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elles lui annonçaient que ce prince et ses quatre frères avaient embrassé l'Islamisme, lui proposaient une alliance contre Houlagou, demandaient l'envoi d'un corps de troupes égyptiennes vers l'Euphrate, et contenaient des témoignages d'intérêt pour le sultan du Roum Yzz-ud-din, que Bercaï recommandait à Beïbars, avec la prière de l'assister. Le sultan donna aux ambassadeurs de Bercaï des marques multipliées de sa munificence. A leur départ, il les fit accompagner de ses ambassadeurs, Schérif Amad-ud-din El-Abbassi et Fariss-ud-din El-Mass'oudi, chargés de sa réponse, écrite à mi-marge sur soixante-dix feuilles de papier, où il félicitait Bercaï de sa conversion à l'Islamisme, et lui demandait son assistance contre Houlagou. Il lui envoya de riches présents; il y avait un Alcoran complet que l'on croyait transcrit de la main du Khalife Osman, avec son pupitre et des tapis pour le Namaz, des candelabres, des flambeaux de marc d'olives, des tuniques de Barbarie, de toutes les sortes de tissus de lin et de coton de l'Égypte, des tapis en maroquin, des sabres, arcs, masses d'armes, casques, cuirasses, selles et brides; des caisses remplies de pointes de flèches, des vases de raisin, des lampes dorées, des eunuques noirs,

des femmes habiles dans l'art d'apprêter les mets, des chevaux arabes, des dromadaires de Nubie, des chamelles blanches, des onagres, une giraffe, du baume. Beïbars y joignit un turban qui avait été à la Mecque; car il avait commis un de ses officiers pour faire le pélerinage au nom de Bercaï; il avait envoyé des exprès à la Mecque et à Médine, pour ordonner d'insérer le nom du Khan mongol immédiatement après le sien, dans la prière publique du vendredi; ce qui eut lieu également au Caire et à Jérusalem. Il adressa même à ce prince le prône (Khoutbet) que le nouveau Khalife, El-Hakim bi emr-illahi Abou'l Abbas Ahmed, avait prononcé, en présence du sultan et des Grands du royaume, le premier vendredi après son inauguration au Caire, qui n'avait eu lieu que le 22 novembre 1262, quoique ce prince abbasside, abbasside, 8 molar. après avoir échappé au fer mongol dans le combat d'A'nbar, fut arrivé dans cette capitale le 21 mars. Il descendait à la quatrième gé- 27 rab. z nération du Khalife Abbasside Mostéréschid, assassiné, en 1135, par des Ismaïliyens. Beïbars renvoya dans leur patrie, avec les ambassadeurs de Bercaï, les deux cents cavaliers mongols, sujets de ce Khan, qui s'étaient sauvés du territoire de Houlagou, au moment

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de la rupture entre les deux descendants de Tchinguiz-khan.

Trois mois après le départ de ces ambassadeurs, il arriva au Caire une troupe de treize 30 oct. cents cavaliers mongols, qui avaient émigré du territoire de Houlagou. Beïbars avait donné l'ordre de les bien traiter sur la route; il sortit de la ville à leur rencontre. Ces étrangers mirent pied à terre et se prosternèrent du plus loin qu'il aperçurent le sultan. Il arriva plus tard en Égypte une seconde, puis une troisième troupe de semblables fugitifs. Tous ces transfuges, parmi lesquels il y avait une dixaine d'officiers distingués, avec le titre d'Aga, furent traités généreusement. Beïbars leur proposa d'embrasser l'Islamisme; ils y consentirent et firent leur profession de foi

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entre ses mains.

redjeb Le sultan accueillit également au Caire plusieurs officiers principaux de l'armée du 1264. Fars, des chefs de la tribu arabe Khafadjé et l'émir de l'Irac Aréb, qui venaient chercher un asile dans ses États; il leur donna des fiefs. L'année suivante, il fit partir pour la cour de Bercaï l'un de ses chambellans, Schudja-ud-din, avec la mission de prier ce prince d'arrêter les incursions de ses troupes sur le territoire de l'empereur grec, qui lui

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avait demandé son intervention. Il envoyait à Bercaï trois turbans qu'il avait portés en faisant le pélérinage de la Mecque, deux vases de marbre, du baume et d'autres pré

sents.

Tandis que les forces de Houlagou étaient occupées à défendre sa frontière septentrionale contre l'armée de Bercaï, le roi d'Arménie Hettoum, fils de Constantin, fit par son ordre une invasion sur le territoire du sultan d'Égypte. Hettoum, revenant de la cour de Houlagou, vit à Héraclée le sultan de Roum Rokn-ud-din, avec lequel il forma une étroite alliance. Arrivé dans ses États, il assembla des troupes et marcha sur Aïntab. Beïbars, qui était toujours bien informé de ce qui se passait près de ses frontières, avait déjà expédié aux troupes des principautés de Hamat et de Himss, l'ordre de se porter sur Alep; des troupes égyptiennes les suivirent. Les Arméniens furent surpris et mis en déroute avec quelque perte. Le roi d'Arménie appela à son secours un corps de sept cents Mongols qui étaient dans le Roum; ils s'avança en Syrie avec ce renfort, et fut joint par cent cinquante chevaliers d'Antioche. Cette petite armée ayant posé son camp dans les prairies de Harim,

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y souffrit beaucoup de la neige et des pluies; bientôt le manque de vivres la força de rétrograder, et dans sa retraite elle essuya des pertes. Hettoum avait fait faire un millier de manteaux et de bonnets à la mongole, dont il avait costumé ses gens, pour faire croire à l'ennemi qu'il avait reçu un nouveau renfort; mais son expédition n'aboutit qu'à attirer sur son territoire les troupes égyptiennes, qui après avoir ravagé ses frontières, et appris la dissolution de son armée, se jetèrent dans la principauté d'Antioche, où elles commirent également de grands dégats.

Vers le même temps, Beïbars reçut de ses agents secrets dans l'Irac, l'avis que Houlagou avait fait partir deux émissaires, munis de ses instructions écrites, pour tâcher de gagner les principaux officiers du sultan, et qu'ils avaient pris la route de Siss; ce qui lui fut confirmé par ses agents dans cette capitale du royaume d'Arménie. Le sultan apprit ensuite de St. Jean d'Acre qu'ils étaient partis de cette dernière ville pour Damiette. Il y envoya l'ordre de les arrêter. Amenés au Caire et interrogés, ils ne purent nier ce qu'on leur imputait et furent pendus.

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