-ud-din perdu, lorsque, surpris dans le Mocan, ce prince fut obligé de prendre la fuite, et ne songeant plus qu'à ses propres intérêts, il avait écrit au sultan de Roum et au prince de Syrie, pour leur proposer, s'ils voulaient lui laisser la possession de l'Arran et de l'Azerbaïdjan, de leur rendre hommage pour ces deux pays, et de faire réciter la prière publique en leur nom. Dans ces lettres il qualifiait Djélal-uddin de Tyran déchu. Plusieurs de ces missives et d'autres qu'il avait adressées à des gouverneurs de province pour corrompre leur fidélité, tombèrent entre les mains du sultan. Ce prince sut que le vézir arrêtait les officiers khorazmiens qui passaient dans le voisinage de son château, et qu'il leur extor

quait par des tortures tout ce qu'ils possédaient. Il apprit que Schéréf-ul-Mulk avait envoyé au chef des Turcmans l'ordre de ne remettre à personne la famille et les trésors du sultan, pas même à Djélal-ud-din s'il se présentait, et que dans cette lettre il le désignait encore sous le nom de Tyran déchu. Djélal, convaincu de sa trahison, fit expédier dans toutes les provinces l'ordre de ne plus reconnaître son autorité (1).

Ce prince était demeuré tout l'hiver dans la plaine de Mahan. Vers la fin de cette saison, sur l'avis que les Mongols étaient partis d'Odjan, pour le chercher, il passa dans l'Arran; lorsqu'il fut près du château de Schéréful-Mulk, il le manda, feignant d'ignorer tous ses actes de trahison. Schéréf-ul-Mulk se présenta, le linceul autour du cou; Djélal lui

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1231.

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(1) Tels sont, dit Novaïri, les motifs de la disgrace « de ce vézir, rapportés par Schihab-ud-din el Monschi (le secrétaire), c'est-à-dire, Nessaouï; mais selon d'au<< tres auteurs, Schéréf-ul-Mulk se détacha du sultan, à • cause de ses nombreux actes d'extravagance, qui lui « aliénèrent en même temps ses généraux, lesquels s'uni« rent avec le vézir; » et Novaïri cite sa conduite après la mort d'un esclave favori, dont il sera fait mention plus bas.

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