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Le prince Salih n'eut pas une destinée plus heureuse. Lorsqu'il était parti de Moussoul pour la Syrie, un de ses officiers, nommé A'lem Sangar l'avait quitté en route avec une troupe de cavaliers, pour rentrer dans cette ville. Les habitants et le préfet mongol lui en fermèrent les portes; mais au bout de quelques jours, le bas peuple d'un quartier, conduit par un certain Mohy, l'y introduisit avec ses gens, et le commandant mongol se retira dans la citadelle, ainsi que Tourkan Khatoun, fille de Djelal-ud-din Khorazmschah, qui n'avait pas voulu suivre son époux. L'entrée de Sangar fut le signal d'une cruelle persécution contre les Chrétiens. Leurs

.

«< même suffi pour tenir tête à un millier d'entre eux; « c'étaient donc des sommes perdues et des hommes sa«crifiés. » Macrizi rapporte que le sultan avait l'intention de donner au Khalife un corps de dix mille cavaliers, pour reprendre Bagdad, et de le faire accompagner par le prince de Moussoul et ses deux frères; mais que l'un de ces derniers lui conseilla, dans un entretien privé, de n'en rien faire, attendu que le Khalife, dès qu'il serait affermi sur le trône de Bagdad, deviendrait son ennemi, et chercherait à lui enlever l'Égypte; que le sultan, frappé de cet avis, n'envoya avec le Khalife que trois cent cavaliers.

maisons furent pillées; on mit à mort ceux qui ne voulurent pas se faire musulmans; beaucoup de prêtres, de diacres, de nobles et de gens du commun renièrent leur foi. En même temps les Curdes des environs entrèrent sur le territoire de Moussoul et y firent main basse sur les Chrétiens. Ils s'emparèrent d'un monastère de religieuses et tuèrent tous ceux qui s'y étaient réfugiés. Ils assiégèrent un couvent de moines; ceux-ci, après avoir fait une courageuse défense, près de succomber, achetèrent la retraite des Curdes au prix de leurs ornements d'église, et de tout l'or et l'argent qu'ils purent recueillir parmi les habitants chrétiens.

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Un corps de troupes mongoles, sous les ordres du général Samdagou, qui était chrétien, venait d'arriver devant Moussoul, pour réduire cette ville rebelle; averti par un espion que le prince Salih revenait, il se retira à une petite distance de Moussoul, pour l'y laisser entrer, et sur l'avis que Salih y était arrivé dans la soirée du lundi, 17 de décembre, il l'investit de nouveau, et l'entoura, dans une nuit, d'une ligne de contrevallation (1). Salih distribua de l'argent

(1) Bar Hebræus, p. 538.

aux Turcmans, Curdes et Schoules qui se trouvaient dans la place, et les anima à faire une vigoureuse résistance, les assurant qu'ils ne tarderaient pas à être secourus par le sultan d'Égypte. Ils se battirent si vaillamment, qu'au bout d'un mois Samdagou eut besoin de renforts.

En effet, Beïbars, dès qu'il apprit le siége de Moussoul, donna l'ordre à l'émir Schemsud-din Accousch, gouverneur d'Alep, de marcher au secours de cette ville. De Sindjar, Accousch expédia une colombe pour annoncer son approche. Cette colombe, s'étant arrêtée sur une catapulte des assiégeants, fut prise. Samdagou, informé par le billet qu'elle portait au cou, du lieu où se trouvaient les Égyptiens, fit marcher contre eux un corps de troupes qui les attaqua près de Sindjar. Un vent violent qui poussait le sable dans les yeux des Égyptiens, contribua à leur défaite; ils furent en grande partie taillés en pièces. Les vainqueurs saccagèrent la ville de Sindjar; puis, mettant les habits des ennemis tués, laissant flotter leurs cheveux à la manière des Curdes, ils s'avancent vers Moussoul. Les assiégés croyent voir arriver le secours qu'ils attendent; ils sortent de la ville et courent avec des cris de joie au devant

coup

de leurs auxiliaires; mais ils sont tout à entourés, et aucun d'eux n'échappe à la mort. Malgré cet échec, la place continua à se défendre. Enfin, au bout de neuf mois, elle fut réduite à l'extrémité par les ravages de la peste et de la famine. Alors le prince Salih offrit de se rendre, à condition que Samdagou l'enverrait au prince mongol et demanderait sa grace. On lui promit la vie sauve. Il sortit de la ville le 25 juin 1262, et se rendit au camp de Samdagou avec des présents et des mets (1), précédé de musiciens, de chantres et de baladins (2); mais le général mongol ne voulut ni le voir, ni manger de ses mets, et le mit sous bonne garde (3). Il rassura, au contraire, les habitants de Moussoul, et leur fit démolir les murailles de leur ville; lorsqu'ils eurent achevé, ils furent passés au fil de l'epée; le massacre dura neuf jours (4). Cette ville resta déserte; ce ne fut qu'après le départ des Mongols, qu'environ mille individus qui s'étaient

5 schab'.

660.

(1) Raschid.

(2) Bar Hebræus, p. 541.

(3) Raschid.

(4) Ez-Zéhébi.

cachés dans les montagnes et les cavernes d'alentour revinrent l'habiter (1), et Moussoul eut pour gouverneur l'officier, nommé Schemsud-din Ebn Younes, qui avait trahi le prince Salih, après lui avoir dérobé la lettre de son frère.

Salih, conduit à la résidence de Houlagou, fut mis, par l'ordre de ce prince, dans une peau de mouton, et resta exposé à l'ardeur du soleil pendant un mois entier, au bout duquel il mourut. Son fils Alaï-ud-din, âgé de trois ans, fut ramené à Moussoul. Après l'avoir enivré, on lui serra fortement le basventre avec une corde d'arc, et on le coupa par le milieu du corps; les deux parties furent suspendues aux jambages d'une des portes de la ville.

De Moussoul Samdagou marcha sur Djéziret, et y mit le siége, qu'il continua tout l'hiver. L'évèque nestorien de cette ville, Hananyeschoua (2), qui l'avait quittée, connu personnellement de Houlagou, devant lequel il s'était vanté de posséder la science de l'Alchimie, reçut de ce prince l'ordre de promettre, en

(1) Raschid.

(2) Ce nom syriaque signifie ta grace de Jésus.

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