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avait fait des fait des prodiges de valeur dans la bataille, lui avait demandé à Damas le gouvernement d'Alep et ne l'avait point obtenu; il en conçut un tel ressentiment, qu'il forma avec six autres officiers mécontents le complot de l'assassiner. Entre la station de Cosseïr et celle de Salahiyet, le sultan s'écarta de la route pour chasser. Les conjurés le suivirent; ils étaient seuls avec lui; Beïbars s'approcha de Couttouz et lui demanda la grâce d'un individu. L'ayant obtenue il prit la main du sultan pour la baiser; au même instant, l'émir Bektout lui porta un coup de sabre sur la nuque, l'émir Unss le renversa de cheval, l'émir Bahadour lui décocha une flèche, et Beïbars l'acheva (1). Les conjurés laissent là le corps inanimé de Couttouz et courent au camp, qui était déjà dressé à la station de Salahiyet. Ils entrent dans le pavillon royal; ils allaient placer sur le trône l'émir Bilban, le plus considérable d'entre eux, lorsque l'Atabey ou généralissime Faris-ud-din

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Acttaï, accourant, leur demanda ce qu'ils se

proposaient de faire.

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De prendre celui-ci pour sultan, dirent ils, en montrant Bilban. — Quel est en pareil cas l'usage des Turcs, reprit l'Atabey. Que le meurtrier succède, répondirent ils.

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Et qui l'a tué? demanda Acttaï. Celui-ci, dirent ils, montrant Beïbars. L'Atabey prit Beïbars par la main et le fit asseoir sur le trône. Je m'y place, dit Beïbars, au nom de Dieu; asseyez vous et prétez serment. C'est à toi, lui dit l'Atabey, de jurer le premier, que tu les traiteras loyalement, que tu les regarderas comme tes égaux, que tu leur donneras des commandemens supérieurs, que tu les éléveras en grades. Il lui adressa ces paroles pour appaiser le ressentiment des conjurés, qui en voulaient à l'Atabey de ce qu'il s'était opposé à l'exécution de leur complot, et pour cette raison, ils l'avaient empêché d'y assister. Beïbars donna ces promesses sous la foi du serment et les émirs lui jurèrent fidélité (1).

Beïbars partit avec eux pour le Caire, et rencontra Eïdémir, vice-roi d'Égypte en l'absence de Couttouz, lequel allait au-devant de

(1) Schafi, Vie de Beibars.

son maître. Eïdémir, instruit de l'événement par Beïbars, lui prête serment de fidélité, et retourne au château du Caire, pour y introduire le nouveau souverain qui y arriva dans la nuit. La ville était décorée pour la réception de Couttouz; ses habitants étaient dans la joie de son retour et de sa victoire sur les Tatares. Ils furent étrangement surpris lorsqu'au point du jour ils entendirent les crieurs publics proclamer, en ces termes, le changement de règne: 0 peuple! Demandez la miséricorde divine pour l'ame du sultan El-Mozaffer (Couttouz) et priez pour votre sultan Ez Zahir Beïbars. Les Égyptiens furent consternés de cette révolution; car ils redoutaient la domination tyrannique des Mameloucs Bahriyens (1).

Beïbars (2) était né turc, de la tribu kiptchaque des Alborlis. Il fut vendu à Damas pour la somme de huit cents drachmes; mais l'acquéreur s'étant aperçu qu'il avait une tache blanche à l'œil, résilia le marché; alors il fut acheté par l'émir Eïdékin El-Boundouc

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(2) Ce nom signifie, en turc, Bey léopard.

dari (1), et suivant l'usage des Mameloucs, il ajouta à son nom celui de son patron, s'appelant Beïbars El-Boundoucdari. Le sultan éyoubite Salih ayant disgracié Eïdékin, en 1246, lui prit ses Mameloucs, et avança successivement Beïbars, qui finit par être l'un des principaux chefs des Mameloucs Bahriyens. Devenu sultan, il créa général son ancien patron Eïdékin, et lui confèra le gouvernement de Damas (2).

Houlagou avait donné l'investiture de la province de Damas au prince Nassir, et l'avait laissé partir de sa résidence avec trois cents cavaliers syriens pour en aller prendre possession, la veille même du jour où il reçut la nouvelle de la défaite de son armée à Aïn-Djalout. Alors un Syrien lui ayant insinué qu'il ne devait pas se fier à Nassir, que ce prince se joindrait certainement à Couttouz, Houlagou envoya après lui trois cents cavaliers mongols avec l'ordre de le

(1) Boundoucdar était le titre d'un officier de la maison du sultan, chargé de lui présenter la boule lorsqu'il jouait au mail.

(2) Schafi, Vie de Beibars. Macrizi, El-Khittat, Biographie de Beïbars. Ben Tagri-birdi.

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tuer. Ils l'atteignirent dans les montagnes de Selmass et n'épargnèrent de sa suite que son astrologue, qui raconta quelque temps après à l'historien Bar Hebræus les détails de cette exécution. « J'étais assis, dit-il, dans la tente « de mélik Nassir, qui m'avait mandé pour << me consulter sur son horoscope, lorsque « nous vîmes arriver, à l'heure de midi, un << officier supérieur mongol, suivi d'environ cinquante cavaliers. Il dit à Nassir, qui était << sorti à sa rencontre, que Houlagou l'avait envoyé pour lui donner un festin, comme <<< une marque ultérieure de sa bienveillance, et l'engagea de le suivre avec les princes qui l'accompagnaient. Nassir monta « à cheval et partit avec une vingtaine <«< de personnes. Peu après nous vimes ar« river à nos tentes des cavaliers mongols qui nous dirent, que les autres officiers « de la suite du prince, civils et militai<«<res, étaient conviés au festin, qu'il fallait qu'ils s'y rendissent et qu'il ne restât au <«< lieu du campement que les valets, les <«< cuisiniers et les pâtres. Lorsque nous fu«< mes montés à cheval, ils nous menèrent « dans une vallée profonde, entourée de hauts. rochers, où nous trouvâmes les officiers mon

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gols et leurs gens. Tandis que ceux-ci nous

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