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son nom, la vie sauve aux habitants de Djéziret. La ville se rendit et les Mongols en rasèrent les murs. Ils y placèrent, en qualité de commandant, Djemal-ud-din Gulbeg, l'un des officiers du prince de Djéziret; mais peu après, Samdagou ayant appris que Gulbeg avait remis à un émissaire de son ancien maître, une somme d'or que ce prince avait cachée en certain lieu, il le fit exécuter (1),

A la même époque arriva de l'Yrac en Égypte un émir transfuge, nommé Salar le Bagdadien. Né kiptchac, de la tribu Durout, il avait été mamelouc du khalife Dhahir, fils de Nassir, et en avait reçu le gouvernement de Vassit, Coufat et Hillet, qu'il conserva pendant les règnes de Dhahir, de Mostanssir, et de Mosta'ssim. Après la prise de Bagdad par Houlagou, Salar joignit ses troupes à celles du prince de Schoschter contre les Mongols; mais voyant qu'ils n'avaient pas assez de forces pour les combattre avec succès, il passa dans le désert de l'Hidjaz. Il y séjournait depuis six mois, lorsqu'il

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1262.

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(1) Bar Hebræus, p. 541. Samdaghu, mongol chrétien, jeune homme louable, » dit cet historien.

reçut une ordonnance de Houlagou, qui lui conférait son ancien gouvernement, dont il prit possession.

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Beïbars étant parvenu au trône, écrivit à Salar et l'engagea à plusieurs reprises de venir à sa cour. Salar y était disposé; mais il voulut différer l'exécution de son projet jusqu'à ce qu'il eut rassemblé ses richesses. Sur ces entrefaites le sultan dit un jour à Kilidj de Bagdad: « Ton camarade Salar viendra nous << trouver. >> Celui-ci lui répondit : « Ce n'est guère probable; car Salar est l'un des mé«< liks de l'Yrac; comment quiterait-il ce qu'il possède, pour venir dans ce pays-ci. » — «Eh bien, reprit le sultan, s'il ne vient pas volontairement, je le ferai venir malgré lui. » Il expédia un messager avec des lettres à l'adresse de Salar, qui semblaient être des réponses, et fit partir avec cet homme un second émissaire, auquel il ordonna de tuer le messager lorsqu'il aurait passé la frontière, et de le laisser là avec ce qu'il portait. Cet ordre exécuté, le corps du messager fut aperçu par les avant-postes mongoles, qui le fouillèrent et envoyèrent à la cour les lettres trouvées sur lui. Il y avait auprès de Houlagou un certain nombre de fils d'anciens Mameloucs du Khalife, que le prince mongol

avait attachés au service de sa personne; ils firent aussitôt savoir à Salar ce qui venait d'arriver. Salar vit que c'était un artifice. Il reçut peu après l'ordre de se rendre à la cour; mais, craignant d'être mis à mort, il se sauva sur le territoire du sultan d'Égypte, abandonnant ses biens et sa famille. Le sultan l'accueillit avec distinction, et lui donna un commandement militaire avec un fief considérable (1).

Houlagou fut empêché d'exécuter ses desseins sur la Syrie et l'Égypte, par une guerre qu'il eut à soutenir contre son cousin Bercaï, fils de Djoutchi, souverain des vastes contrées situées au nord de la Mer Noire et de la Mer Caspienne. On a vu (2) que la mort de Batou avait été promptement suivie de celle de son successeur Sartac, dont le fils en bas âge Oulagtchi fut placé par l'empereur Mangou à la tête de l'Oulouss de Djoutchi, sous la tutèle de sa mère, et que cet enfant étant mort au bout de quelques mois, Bercaï, le troisième fils de Djoutchi, avait été élevé au trône dans l'année 1256. Ce

(1) Novaïri.

(2) Tome II, p. 337.

prince, qui s'était fait musulman, et avait propagé l'Islamisme parmi ses sujets, se prévalant de son droit d'aînesse, et de ce qu'il avait principalement contribué à l'élévation au trône de l'empereur Mangou, faisait souvent à Houlagou de vives de vives remontrances. Il lui reprochait ses cruautés, ses fureurs exercées également sur amis et ennemis, la destruction de tant de villes mahométanes, la mort du Khalife, qu'il avait ordonnée sans avoir consulté les princes de sa famille. Bercaï avait encore un motif de ressentiment plus direct. Lorsque Houlagou avait marché en Perse, trois princes de la race de Djoutchi s'étaient joints à son armée: Balacan et Toumar, l'un petit-fils, l'autre arrière petit-fils de Djoutchi, à la tête du contingent de la branche de Batou; et Couli, fils d'Ourda, fils de Djoutchi, à la tête du contingent d'Ourda. Le prince Toumar fut accusé devant Houlagou d'avoir tenté de lui nuire par des maléfices; interrogé, il s'avoua coupable. Houlagou, par égard pour Bercaï, ne voulut pas punir son parent; il le lui fit conduire par le général Sougoundjac. Après avoir reconnu que le délit de Toumar était constaté, Bercaï, conformément au Yassai de Tchinguiz-khan, le renvoya à Houlagou afin qu'il

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disposât de son sort, et Houlagou le fit exécuter. Peu après moururent Balacan et Couli. 2 fév. Bercaï soupçonna qu'ils avaient été empoisonnés. Les familles de ces trois princes s'enfuirent de Perse, et gagnèrent Derbend, où elles s'embarquèrent pour la Kiptchakie.

Houlagou, las d'endurer les reproches et les réprimandes de Bercaï, déclara que, quoique ce prince fut son aîné, il ne méritait plus d'égards puisqu'il ne gardait plus de mesure. Bercaï, instruit du ressentiment de Houlagou, manifesta, de son côté, l'intention de venger le sang de tant de milliers d'individus qui avaient péri par ses ordres (1). Il fit marcher une armée de trente mille hommes commandée par Nogaï, cousin de Toumar, qui ayant franchi le Derbend vint camper à la vue de Schirvan (2).

Lorsque les troupes des trois princes de la branche de Djoutchi virent éclater la guerre entre leur souverain et Houlagou, elles sortirent précipitamment de la Perse; une par

(1) Selon Vassaf, les princes de la branche de Djoutchi prétendaient que l'Arran et l'Azerbaïdjan devaient leur appartenir; ce fut la vraie cause de la guerre.

(2) Nous ignorons quelle ville est désignée sous ce nom.

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