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670. l'année 1271, une invasion en Syrie. Son avant-garde, de quinze cents Mongols, commandée par Amal, fils de Baïdjou, entra dans la province d'Alep, par la route d'Aïntab, surprit et passa au fil de l'épée une tribu de Turcmans, campés entre Harem et Antioche. Les Mongols purent aisément ravager les cantons de Harem 'et d'El-Muroudj; la garnison d'Alep s'était retirée sur Hamat; l'alarme se répandit jusqu'à Damas, dont beaucoup d'habitants partirent pour l'Égypte. Sur le premier avis de l'invasion des Mongols, le sultan qui était à Damas, avait expédié, 18rb.-1. le 24 octobre, un officier au Caire, avec l'ordre au général Beïsseri de partir avec trois mille cavaliers. L'officier arriva au Caire dans la soirée du 26, et le 27 au matin, ce corps se mit en marche. Il arriva à Damas le 9 novembre. Le sultan en partit trois jours après, se dirigeant sur Alep; mais il ne put atteindre les Mongols, qui, avertis de sa marche, avaient déjà évacué la Syrie. Beïbars détacha un corps de troupes vers Mer'asch; un autre à Harran. Cette dernière ville ouvrit ses portes aux Egyptiens, qui ne jugèrent cependant pas à propos de l'occuper. Après leur départ la crainte de la vengeance mongole détermina

ses principaux habitants à la quitter; ils se retirèrent dans différentes villes de Syrie. En effet, un corps mongol vint occuper Harran, le 26 avril 1272, rasa ses murailles, détruisit 25 ram. la plupart de ses édifices, et emmena le reste de la population de cette grande ville, qui fut ainsi ruinée. Lorsque les Mongols étaient entrés en Syrie, les Croisés avaient fait, de concert avec eux, une incursion dans le pays de Cacoun, mais avaient été repoussés. Le sultan reçut à Damas, dans le mois de mars, des envoyés du général Samagar et du Pervané, qui lui remirent une lettre exprimant, au nom d'Abaca, le désir de la paix et la demande que le sultan voulût envoyer des négociateurs. Beibars fit partir avec ces ambassadeurs deux de ses officiers, au milieu du mois de mai. Ils trouvèrent Samagar dans la province de Sivas et lui offrirent les présents dont ils étaient chargés pour ce général, savoir neuf arcs et neuf masses d'armes, s'excusant de n'en avoir pas apporté davantage, sur ce qu'ils avaient couru à franc étrier. Le lendemain, ils furent reçus par le Pervané, et lui remirent secrètement des étoffes superbes de la part de Beïbars. Ils se rendirent avec ce premier ministre à la cour d'Abaca. Après lui avoir

offert les présents de Beïbars, qui consistaient dans une cuirasse et un casque faits de piquants de hérissons, un sabre, un arc et neuf flèches, l'un des envoyés dit au Khan mongol, que son maître avait reçu plusieurs ambassades de la part du Khan Mangou-timour, qui le pressait d'attaquer, de son côté, le royaume d'Abaca, tandis qu'il y entrerait du sien, et lui proposait que chacun gardât ce qu'il aurait conquis. Ce discours causa une vive émotion à Abaca; il sortit aussitôt de la salle, et quelques jours après, il congédia les deux envoyés (1).

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L'année suivante, Abaca envoya au sultan une seconde ambassade qui arriva à Damas saf. 671. en septembre 1272. Elle demanda que le sultan, ou bien la personne la plus éminente après lui, se rendît à la cour mongole pour y traiter de la paix. Beïbars répondit que si Abaca voulait faire la paix, il pouvait venir lui même ou envoyer un de ses frères. Peu après, le sultan informé que les Mongols menaçaient les deux places frontières d'Er-Rahbet et d'El- Biret, partit avec des troupes de Damas, incertain sur lequel de ces

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4 oct.

(1) Novaïri.

deux points il devait se diriger; mais il apprit en marche que les Mongols avaient mis le siége devant Biret. Pour traverser l'Euphrate, il fit transporter de Damas et de Himss, sur des bêtes de somme, des bateaux démontés. A son approche, les Mongols, qui étaient postés vis-à-vis d'un endroit où il y avait un gué facile, le quittèrent pour aller se retrancher sur un autre point où le fleuve était profond. Trompés par ce stratagême, les Égyptiens crurent que le gué était au lieu défendu par l'ennemi, et ce fut là qu'ils tentèrent le passage. Les barques furent lancées à l'eau et se remplirent d'archers qui allèrent harceler les Mongols; en même temps la cavalerie, conduite par le général Kélavoun, se jetta dans le fleuve, en escadrons serrés, les hommes se tenant d'une main à la bride, s'appuyant de l'autre sur leurs lances, et passèrent l'Euphrate à la nage, quoique les cavaliers et les chevaux fussent bardés de fer; Beïbars traversa des premiers. Les Mongols, dont la force était de trois mille hommes, protégés par des retranchements, furent mis en déroute; leur chef périt avec un grand nombre des siens; on leur fit des prisonniers. Le sultan rendit graces à Dieu de ce succès, par un Namaz de deux rek’ats, à l'endroit où l'ennemi

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II déc.

avait campé; c'était vis-à-vis du château de Monbedj; il y resta jusqu'au lendemain pour attendre le retour des troupes qui avaient poursuivi l'ennemi, et repassa le fleuve; il apprit alors que le corps mongol qui avait mis le siége devant Biret, sous les ordres du général Deriaï, s'était retiré abandonnant ses catapultes et ses vivres. Beïbars alla camper sur une hauteur vis-à-vis de Biret, et passa sur un pont de bateaux jeté par l'ennemi, pour entrer dans cette place, dont il récompensa généreusement la garnison. Il reprit ensuite la route de Damas, où il fit une entrée triomphale, précédé de ses prisonniers (1).

Cette courte campagne fut bientôt suivie d'une invasion en Cilicie. Le commandant de la province d'Alep, Hossam-ud-din d'Aïntab, s'était plaint au roi d'Arménie des molesta

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Ben

(1) Vie de Beïbars, par Schafi. Novaïri. Tagri-birdi. Macrizi. D'après Novaïri, les Mongols détachés de l'armée de siége, qui furent battus par le sultan, étaient au nombre de cinq mille, commandés par le général Tchabacar. Selon Vassaf, (t. I,) l'armée égyptienne était de douze mille hommes. Cet auteur rapporte que pour traverser l'Euphrate, et attaquer l'ennemi, Beïbars fit jeter dans le fleuve jusqu'à trente-cinq mille chameaux, dont les corps servirent de pont à ses troupes!

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