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frontière, le poursuivit, le coupa du Derbend (1), et lui livra un combat, après lequel Nigoudar, ayant perdu la plus grande partie de ses troupes, s'enfonça avec mille cavaliers dans les montagnes de la Géorgie. Voulant s'assurer la protection du roi David, il lui donna sa fille en mariage; néanmoins les Géorgiens cherchèrent à le tuer; il leur échappa (2); mais ayant, à la persuasion du roi de Géorgie, quitté la forêt où il s'était réfugié, il fut encore attaqué par Schiramoun, qui lui tua une partie de son monde, et le fit prisonnier. Conduit avec sa famille à la résidence royale, il reçut sa grâce; mais ses nov. officiers furent punis de mort, et ses troupes 1269. incorporées dans celles d'Abaca (3). Nigoudar lui-même fut placé sous la surveillance du noyan Couroumisch (4).

Caïdou avait envoyé l'ordre aux princes Ahmed, Bouri, Nikpey Ogoul et Yalgou, de passer le Djihoun, au gué de Termed; aux princes Tchabad, fils de Houcour et petitfils de Gayouk-khan, Mobarekschah et Kiptchac, de le passer avec Borac à Amou; à Gueuk Atchouï le grand et à Baïnal, de le

(1) Raschid. (2) Vassaf. (3) Raschid. (4) Vassaf.

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passer à Khiva; à Gueuk Atchouï le petit, de traverser le fleuve à Ming-kischlag. Ils devaient tous se réunir au-delà du Djihoun, et se tenir aux ordres de Borac.

Ce prince défendit à ses sujets de monter à cheval, et ses troupes, par ses ordres, enlevèrent pour le service de l'armée, tous les chevaux qu'elles purent trouver. Il ordonna à ses soldats de donner à leurs chevaux, pour les engraisser, sept menns d'orge et de froment par jour; ce qui causa la famine. Tous les boeufs furent tués, et de leur cuir on fit des boucliers. Borac voulait que ses gens, pour se fournir d'objets d'équipement et de vivres, pillassent Bokhara et Samarcand. Mass'oud-Bey sut encore l'en détourner, en lui représentant qu'il devait du moins songer à se réserver quelques ressources en cas de revers (1).

Avant de passer le Djihoun, Borac manda à Boutchin-Ogoul que le pays entre Badghiss, Ghaznin et la rive du Sind, ayant appartenu à ses prédécesseurs, devait être évacué. Sur son refus, laissant à Kesch et à Nakhscheb un corps de dix mille hommes, sous les ordres

(1) Vassaf.

de son fils Bey-timour, qu'il chargea de commander dans ses domaines en son absence, il passa le Djihoun, sur un pont de bateaux, et posa son camp près de Merv.

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Il y avait dans l'armée d'Abaca un chef de mille, nommé Sitchektou, qui apprenant que le prince Kiptchac, son ancien maître, était avec Borac, alla se ranger sous ses drapeaux, et lui fit hommage de plusieurs beaux coursiers. Kiptchac lui dit d'offrir à Borac un semblable présent. Le lendemain, Kiptchac se trouvant au quartier de Borac, fut apostrophé par le généralissime Djélaïrtaï. « Appa« remment, lui dit-il, que Borac est venu ici, << avec tant de milliers d'hommes, pour tes «< intérêts. Comment donc? lui demanda Kiptchac. Est-ce que Sitchektou, reprit Djélaïrtaï, bien qu'il t'appartienne, serait venu « te joindre, sans l'invasion de Borac, dont la << fortune et la puissance l'ont attiré; et cepen<< dant tu t'es fait amener cet officier; ses meil<< leurs chevaux, ceux qui étaient dignes de << Borac, tu les a pris; et ceux qui étaient bons « pour toi, tu lui as ordonné d'en faire hommage << à Borac. — Qui est tu, lui demanda Kiptchac, << pour intervenir entre des princes du sang? « Je suis le serviteur de Borac, et non le tien; « ce n'est pas à toi à me demander qui je

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<< suis.

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Quand un Caradjou a-t-il parlé de la << sorte à un descendant de Tchinguiz-khan, pour << qu'un chien comme toi ose me repliquer! « Si je suis un chien, je suis le chien de Borac « et non le tien. Respecte toi et reste à ta place. » — « Tu me réponds insolemment, « s'écria Kiptchac en colère; je te couperai « par le milieu du corps. Borac, mon aîné, ne << m'en voudra pas. » Djélaïrtaï, portant la main à son poignard, lui dit : « Si tu avances,

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je te fendrai le ventre. » Comme ils en étaient là et que Borac gardait encore le silence, Kiptchac comprit qu'il approuvait son adversaire; il sortit fort animé, retourna à ses quartiers, situés à deux lieues de ceux de Borac, et après avoir tenu conseil avec ses officiers, il décampa dans la nuit et se retira précipitamment vers le Djihoun, avec ses deux mille cavaliers; mais il laissa sa famille, persuadé que Borac ne lui ferait aucun mal. Ce fut sa femme qui donna à ce prince le premier avis de sa fuite. Borac mit ses troupes sous les armes, craignant une surprise de sa part, et au point du jour, il dépêcha après lui trois de ses frères, pour l'engager à revenir, ou du moins l'arrêter assez de temps pour que Djélaïrtaï, qu'il allait détacher avec trois mille hommes à sa pour

suite, pût l'atteindre et le ramener de force.

<<< rez. >>>

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Les trois princes atteignirent Kiptchak dès le lendemain. Ils coururent l'embrasser : « Bo«< rac, lui dirent ils, est bien affligé de votre « départ; il ne croit pas vous avoir jamais of« fensé. Justement irrité contre Djélaïrtaï, « vous êtes parti sans attendre ce que dirait « Borac. Il se proposait de châtier, le lendemain, cet officier insolent. Il vous prie de << revenir et il le punira comme vous l'exige<< Je ne suis pas un enfant, leur répondit Kiptchac, pour me laisser prendre « à vos beaux discours. Je suis venu par l'or<«< dre de Caïdou; je m'en retourne puisque << vous ne voulez pas de moi. J'ai laissé ma << famille, renvoyez la moi; sinon, j'enleverai « les vôtres. » Les trois frères, voyant qu'ils ne pouvaient pas le persuader, lui proposèrent de boire un verre de leur vin, avant de se séparer. - « On boit du vin, leur dit Kiptchac, lorsqu'on veut se réjouir; ce n'est « pas le moment; mais je vois bien qu'il vient « des troupes à ma poursuite, et que vous << ne voulez que me retenir. Repartez vite, «< ou je vous emmène. » Les princes effrayés, craignant d'ailleurs que Djélaïrtaï ne vint à paraître, tandis qu'ils étaient au pouvoir de Kiptchac, prirent le parti de s'en retourner,

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