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dans les prières publiques en Perse. Son père Mohammed l'en avait fait ôter, lorsqu'il marchait contre Bagdad, et Djélal n'avait pas songé à faire revivre cette pratique, qui constatait la suprématie du vicaire de Mahomet. Le sultan accorda sur-le-champ ces deux demandes, et ordonna qu'il fut prié, dans tous ses États, pour l'Imam Abou-DjaferAl Manssour, Al Mostanssir-billahi, chef des Croyants. Il fit accompagner cet ambassadeur, à son départ, d'un de ses chambellans, qui revint avec deux officiers du Khaliphe, chargés de lui apporter la robe d'investiture de la Perse, et de magnifiques présents pour lui et pour les Grands de sa cour. Djélal, à qui le Khaliphe ne donnait que le titre de Khacan, demandait avec instance celui de Sultan. La cour de Bagdad n'y pouvait consentir; elle n'avait accordé ce titre à aucun souverain; mais en lui donnant l'investiture, elle conféra à Djélal celui de Schahinschah, et dès-lors, ce prince se qualifia, dans ses lettres de serviteur du Khaliphe, l'appelant son seigneur et

maître.

Pendant le siége de Khelatt, Djélal donna Fordre de bâtir dans Ispahan un collège et une magnifique chapelle sépulchrale à coupole, pour y placer le cercueil de son père,

qui, en attendant la construction de ces édifices, devait être déposé dans le château fort d'Erdehan, situé sur le mont Doumavend, à trois journées au nord de Raï. Il écrivit à sa tante, Schah Khatoun, veuve d'Ardschir, prince du Mazendéran, pour la prier d'accompagner elle-même, avec les seigneurs et les prélats de la province, le corps du grand Sultan jusqu'à cette place forte. Mohammed de Nessa, chancelier de Djélal, chargé de dresser cette lettre, rapporte, dans la vie de ce prince, qu'il obéit avec répugnance, persuadé que les restes mortels du sultan Mohammed, ensevelis dans l'île de la Mer Caspienne où il avait rendu le dernier soupir, y étaient plus en sûreté qu'à Erdehan, contre la barbarie des Tatars, qui livraient aux flammes les ossements des rois, partout où ils en trouvaient, croyant qu'ils étaient tous de la dynastie Khorazmienne; ainsi, par exemple, dans la ville de Ghazna ils avaient exhumé et brûlé ceux de Mahmoud, fils de Sebuktekin, quoique ce prince fut mort depuis deux siècles. « L'événement, ajoute le même << auteur, ne tarda pas à justifier mes crain«tes; après la mort du sultan Djélal-uddin, les Tatars prirent le château d'Erde« han, et envoyèrent le corps de Moham

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<< med au Khacan, qui le fit brûler (1). » Avant d'entreprendre le siége de Khelatt, Djélal avait envoyé, de Méragha, un ambassadeur au sultan Seldjoucide Alaï-ed-din KeïCoubad, souverain du Roum ou de l'Asie mineure, avec une lettre où il témoignait le désir d'établir des relations amicales avec ce prince, et lui représentait même la nécessité de contracter ensemble une étroite union, puisqu'ils étaient, l'un à l'occident, l'autre à l'orient, les deux boulevards qui protégeaient le peuple de Mahomet contre la fureur des infidèles. Alaï-ed-din répondit à ces sentiments, et il fut convenu que, pour resserrer leurs nouveaux liens, Djélal donnerait une de ses filles en mariage à Key-Khossrou, fils du sultan de Roum (2).

Deux ambassadeurs de Kei-Coubad apportèrent à Djélal-ud-din, devant Khelatt, les protestations d'amitié de leur souverain. On les força de remettre les présents dont ils étaient chargés de la même manière que les sujets font leurs offrandes. Ils demandèrent la fille de Djélal pour le fils de Keï-Coubad; on

(1) Nessaouï.

(2) Histoire des Seldjoucides de Roum, ms. turc de la bibl. roy. à Paris.

djem.-2. 626.

mai

1229.

la leur refusa. Ils se plaignirent des actes d'hostilité commis contre leur maître par son cousin et vassal, le seigneur d'Erzen-ur-Roum, et demandèrent que le sultan leur livrât la personne de ce prince, et consentit à ce que Keï-Coubad prit possession de son territoire. Irrité de cette demande, Djélal leur répondit avec véhémence : « Djihanschah, quoique j'aie « à m'en plaindre, est venu à ma cour et s'y << trouve sous la garantie des lois de l'hospi<«<talité; il serait indigne de moi de le livrer « à ses ennemis. » Le mécontentement de ces ambassadeurs fut encore augmenté par la grossière insolence du vézir Schéréf-ul-Mulk. L'historien de Djélal-ud-din raconte, qu'entrant un jour chez ce ministre, où se trouvaient les ambassadeurs du Roum, il entendit qu'il les brusquait par des paroles inciviles et des fanfaronnades. « Si le sultan me le permettait, «<leur dit-il, entre autres choses, j'entrerais << dans votre pays, avec mes seules troupes, « et j'en ferais la conquête. » « Lorsqu'ils « furent sortis, ajoute Mohammed de Nessa,

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je demandai au vézir pourquoi il les avait << ainsi maltraités, quand leur maître nous témoignait de l'amitié? Il répondit: Tous « les présents qu'ils ont apportés ne valent pas « ensemble deux mille dinars! »

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Les deux ambassadeurs s'en retournèrent, peu satisfaits de leur mission, accompagnés de trois envoyés de Djélal-ud-din, qu'ils devancèrent, lorsqu'ils furent arrivés sur le territoire du Roum, pour aller informer leur maître du mauvais accueil fait à ses offres d'amitié et de services. Sur ce rapport, KeïCoubad résolut d'embrasser le parti d'Aschraf, et lui députa l'un de ces deux ambassadeurs pour lui offrir son alliance.

Au bout de six mois de siége, la ville de Khelatt fut prise d'assaut. Le sultan voulait la préserver des horreurs du sac; mais ses généraux vinrent lui représenter que les troupes avaient perdu, pendant un long siége, beaucoup de chevaux et de bétail; que s'il leur défendait le pillage, elles ne seraient pas en état de faire une nouvelle campagne; qu'elles pourraient même déserter leurs drapeaux. Ils insistèrent tant, que Djélal se vit obligé d'y consentir (1). Khelatt fut donc livrée au pillage pendant trois jours, et un grand nombre de ses habitants moururent dans les tourments] qu'on leur fit subir, pour les forcer à livrer leurs effets précieux. La population de Khe

28 dj.-1

627.

2 avr.

1230.

(1) Nessaoui.

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