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ter, dans un bassin, la tête de cette belle princesse, Seldjoukschah arracha de ses oreilles deux perles magnifiques, et les jeta aux musiciens de son banquet. Apprenant que les deux préfets de Houlagou dans Schiraz, Ogoul Bey et Coutlouc Bitikdji désapprouvaient hautement cet acte de cruauté, au lieu de chercher à les appaiser, il tua l'un de sa main et fit massacrer l'autre, ainsi que tous les gens qui appartenaient à ces deux commissaires mongols. A cette nouvelle, Houlagou ordonna l'exécution de Mohammedschah, auquel il venait d'accorder la permission de retourner dans son pays, et fit marcher contre le prince du Fars les généraux Altadjou et Timour, dont les deux divisions devaient être renforcées par des troupes d'Isfahan, du Louristan, de Yezd, du Kerman et d'Itch (1). Altadjou manda d'Ispahan à Seldjoukschah qu'il pouvait encore obtenir sa grace par son repentir, et que lui-même intercéderait en sa faveur; mais le prince ayant fait cruellement maltraiter la personne chargée de ce message, Altadjou entra dans le Fars avec le souverain du Kerman, l'Atabey de Yezd,

(1) C'était la résidence des princes Schébankarés du Farss.

frère de Turcan Khatoun et le prince Ilk Nizam-ud-din Hassneviyé, souverain d'un district montagneux dans le Fars. Seldjoukschah se retira avec ses troupes sur le bord du Golfe Persique. Les magistrats et les notables de Schiraz sortirent avec des drapeaux, des Corans et des mets, à la rencontre d'Altadjou; il les rassura, défendit à ses troupes, qui se disposaient au pillage, de faire le moindre tort aux habitants de Schiraz, et se porta tout de suite vers la côte. Seldjoukschah le combattit à Cazeroun, et fit des prodiges de valeur; mais obligé de céder au nombre, il se réfugia dans le mausolée d'un saint Scheikh, nommé Morsched, et y fut cerné par les Mongols. Dans ce péril, Seldjoukschah courut au sépulchre du saint, et brisa, d'un coup de massue, la pierre qui le couvrait, disant: 0 Scheikh! préte moi ton assistance; car il était connu dans ce canton que le Scheikh avait dit : Toutes les fois que vous serez menacés de quelque malheur, faites le moi savoir sur ma tombe, je vous en préserverai. Mais les Mongols ne tardèrent pas à enfoncer la porte de cette chapelle, y tuèrent beaucoup de gens de Seldjoukschah et d'habitants de Cazeroun qui s'y étaient également réfugiés, et prirent l'Atabey, qui fut

mis à mort au pied du château de Sifid, en 1264 (1).

Il ne restait plus de la dynastie des Salgar que deux filles de l'Atabey Sa'd, fils d'Aboubekr. L'une de ces princesses, Uns Khatoun, qui avait eu pour mère Turcan Khatoun, fut placée par Houlagou sur le trône de Fars.

L'affaire de Seldjoukschah terminée, le général Timour avait proposé à son collègue de passer au fil de l'épée les habitants de Schiraz, pour statuer un exemple capable d'empêcher à l'avenir de pareilles révoltes. Altadjou n'y voulut pas consentir, disant que les coupables avaient été punis, que les habitants de Schiraz étaient innocents et qu'une exécution semblable ne pouvait se faire que d'après l'ordre exprès du monarque. L'armée fut dissoute et Altadjou se rendit à la cour avec les personnes les plus notables du Fars.

Mais bientôt un autre orage vint fondre sur ce pays. Le Grand-juge Scheref-ud-din, l'un des principaux Seyids ou descendants de Mahomet dans le Fars, avait habité plusieurs années le Khorassan, et s'y était acquis une grande considération par ses actes de piété,

(1) Mirkhond, tom. IV, Dynastie des Salgarides.

Voulant en profiter, à cette époque, pour sa-
tisfaire ses vues ambitieuses, il invita les habi-
tants du Fars à lui prêter hommage; dans
chaque ville, chaque bourg où il passait,
beaucoup d'individus s'attachaient à sa for-
tune, croyant qu'il était le Mahdi attendu
à la fin du monde par les Schiyis, et qu'il
possédait le don des miracles. Ayant pris les
insignes de la royauté, il s'avança de Sché-
bankaré vers Schiraz avec ses sectateurs, qui
composaient déjà une petite armée. Le com-
mandant mongol à Schiraz et le principal
ministre d'Uns Khatoun concertèrent aussitôt
leurs mesures et marchèrent contre le Scheïkh
avec un corps de troupes mongoles et musul-
manes. Les deux parties se trouvèrent en pré-
sence près de Guvar. On croyait communé-
ment que le Scheïkh était assisté par des es-
prits, et que quiconque combattrait ce saint
homme serait incontinent frappé de paralysie.
Aussi personne de l'armée de Schiraz n'osa,
pendant quelque temps,
faire usage de ses

armes; enfin deux soldats se hasardèrent à
décocher des flèches; d'autres suivirent leur
exemple; les Mongols chargèrent les insurgés, redjeb
qui prirent la fuite, et le Seyid fut tué avec
la plupart des siens.

A la première nouvelle de cette révolte

663.

mai

1265.

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Houlagou avait ordonné d'appliquer un certain nombre de coups de baton au général Altadjou, pour le punir de n'avoir point passé au fil de l'épée les habitants de Schiraz comme le voulait son collègue. Il fit marcher incontinent un Touman de troupes, qui devait faire main basse sur la population de cette ville. Mais bientôt apprenant que le Seyid Scheref-ud-din avait péri avec les siens, comme on lui représenta que les habitants de Schiraz n'avaient point pris part à ce mouvement, il révoqua son premier ordre (1).

Uns Khatoun règnait depuis un an, lorsqu'elle fut mandée à l'Ordou, pour épouser le prince Mangou-temour, fils de Houlagou. Dès-lors le Fars fut administré par le Divan mongol, bien qu'il continuât à être gouverné sous le nom d'Uns Khatoun, qui mourut à Tébriz en 1287. Avec elle s'éteignit la dynastie Salgaride (2).

A la fin de l'année 1264, les Mongols assiégèrent El-Biret où commandait, pour le sultan d'Égypte, l'émir Djémal-ud-din Accousch. Ils avaient comblé avec du bois le fossé de

(1) Mirkhond, t. IV.

(2) Tarikh Gouzidé, bab IV, fassel 8.

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