Imatges de pàgina
PDF
EPUB

et Kiptchac, faisant diligence, entra dans le désert d'Amou. Djélaïrtaï, qui n'avait pas assez de vivres pour s'y enfoncer, rebroussa chemin, et Borac renvoya en paix la famille de Kiptchac. Caïdou fit valoir auprès d'Abaca cette défection de Kiptchac; dès-lors ces deux souverains devinrent amis et se donnèrent le nom d'Ortac.

Peu après, le prince Tchabat, petit-fils de Couyouc-khan, profita, pour prendre aussi la fuite, d'un voyage que Borac fit à Hérat. Ce dernier ne jugea pas à propos de le faire poursuivre; mais il se plaignit à Caïdou de la défection de ces deux princes et demanda leur punition. Tchabat s'étant arrêté quelques jours près de Bokhara, y fut attaqué par un prince, vassal de Borac, perdit presque tout son monde, et put à peine se sauver lui onzième, poursuivi l'espace de trente lieues. Il atteignit enfin la résidence de Caïdou, et y mourut des suites de la frayeur qu'il avait éprouvée.

Cependant Borac, après quelques combats avec les troupes du prince Boutchin, qui se retirèrent, occupa la plus grande partie du Khorassan. Sa cavallerie fut mise en cantonnement dans les meilleurs pâturages de cette province. Il défendit à ses soldats de

26 ram.

668.

19 mai

monter leurs chevaux, afin de les laisser engraisser. Ces militaires allaient et venaient montés sur des boeufs ou sur des ânes. L'abondance régnait dans l'armée. Borac prit ses quartiers à Talecan. Ses troupes entrèrent à Nischabour et saccagèrent cette ville, qu'elles 1270. évacuèrent le lendemain. Borac voulait faire éprouver le même sort à Hérat; Coutlouctimour lui représenta qu'il s'aliénerait le prince Schems-ud-din Kert, et tous les Grands de la Perse. Nous avons vu que ce prince, à l'arrivée de Houlagou dans la Transoxiane, s'était empressé d'aller lui rendre hommage, et en avait reçu l'investiture des pays de Hérat,

Sebzévar, Gour et Gardja. Il s'était emparé du Sidjistan; sa domination s'étendait jusqu'au Sind. Alors Borac chargea Coutlouc-timour d'aller, avec cinq cents hommes, chercher le prince Schems-ud-din, qui résidait dans le château de Khaïssar, à l'est de Hérat. Coutlouc-timour dit au prince persan, de la part de son maître, que Borac allait marcher sur l'Irac, et que si Schems-ud-din embrassait son parti avec zèle, il serait investi de l'autorité sur tout le Khorassan. Le Mélik consentit à tout et partit avec Coutlouc-timour. Borac lui fit un accueil distingué, lui donna en fief tout le Khorassan, et lui promit d'y

4 ram.

joindre les provinces qu'il allait conquérir; car son camp retentissait de bravades; on n'y parlait que de meurtre et de pillage, d'aller à Bagdad et à Tébriz. Après ces belles promesses, Borac demanda brusquement au Mélik, la liste des plus riches habitants du Khorassan, et le congédia; mais il le fit accompagner de plusieurs commissaires mongols, chargés de lever dans le district de Hérat une contribution en argent, en armes et en bétail. Le prince persan fit exécuter les ordres de Borac, et apprenant la marche d'Abaca, il se retira dans son château de Khaïssar pour y attendre l'issue des événements.

Abaca était parti de l'Azerbaïdjan le 28 avril; c'était le temps de la moisson; il défendit sévèrement à ses troupes de toucher aux épis, << tant ce prince, ajoute Raschid, était juste.>> Il fut joint à Schéroubaz, lieu que les Mongols appelaient Coungcour-oulang, par Mekabey, ambassadeur de l'empereur Coubilaï, qui avait été retenu par Borac, mais s'était évadé. Il put donner des renseignements sur la situation de l'armée ennemie. Abaca pressa sa marche. Son frère Boutchin, qui, après avoir été battu, près de Hérat, par l'avantgarde de Borac, s'était replié sur le Mazendéran, vint avec Argoun Aca, et Hadjadj, sul

tan du Kerman, le trouver dans le Coumiss. Abaca s'avança vers Thous, et encouragea ses troupes par des promesses et une distribution d'argent. Du Badghiss il envoya un officier à Borac pour lui proposer la paix, lui offrant la cession des provinces de Ghaznin et de Kerman. Borac tint conseil. Le prince Yassaour fut d'avis qu'il valait mieux accepter ces conditions avantageuses que se mesurer avec un souverain aussi puissant que l'était Abaca. A ces mots, Mourgaoul, le plus brave des généraux de Borac, dit vivement, qu'on ne devait ni tirer de mauvais augures, en la présence des souverains, ni se laisser dominer par la peur. « Où est Abaca, s'écria-t-il; n'est «< il pas occupé en Syrie? C'est le prince Bout<«< chin et Argoun Aca qui ont fait courir le << bruit de son arrivée. Nous sommes venus <«< pour combattre, dit à son tour Djélaïrtaï. « Si nous avions voulu la paix, nous serions << restés dans la Transoxiane. » Borac fut de l'avis de ses deux généraux et la bataille fut résolue. Il demanda à son astrologue si la position des astres lui était propice; celui-ci lui ayant conseillé d'attendre encore un mois, Djélaïrtaï, qui s'aperçut de l'impression de cette réponse sur l'esprit de Borac, dit, en bouillonnant de colère : « Eh que nous im

<< porte que les astres soient ou non propi«< ces? Attendrons nous que l'ennemi vienne « nous égorger dans nos camps? » Il fut donc arrêté qu'on livrerait bataille, et l'on jugea à propos d'envoyer des espions pour savoir si Abaca était en personne à son armée.

Ce prince, qui se trouvait alors dans le Badghiss, irrité contre la ville de Hérat, avait donné l'ordre qu'elle fut livrée au pillage; mais on parvint à le fléchir. Le général Bourgour, chargé de trouver un champ de bataille, choisit une vaste plaine bordée par des monts que les Mongols appellent Carasouï. Il y arrêta trois individus qui lui parurent suspects. Abaca les fit attacher au pilier de sa tente, et ils furent interrogés avec de terribles menaces. Ils avouèrent que Borac les avait envoyés pour tâcher de découvrir si en effet Abaca était à son armée. Ce prince conçut alors l'idée de tromper son ennemi par le moyen de ses espions mêmes. Il sort de sa tente, pour donner ses instructions à l'un de ses gens, puis il se met à boire avec ses gé

néraux.

Il s'était passé deux heures de la nuit; le banquet durait encore et Abaca s'entretenait de Borac, lorsque l'officier auquel il avait fait la leçon, annoncé comme un courrier,

« AnteriorContinua »