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prince, selon l'usage, se défendit d'accepter le trône et l'offrit à chacun de ses frères; mais tous, au même instant, fléchissent le genou et le reconnaissent pour leur souverain. Abaca leur dit qu'il ne peut pas s'asseoir sur le trône, sans l'ordre de Coubilaï Caan, son oncle. Alors toute l'assemblée s'écrie que personne n'y a plus de droits que lui, désigné par son père, et connaissant mieux qu'aucun prince du sang les coutumes et les lois de la nation (1). Enfin, le 19 juin, jour fixé par les Cames et par les astrologues, Abaca (2) fut inauguré à Tchagan naour, dans le district de Berahan (3). Né en mars 1234, de Yessountchin Khatoun, Seldouze de nation, il avait alors trente-un ans. Les princes du sang allèrent, chacun à son tour, la ceinture jetée sur la nuque, fléchir sept fois le genou devant le soleil. Les fêtes durèrent plusieurs jours et les convives se livrèrent au plaisir

(1) Raschid.

(2) Ce nom signifie, en mongol, oncle maternel.

(3) Tchagan naour veut dire en mongol lac blanc. Berahan ou Ferahan est un bourg avec un château dans le district de Hémédan, près d'un lac d'environ seize fersenks carrés. Voy. Mérassid-ul-ittila' et Naschk-ul-Azhar, ouvrages géographiques en arabe.

3 ramaz.

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de boire, d'entendre de la musique, de contempler les charmes d'un essaim de jeunes beautés qui les servaient (1).

A la suite de ces réjouissances et des largesses accoutumées, Abaca, quoiqu'il ne voulût s'asseoir que sur un tabouret, jusqu'à l'arrivée de l'ordonnance de Coubilaï qui devait sanctionner son élévation, exerça les droits de l'autorité suprême. Il confirma d'abord tous les statuts de Houlagou; puis il distribua les gouvernements de l'Empire. Il confia à son frère Yschmout la défense des provinces frontières depuis Derbend jusqu'à Alatac. Il donna à un autre de ses frères, du nom de Boutschin, le Khorassan et le Mazendéran; à Tougouz-Bitikdji, fils du noyan Ilga, et à Toudan, frère du noyan Sougoundjac, le commandement dans le Roum; à Dourtaï, le Diar-bekr et le Diar-rabi'a; à Schiramoun, fils de Tchourmagoun, la Géorgie; Bagdad et le Fars à Sougoundjac, qui devait avoir pour substitut, dans Bagdad, le ministre Alaï-ud-din A'ttamélik. Il confirma le roi de Géorgie, David; le prince de Nimrouz (Sidjistan), Schems-ud-din Kert; la reine du Kerman, Turkan Khatoun. Argoun Aca conserva l'administration générale des

(1) Vassaf.

domaines. Le Sahib Schems ud-din Mohammed de Djouveïn, fils du Sahib Behaï-ud-din Mohammed, fut continué dans le poste de premier ministre. Abaca fit des libéralités à une centaine de savants, sortis de l'école de Khodja Nassir-ud-din de Thouss, lesquels se trouvaient à sa cour. Il voulut que Tébriz fut le siége de son Empire; mais il choisit pour ses quartiers d'été Alatac et Siah-couh (1), pour ses quartiers d'hiver, l'Arran, Bagdad ou Tchogatou.

Houlagou avait demandé en mariage une fille de l'empereur de Byzance. Michel Paléologue lui donna une de ses filles naturelles, nommée Marie, qu'il avait eue d'une demoiselle de la famille Diplovatatze, et la fit partir sous la conduite de Théodose de Ville-Hardouin, archimandrite du couvent de Pantocrator, et frère du prince de l'Achaïe et du Péloponèse (2). A son arrivée à Césarée, la

(1) Siah-couh veut dire, en persan, montagnes noires. C'est le nom d'une chaîne de montagnes qui borde au nord le Curdustan, et celui également d'une autre chaîne plus étendue, qui court entre Raï et Ispahan.

(2) Pachymeres, ap. Stritter, Mem. popul., etc., t. III, p. 1044. Selon Bar Hebræus, p. 567, le prélat chargé de conduire Marie auprès de Houlagou était Euthymius, patriarche d'Antioche.

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princesse apprit la mort de Houlagou; néanmoins elle continua son voyage, et arriva à la cour d'Abaca, qui l'épousa. Les Mongols l'appelaient Despina, de son titre grec de princesse (1).

Ayant achevé l'hiver de 1265 dans le Mazendéran, Abaca se rendit au printemps à Tébriz. Il reçut, peu après, la nouvelle que Nocaï était entré sur son territoire par Derbend. Le prince Yschmout passa le Kour et rencontra l'ennemi près de la rivière Acsou. La bataille fut sanglante et longtemps indécise; Nocaï y fut blessé à l'œil; son armée se retira en désordre dans le Schirvan. A la suite de ce succès, Abaca lui-même franchit le Kour; mais, apprenant que Bercaï s'avançait avec une armée formidable, il repassa ce fleuve, fit rompre tous les ponts et campa sur sa rive méridionale. Les deux armées restèrent une quinzaine de jours en présence, séparées par le fleuve et se lançant des flèches. Enfin Bercaï remonta le Kour, pour le tra

(1) Raschid en fait mention, sous le nom de Tespina, à l'article de la famille d'Abaca, en parlant de ses femmes dont plusieurs la surpassaient en rang; il la dit fille du [souverain de Trébizonde.

verser près de Tiflis, mais il mourut pendant cette marche. Alors ses troupes se retirèrent, emportant le cercueil de leur maître qui fut

inhumé à Seraï.

Délivré de ce danger, Abaca fit élever, au-delà du Kour, un rempart, bordé d'un large fossé, depuis Dalan (ou Valan) naour jusqu'au Descht-Kurdian (1), et y plaça un cordon de troupes mongoles et musulmanes; puis il alla passer l'hiver de 1266 dans le 665. Mazendéran et le Djourdjan.

L'année suivante, Abaca s'avança jusqu'à Kéboud-djamé (dans le Mazendéran), à la rencontre de sa mère Yessountchin Khatoun, qui arrivait de Mongolie, accompagnée de Coutouï Khatoun, également veuve de Houlagou, et des deux fils de cette dernière, Tekschin et Tacoudar, ainsi que des fils de Tchoumoucour. En partant pour la Perse, Houlagou avait laissé ces deux princesses sous la tutèle de Mangou. Son second fils Tchoumoucour, d'un mois seulement plus jeune qu'Abaca, auquel il avait confié, à la même époque, le commandement sur ses Ordous en Mongolie, s'était vu obligé, après

(1) Vassaf dit que ce retranchement fut appelé Assia.

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