Deïlem, il fut assailli à l'improviste par une troupe de Deïlemites. L'Atabey Youssoufschah mit pied à terre, se jeta sur eux, en tua plusieurs et délivra le Khan. Youssoufschah, quoique souverain du Louristan, résidait à la cour d'Abaca, avec une garde de deux cents hommes, et faisait gouverner son pays par des préfets. Il avait fourni à son suzerain un gros corps de troupes dans sa guerre contre Borac, où il se signala par des traits de valeur. Abaca voulant reconnaître la nouvelle preuve de dévouement que ce prince venait de lui donner, lui conféra l'investiture du Khouzistan et de trois districts frontières du Lour. Youssoufschah, comblé de marques de faveur, se rendit dans l'un de ces districts, nommé Couh Kilouyé, et attaqua les Schoules (1). Abaca arriva à Méraga, le 18 octobre 1270, et le 6 novembre suivant, à ses Ordous de Tchogatou. Il y reçut des ambassadeurs de l'empereur Coubilaï, qui lui apportèrent une couronne, un manteau d'investiture, et des lettres patentes, par lesquelles ce monarque monarque lui confirmait le pouvoir souverain sur l'Iran, que son père (1) Tarikh Gouzidé, bab IV, fassel 2, lui avait légué. Abaca renouvella, à Tchogatou, les cérémonies et les fêtes d'usage à l'avénement d'un Khan mongol. Il reçut, dans le même temps, des ambassadeurs de la part de Mengou-timour, chargés de le féliciter de sa victoire sur Borac, et de lui offrir des éperviers, des gerfaults et des fau cons. Chassant, un jour, dans les environs de Tchogatou, Abaca fut blessé au cou par la corne d'un boeuf sauvage. Comme le sang coulait en abondance, on crut devoir l'arrêter, en pinçant la corde d'un arc sur la blessure jusqu'à ce qu'elle fut cicatrisée. Il y survint une tumeur qui le fit beaucoup souffrir. Aucun de ses médecins n'osait la percer; l'astronome Nassir-ud-din répondit sur sa tête qu'il n'y avait point de danger; on ouvrit la plaie, on la nettoya et la douleur fut appaisée (1). Deux corps de troupes furent envoyés par Abaca dans la Transoxiane et le Khorazm, pour ravager ces pays. Après la mort de Borac, ses quatre fils (2) s'étaient unis contre (1) Raschid. (2) Beiktimour, Toua, Bouria, Houlavai Caïdou avec les deux fils d'Algou (1). Ces (1) Tchouya et Cayan. 671. 1272. cand émigrèrent. Nikbey entra dans Bokhara 7 redj. le 29 janvier 1273, et ses troupes, au nombre de dix mille hommes, n'y firent, pendant sept jours, que tuer, piller et brûler (1). Elles (1) « On dirait, observe ici Vassaf, que cet événe«ment était la réponse à la raillerie de Mass'oud-Bey, lorsqu'il rencontra le vézir. » (2) Vassaf, t. I. -« La Transoxiane, ajoute cet histo rien, prospère maintenant (au commencement du qua « torzième siècle), sous la domination de Caïdou, souverain juste et humain. » L'impétueux Beïbars poursuivait avec succès, 5) depuis plusieurs années, l'exécution de son dessein d'enlever aux Croisés toutes les places qu'ils possédaient encore en Syrie. Ils s'était emparé, dans l'année 1268, de la principauté d'Antioche, qui appartenait à Bohémond comte de Tripoli. Les habitants de la ville d'Antioche, prise de vive force et ruinée, avaient été tués ou réduits à l'esclavage; d'au tres districts en la possession des Croisés, mis à feu et à sang. La malheureuse issue de l'expédition de St. Louis contre Tunis rassurait Beïbars du côté de la chrétienté, et lui permettait de travailler, sans inquiétude, à l'expulsion totale des Croisés, qui ne cessaient d'exciter les Mongols à attaquer la puissance égyptienne. Réduits à la dernière extrémité les Chrétiens de Syrie sollicitaient vivement Abaca de faire une diversion en leur faveur (1). Par l'ordre de ce prince, une armée composée de dix mille cavaliers mongols, sous les ordres du général Samagar, chef des troupes mongoles dans le Roum, et d'un corps de Turcs du Roum, commandé par le Pervané ou premier ministre du sultan de l'Asie mineure, fit dans (1) Marin Sanut, lib. III, pars XXII, cap. XI. |