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Djélal-ud-din et sa paix avec ces deux princes. Arrivée de Tchormagoun. Défection du vézir Schéref-ul-Mulc et de plusieurs généraux du sultan. Fuite et catastrophe de Djélal-ud-din.

APRÈS

PRÈS la retraite des armées de Tchinguiz-khan, la Perse, en grande partie dévastée, obéit encore quelques années aux Khorazmiens, et fut reconquise par les Mongols, qui établirent alors leur domination sur l'Asie occidentale.

On a vu que des trois fils apanagés du sultan Mohammed Khorazm-schah, l'aîné, Djélal-ud-din, s'était réfugié dans l'Inde; que Rokn-ud-din avait été tué par les Mongols dans la forteresse de Sutoun-avend, et qu'au moment de la dispersion de l'armée khorazmienne, campée devant Cazvin, Ghiath-uddin s'était retiré à Caroun, place forte du Mazendéran. Après la mort de Roknud-din, et la retraite des Mongols, l'Irac Adjem devint la proie de deux généraux turcs, l'Atabey Togan-Taïssy et Edek Khan, qui s'emparèrent chacun d'une partie de cette grande province. Ghiath-ud-din voulut s'attacher Edek, parce qu'il était maître

d'Ispahan; il lui promit sa sœur en mariage; mais, sur ces entrefaites, Edek ayant été vaincu, pris et tué par son rival, Ghiathud-din marcha sur Ispahan, reçut l'hommage de Togan, lui accorda la main de sa sœur, et se vit, en peu de temps, maître de l'Irac, du Khorassan et du Mazendéran; souveraineté qu'il dut bientôt céder à son frère aîné.

Lorsque Djélal-ud-din, poursuivi dans l'intérieur de l'Inde par une division de l'armée de Tchinguiz-khan, fut arrivé près de Delhi, ce prince fit demander un asyle au souverain qui y fesait sa résidence; c'était le sultan Schams-ud-din lletmisch, turc de naissance, ancien esclave du dernier sultan de Gour, qui, à la chûte de la dynastie Gouride, s'était emparé de la partie septentrionale de l'Inde. Craignant la présence d'un hôte aussi brave et entreprenant, Iletmisch lui fit entendre, en lui envoyant des cadeaux magnifiques, que le climat de son pays ne conviendrait pas à sa santé; qu'il ferait mieux de s'établir dans le Mouletan. Sur cette réponse, Djélal-ud-din rétrograda et fit, en passant, un butin considérable dans le pays de Djoudi.

Alors il vit arriver plusieurs généraux de

l'armée de l'Irac, qui, mécontents de son frère Ghiath-ud-din, venaient avec leurs troupes, se ranger sous ses drapeaux. Ce renfort le mit en état d'attaquer Caradja, prince du Sind, qui lui avait donné des motifs de ressentiment. Il entra dans son pays, saccagea plusieurs de ses villes et mit son armée en déroute; puis, apprenant que le sultan de Delhi marchait au secours de son voisin, il alla à sa rencontre; mais, au lieu de le combattre, Iletmisch lui Iletmisch lui proposa la paix et la main de sa fille. Le sultan accepta l'une et l'autre.

Néanmoins Iletmisch se ligua avec Caradja et d'autres princes de cette partie de l'Inde, pour expulser les Khorazmiens. Djélal-ud-din ne pouvant résister à leurs forces réunies, tint conseil avec ses généraux. Ceux qui avaient quité Ghiath, voulaient retourner en Irac, et représentaient au sultan qu'il n'aurait pas de peine à enlever le sceptre des faibles mains de son frère. Le général Euzbec l'engageait, au contraire, à rester dans l'Inde, où il serait à couvert des armes de Tchinguiz-khan, ennemi plus redoutable que tous les princes indiens; mais Djélal, séduit par l'espoir de recouvrer ses États héréditaires, se décida à rentrer en Perse. Il laissa à

Euzbec le gouvernement de ses possessions dans l'Inde, et à Vefa-Mélik, celui des pays de Gour et de Ghazna.

1223.

En traversant le désert qui sépare l'Inde du 620. Kerman, Djélal-ud-din vit périr une partie de ses troupes, par la disette et les maladies. Il ne lui restait que quatre mille hommes lorsqu'il arriva dans le Kerman (1). Un général turc, Borac-Hadjib, cherchait alors à se rendre maître de cette contrée. Né sujet du grand khan du Cara-Khitaï, et officier dans ses armées, il avait passé au service du sultan Mohammed, en qualité de chambellan, d'où lui venait le surnom de Hadjib. Plus tard il devint l'un des premiers officiers de Ghiath, qui lui donna le gouvernement d'Ispahan; mais, s'étant brouillé avec le vézir de ce prince, il obtint la permission d'aller avec ses troupes joindre Djélal-ud-din. En traversant le Kerman, il fut attaqué par le gouverneur de Kévaschir pour Ghiath, qui voulut enlever les femmes et les bagages de ses gens. L'agresseur fut repoussé, battit en retraite et alla s'enfermer dans un château fort voisin, où il fut pris et tué. Borac ne se contenta point de cette

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geance; il investit la place de Kévaschir, où commandait le fils du gouverneur. Tandis qu'il l'assiégeait, il apprit inopinément l'arrivée de Djélal-ud-din. Borac fit porter à ce prince de riches présents; il alla lui-même à sa rencontre, et lui offrit la main d'une de ses filles, que le sultan épousa. Dès que Djélal parut devant Kévaschir, cette place lui ouvrit ses portes (1). Il y séjournait depuis un mois, lorsqu'il fut instruit que Borac méditait de le trahir. Le général Orkhan lui conseilla de faire arrêter cet ambitieux et de s'emparer du Kerman; mais son vézir Khodja Djihan observa que si l'on se hâtait de punir le premier seigneur qui se fut soumis au sultan, comme sa trahison ne pouvait être prouvée à tout le monde, on s'aliénerait les esprits. Djélal-ud-din prit le parti de dissimuler, et continua sa marche. A son départ, Borac resta maître de Kévaschir, et bientôt son autorité fut reconnue dans tout le Kerman. Il conserva jusqu'à sa mort la possession de ce pays, sur lequel règnèrent après lui, dans l'espace de quatre-vingt-six ans, neuf de ses descendants, qui forment la dynastie des Cara

(1) Djouvéini. Tarikh gouzidé, bab IV, fassel 10.

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