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avait à son service un ingénieur habile à lancer des pierres avec les catapultes, qui faisait beaucoup de mal aux assiégeants. Ceuxci avaient reçu du prince Bedr-ud-din Loulou un homme qui excellait également dans cet art. On rapporte que les deux ingénieurs ayant tiré en même temps, les deux pierres se heurtèrent et volèrent en éclats. Au bout de quelque temps le siége fut converti en blocus. La garnison faisait des sorties; deux braves d'une force étonnante, allaient souvent attaquer les assiégeants et ne se retiraient qu'après avoir fait tomber plus d'un guerrier sous leurs coups. Mais le blocus prolongé causa la famine; les assiégés furent réduits à manger les chats, les chiens, puis le cuir de leurs chaussures, enfin de la chair humaine. Dans cette extrémité, des habitants mandèrent au prince Yschmout qu'il n'y avait plus personne pour défendre la place. Ce prince y envoyà le noyan Oroctou, qui trouva les rues jonchées de cadavres. Il n'y restait plus que soixante-dix personnes exténuées de faim, qui se cachèrent dans les maisons. Les Mongols coururent au pillage; mais les deux bramontés sur les toits, tuaient à coups de flèches les soldats qui passaient. Entourés, ils refusèrent de se rendre, et moururent

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en combattant. Le prince Kamil fut pris avec neuf de ses Mameloucs, et conduit à Houlagou, qui se trouvait alors près de Telbaschir, à son retour de Syrie. On a vu quels étaient les griefs de Houlagou contre ce prince éyoubite; il le traita avec cruauté. On lui arracha des morceaux de chair qu'on lui enfonça dans la bouche jusqu'à ce qu'il eut expiré (1). Kamil, qui était d'une austère piété, avait succédé, en 1244, à son père Mozaffer Schihab-ud-din Gazi, petit-fils d'Eyoub (2). Sa tête plantée au bout d'une lance parcourut la Syrie; d'Alep et de Hamat on la porta à Damas; elle fut promenée dans les rues de cette ville, précédée de chantres et de tambourins, et on finit par la suspendre, dans un filet, au mur attenant à la porte El Feradiss, où elle resta jusqu'à l'entrée du sultan Couttouz à Damas après sa victoire (3). Ce prince la fit inhumer dans le Mausolée de Housseïn, proche de cette même porte. Des neuf Ma

(1) Raschid.

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(2) Ben Tagri-birdi, 3° partie. - Cet historien rapporte que las de la domination mongole, Kamil était allé solliciter le prince de Syrie Nassir de le protéger, et qu'il en avait obtenu la promesse de secours.

(3) Messalik-ul-Abssar.

meloucs pris avec le prince Kamil, huit furent mis à mort, et le neuvième ne fut épargné que parce qu'il répondit, lorsqu'on lui demanda quelles étaient ses fonctions, qu'il était le chef de la vénerie du prince de Mayafarkin. Houlagou le prit à son service (1).

Maître de Mayafarkin, Houlagou ordonna à son fils Yschmout d'assiéger Mardin. A son retour de Syrie, il avait fait inviter Sa'ïd, prince de Mardin, à se rendre auprès de lui. Ce prince s'y refusa, par la même défiance de la parole de Houlagou qui avait déterminé Kamil à se défendre jusqu'à la dernière extrémité (2). Mozaffer, fils de Sa'ïd, était venu rendre hommage à Houlagou devant Alep. Le Khan envoya ce prince à Mardin, et lui dit: Va, conseille à ton père de venir; empeche-le de se révolter et de périr; mais son père ne voulut pas l'écouter et le fit même emprisonner. Alors Houlagou envoya un corps de troupes contre Mardin (3). Cette place, située sur une hauteur, étant hors de la portée des projectiles (4), fut tenue bloquée.

(1) Novaïri.

(2) Raschid.

(3) Bar Hebræus, p. 534.

(4) Vassaf.

Au bout de huit mois la famine et une épidémie y exercèrent de grands ravages. Le prince Saïd étant mort de maladie, son fils Mozaffer rendit la place, et fut investi par Houlagou de la principauté de Mardin, qu'il conserva jusqu'à sa mort, en 1296 (1).

Cependant le général Baïdéra ayant appris l'assassinat du sultan Couttouz, rentra en campagne avec un corps de six mille hommes, composé des débris de l'armée battue à Aïn-Djalout, et de quelques troupes cantonnées en Mésopotamie (2). Lorsque l'avantgarde mongole fut proche de la forteresse ElBiret, le prince Sa'ïd, fils du sultan Bedr

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(1) Bar Hebræus, ibid. - Raschid. Ce dernier historien rapporte que Mozaffer-ud-din ne pouvant déterminer son père à se rendre, prit le parti de l'empoisonner, et remit la place aux Mongols. Conduit à Houlagou, il répondit à ce prince qui lui reprochait son crime, qu'il avait tué son père pour sauver la vie de milliers d'habitants. Houlagou lui donna la principauté de Mardin. — Selon Vassaf, le prince Sa'id se rendit et fut mis à mort, avec ses ministres, au nombre de sept, malgré les promesses qui lui avaient été faites. Mozaffer fut alors tiré de prison et mis en possession des États de son père; mais il dut recevoir dans Mardin trois commandants (Baskaks) mongols.

(2) Zéhébi.

ud-din Loulou (1), auquel Couttouz avait donné le gouvernement d'Alep, afin d'engager son frère Salih, qui avait succédé à son père dans la principauté de Moussoul, de lui faire passer des avis sur les mouvements des Mongols, envoya contre eux un petit corps de troupes, malgré l'avis des chefs des Mameloucs A'ziziens et Nassiriens (2) à Alep, qui jugeaient que cette expédition, trop faible pour repousser l'ennemi, ne servirait qu'à l'attirer dans le pays; en effet, ce corps, attaqué par les Tatares, prit la fuite, et ce qui ne fut pas tué se retira dans El-Biret. Cet échec accrut l'animosité des Mameloucs contre le prince Sa'ïd; lorsqu'ils eurent appris l'assassinat de Couttouz ils se saisirent de sa personne, pillèrent ses tentes, lui extorquèrent tout son argent, puis ils le relâchèrent et se donnèrent pour chef l'émir Hossam-ud-din, qui, à l'approche de l'ennemi, évacua Alep et se retira vers Hamat. Les

(1) C'était le mélik El-Mozaffer Alaï-ud-din, qui venait de recevoir de Couttouz avec le gouvernement de Damas, le titre de Mélik Es-Sa'ïd.

(2) Les mameloucs du prince d'A'ziz, et de son fils Nassir, auxquels Couttouz avait accordé des fiefs dans le pays d'Alep.

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