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successeur de Makica, avait fait arrêter un Nestorien, qui avait, quelques années auparavant, embrassé le mahométisme, et l'on disait qu'il voulait le faire noyer dans le Tigre; le peuple s'assembla en tumulte devant l'hôtel du gouverneur civil, Alaï-ud-din, qui envoya plusieurs fois demander au catholique de lui remettre cet individu; sur son refus, la populace furieuse mit le feu au portique de l'hôtel du patriarche et l'escalada pour le tuer; Denha dut son salut à des gens envoyés par Alaï-ud-din, qui le conduisirent chez ce gouverneur par des rues détournées. Il se plaignit à la cour; il y fut mandé, et renouvella ses plaintes; ne trouvant personne qui les écoutât, il alla fixer sa résidence à Irbil; mais il n'y resta pas long-temps. En 1271, des Ismaïliyens tentèrent d'assassiner le gouverneur de Bagdad, Alaï-ud-din; ils le manquèrent et furent mis en pièces. Les Mahométans s'empressèrent de répandre que c'étaient des Chrétiens, envoyés par le Catholique; il n'en fallut pas davantage pour faire emprisonner les évêques et les principaux membres du clergé régulier et séculier, qui se trouvaient dans Bagdad. En même temps le commandant d'Irbil, Coutloucschah, fit jeter en prison le catholique et ses evêques, qui

ne furent élargis qu'au bout de quelques semaines, sur un ordre de la cour. Dès-lors les patriarches Nestoriens fixèrent leur résidence à Aschnou, ville de l'Azerbaïdjan (1).

En 1274, le sultan d'Égypte ayant inter- 673. cepté des lettres écrites aux Mongols par plusieurs de ses généraux, les fit arrêter au nombre de douze; les noms de ces officiers indiquent qu'ils étaient turcs ou mongols. Ils furent interrogés, avouèrent leur délit et subirent la peine de mort.

Beïbars voulant ravager la Cilicie, se crut en droit de considérer la trève faite en 1268, pour dix ans, comme rompue par les infractions du roi Léon. Ses griefs étaient que le roi avait cessé de lui envoyer les présents convenus; qu'il avait, contre son engagement, bâti de nouveaux châteaux et ajouté aux for tifications des anciens; que malgré sa promesse, il ne lui avait pas fait parvenir d'utiles avis; enfin que des Arméniens, vêtus, par son ordre, de saracoutches tatares, avaient assailli des caravanes, et qu'il avait faussement assuré que c'étaient des troupes tatares; acte de violence qui avait provoqué la prise

(1) Bar Hebræus, p. 546.

3 scha'b. 673.

et la ruine de Kinouk. A la suite de ces reproches, Beïbars annonça au roi arménien qu'il allait l'attaquer. Il partit du Caire, avec ses troupes d'Égypte, le 1er février 1275, et de 7 ram. Damas, avec toute son armée, le 6 mars, cachant le but de son expédition. Il fut joint à Hamat par Manssour, prince de ce pays, et plus loin, par l'émir arabe Schéref-ud-din Yssa, fils de Mohna. Cet émir et le général Hossam-ud-din d'Aïntab reçurent l'ordre de se porter sur Biret, en avant-garde; mais arrivé à Sermin, Beïbars y laissa ses bagages, avec un corps de troupes sous les ordres du général Schems-ud-din Soncor, et prit la route de Derbessac. Lorsqu'il eut posé son camp entre cette ville et Bagrass, chaque corps de mille hommes eut l'ordre de prendre une route différente pour traverser les montagnes; les soldats étaient munis de flambeaux et trente barques suivaient l'armée pour le passage des rivières. Le sultan alla camper au-delà du défilé d'Iskendérouna, derrière une muraille que le roi Hethoum, père de Léon, avait fait construire; de là il s'avança jusqu'à Mancab. Ses troupes saccagèrent la ville de Massissat, et prirent une immense quantité de bétail. Des tribus d'Arabes et de Turcmans, propriétaires de beaucoup de chevaux et d'autres ani

maux, vinrent se soumettre au sultan, qui les

fit passer en Syrie. Ce prince, ayant concentré ses forces, partit à leur tête le 28 mars, 29 ram. et s'avança jusqu'à un défilé qui séparait la Cilicie du Roum. Il y trouva des femmes et des enfants de militaires mongols, et les fit enlever. Il revint ensuite sur la ville de Sis qui fut livrée aux flammes; les habitants de cette résidence royale s'étaient réfugiés dans la citadelle. Lorsque son avant-garde fut de retour avec les familles mongoles captives, et que les troupeaux enlevés eurent été dirigés vers la Syrie, le sultan commença sa retraite; dans cette marche rétrograde ses troupes firent paître à leurs chevaux les blés sur pied. Une division s'était portée sur Tarse, une seconde, sur le château de Berin, une troisième sur Adana, tuant les hommes, enlevant les femmes et les enfants. Un quatrième corps s'avança jusqu'à Ayas; à son approche, les Francs de cette ville transportèrent leurs effets sur les vaisseaux mouillés dans le port. La ville fut brûlée par les Égyptiens, qui y tuèrent beaucoup de monde. Un millier d'individus, Francs et Arméniens, voulant se sauver par mer, périrent dans les flots.

En revenant à Massissat, le sultan livra aux flammes les deux parties de cette ville,

sur les rives du Djihoun, et lorsque tous les généraux furent revenus avec leur proie, que les Turcmans et les Arabes qui s'étaient soumis à son sceptre, eurent passé les défilés conduisant en Syrie, il continua sa retraite. Après avoir lui-même franchi ces défilés, il s'arrêta sur la frontière dans des prairies couvertes au loin d'une immense quantité de bétail, pour procéder à la distribution du butin, dont il ne voulut se réserver aucune part. Il apprit alors que le corps d'armée qu'il avait dirigé sur Biret, s'était avancé jusqu'à Rées-aïn, faisant fuir devant lui les troupes mongoles stationnées sur cette frontière, et qu'il était revenu chargé de dépouilles (1). On rapporte que cette expédition en Cilicie coûta la vie à soixante mille habitants, et que le nombre des jeunes gens des deux sexes emmenés en captivité était beaucoup plus considérable (2).

L'automne suivant, le sultan apprit à Damas d'un émissaire du Pervané du Roum, que les Mongols allaient assiéger El-Biret. Cette place fut en effet investie le 29 no

(1) Novaïri.

(2) Bar Hebræus, p. 552.

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