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Siss, Soncor, qui avait été amené du fond de la Perse à la cour du roi d'Arménie, fut juil. mis en liberté. Le sultan pourvut généreuse- 1268. ment son ancien camarade de tout ce dont il pouvait avoir besoin, l'emmena en Égypte, lui conféra un commandement et lui fit bâtir un hôtel dans l'enceinte du château de la montagne (1).

Peu après, le roi Hethoum se rendit à la cour d'Abaca, qui était alors à Bagdad, pour lui rendre grâces de la délivrance de son fils, et le prier, vu son grand âge, et ses infirmités, de permettre qu'il cédât le trône au prince Lévon. Ayant obtenu sa demande, il convoqua, dès son retour à Siss, les seigneurs de son royaume dans la ville de Tarse, et abdiqua en faveur de son fils. Léon se rendit 1269. à la cour d'Abaca, et reçut de ce Khan l'investiture du royaume d'Arménie (2). Son père, qui avait régné quarante-cinq ans, se fit religieux, sous le nom de Macaire (3), dans le couvent de Trazargh, et et mourut quelques mois après.

(1) Novaïri.

- Bar Hebræus, p. 545, 6 et 7. (2) Bar Hebræus, p. 547. - Chamisch, t. II, p. 253 et suiv.

(3) Haïton, Hist. or., ch. 33.

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En 1269, Abaca envoya des ambassadeurs à Beïbars, qui les reçut à Damas, en même temps que les ambassadeurs de l'empereur grec et ceux du khan Mangou-timour, successeur de Bercaï. Dans ses lettres Abaca reprochait à Beïbars l'assassinat de Couttouz, et lui demandait comment lui, mamelouc, jadis vendu à Sivas, il osait résister à des rois, fils de rois, souverains de la terre, le menaçant de l'attaquer, de s'emparer de tout son pays, d'y passer au fil de l'épée tous ceux qui auraient les armes à la main, et vous même, ajoutait-il, quand vous vous élèveriez dans les nues, quand vous descendriez sous terre, vous ne nous échapperiez pas. Le sultan lui répondit: Il est vrai que j'ai tué Couttouz; mais la

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royauté m'a été conférée par des suffrages << unanimes. Vous annoncez l'intention de nous «< attaquer. Eh bien, venez; nous serons prêts « à vous recevoir, et nous espérons de recou« vrer les pays enlevés aux Musulmans. » L'ambassadeur d'Abaca fut congédié avec cette réponse (1).

Malgré ses menaces, Abaca ne put rien en

(1) Vie de Beïbars, par Schafi. -Ben Tagri-birdi.

Macrizi.

treprendre contre l'Égypte; il se vit obligé de marcher, dans l'été de 1270, contre le prince 668. Borac qui venait de passer le Djihoun avec une armée formidable, pour faire la conquête du Khorassan.

On a vu (1) qu'en 1265, Borac avait été placé, par l'empereur Coubilaï, à la tête de l'Oulouss de son grand père Tchagataï, sous la condition qu'il attaquerait, de son côté, le prince Caïdou, qui, après la soumission de son allié Aric Bouca, refusait encore de reconnaître la suzeraineté de Coubilaï; mais Borac ne fut pas plutôt investi de l'autorité, qu'il s'empara du Turkustan, province régie par un gouverneur impérial; puis il se brouilla avec Caïdou, qu'il avait ménagé, malgré ses engagements envers l'empereur (2). Caïdou et Borac étaient convenus de se partager les habitants de Samarcand et de Bokhara, et de posséder, l'un et l'autre, des fabriques dans ces deux villes. Ils fixèrent les districts où les hordes soumises à Borac auraient leurs quartiers d'hiver et leurs quartiers d'été. Caïdou fit cantonner une division de ses troupes entre le territoire occupé par celles de Borac

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et la ville de Bokhara, pour empêcher que ce dernier n'y commît des exactions; mais comme il fut, peu après, obligé de retirer ces troupes pour faire face à une armée envoyée contre lui par Mangou-timour, successeur de Bercaï, Borac profita de l'occasion pour se rendre maître de Bokhara (1).

Caïdou fit la paix avec Mangou-timour, et la guerre à Borac. Ces deux princes se livrèrent bataille sur le bord du Sihoun. Caïdou fut vaincu. Ayant reçu de Mangou-timour un secours de cinquante mille hommes, il livra une seconde bataille à son ennemi, qui, cette fois, fut défait. Borac se retira dans la Transoxiane, où il rallia les débris de son armée (2). Il fit alors signifier aux habitants de Samarcand et de Bokhara, que s'ils voulaient sauver leurs vies et préserver de la captivité leurs enfants, il fallait qu'ils sortissent de la ville, sans rien emporter, afin que ses troupes, qui avaient perdu leurs bagages, pussent la piller; ensuite elles l'évacueraient. Les habitants allèrent demander miséricorde, et obtinrent l'adoucissement de cet arrêt Borac leur imposa une contribution en numéraire,

(1) Vassaf. (2) Raschid, règne d'Abaca.

qui fut employée à l'équipement de son armée. Par son ordre, les fabriques d'armes et d'instruments de guerre furent occupées nuit et jour. Il allait rentrer en campagne, lorsqu'il vit paraître le prince Kiptchac, envoyé en parlementaire par Caïdou. Ce dernier alarmé de la résolution prise par Borac de ravager la Transoxiane, et hors d'état de la défendre, avait recours à des propositions de paix. Kiptchac, petit-fils d'Ogotaï (1), jadis lié avec Borac d'une étroite amitié, s'était offert d'aller lui porter un message pacifique. Borac lui fit un accueil distingué; il se leva, alla l'embrasser, le prit par la main et le fit asseoir auprès de lui (2). Ils burent ensemble, après avoir choqué leurs coupes, du sang où il y avait de l'or; ils échangèrent leurs vêtements et s'appelèrent anda (3). Ensuite Kiptchac, s'acquittant de son message, lui proposa la paix. « Il est vrai, lui répondit Borac, « que des cousins ne devraient pas être en<< nemis, ni déchirer, leurs querelles, , par

(1) Il était fils de Cadan Ogoul, sixième fils d'Ogotaï (Raschid).

(2) Raschid.

(3) Vassaf, liv. I. Anda, c'est-à-dire ami juré.

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