Imatges de pàgina
PDF
EPUB

Le prince éyoubite Sa'ïd qui avait combattu dans les rangs des Mongols, vint se

[ocr errors]
[ocr errors]

des Mongols; ce n'est guère probable. Selon Raschid, les Mongols tombèrent dans une embuscade, qui fut cause de leur défaite. Les historiens égyptiens et Haïton s'accordent à faire périr Kitou-boga dans la mêlée; mais Raschid raconte sa mort autrement. « Lorsque les Mongols prirent la fuite, dit cet auteur, on pressa Kitouboga de se sauver. Non, répondit-il, plutôt la mort, a et si quelqu'un d'entre vous peut rejoindre Houlagou « qu'il lui dise que Kitou-boga vaincu n'a pas voulu reparaître devant lui; qu'il a perdu la vie à son service. « Dites au prince qu'il ne s'afflige pas de la perte de ses « troupes; c'est comme si les femmes de ses soldats et les « cavales de ses haras, n'avaient pas porté d'un an. » « Abandonné des siens, et entouré d'ennemis, il se dé« fendit comme un lion. Son cheval s'étant abattu, il «fut fait prisonnier. On l'amena, les mains liées, devant « Couttouz, qui lui dit : Eh bien, ceux qui ont versé " tant de sang, qui, par leurs perfidies et leurs parjures, « ont fait périr tant de souverains, ont détruit tant de dynasties, sont donc enfin tombés dans nos filets. «Si je meurs de ta main, lui répondit Kitou-boga, « c'est par la volonté de Dieu. Ne sois pas enflé d'un « instant de succès, et songe que Houlagou vengera ma « mort d'une manière terrible. La Syrie et l'Égypte sea ront foulés aux pieds des chevaux mongols

[ocr errors]

et nos

« soldats emporteront chez eux du sable de ton pays. Houlagou a trois cent mille cavaliers comme moi.

«

[ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

rendre après leur déroute. Ayant mis pied à terre, il s'approcha du cheval du sultan pour lui baiser la main; mais Couttouz qui n'avait pas oublié les discours offensants de ce prince à son émissaire, le frappa du pied à la bouche, qu'il mit en sang, et l'un de ses écuyers lui coupa tout de suite la tête (1).

Dans le fort de l'action, le jeune mongol que Couttouz avait placé parmi ses Mameloucs, et qui le suivait à cheval, voyant une occasion favorable de venger son père, visa le sultan avec une flèche; un de ceux qui étaient auprès de lui le frappa pour l'empêcher d'exécuter son dessein, et il fut

[ocr errors]

«tes cavaliers tatars, repartit Couttouz, ils n'agissent « que par ruse et perfidie, et non en hommes courageux. « J'ai été toute ma vie fidèle à mon maître, répliqua Kitou-boga en fureur; je n'ai pas comme vous autres » trahi et assassiné mon souverain. Fais moi promptement « mourir, que je ne sois pas le jouet de ton orgueil. « Couttouz lui fit trancher la tête. Houlagou à qui « l'on rapporta les paroles de son général, le regretta «< vivement et prit soin de sa famille. »

[ocr errors]
[ocr errors]

(1) Novaïri. Cet historien observe que Couttouz fut le premier prince musulman qui, depuis le sultan Djelalud-din Khorazmschah, remporta une victoire signalée sur les Tatars.

tué sur le champ. On dit même qu'il décocha le trait et abattit le cheval du sultan " qui dut monter sur celui d'un de ses officiers (1).

Le camp des Mongols, leurs femmes et leurs enfants tombèrent au pouvoir des vainqueurs. Les préfets de Houlagou furent égorgés dans plusieurs villes. Ceux qui étaient à Damas purent se sauver (2). La nouvelle de la défaite y étant arrivée dans la nuit du samedi au dimanche 8 août, Zeïn-ul-Hafizzi, les commandants mongols et leurs partisans partirent incontinent; mais ils furent pillés par les habitants des campagnes. Les Mongols avaient occupé Damas pendant sept mois et dix jours.

Ce même dimanche le sultan adressa de Tibériade un rescrit à la ville de Damas, lui annonçant la victoire que Dieu lui avait accordée. Cette nouvelle y causa une joie d'autant plus vive que les Musulmans désespéraient de leur délivrance du joug des Mongols, jusqu'alors invincibles. Aussitôt les habitants musulmans de cette ville coururent

(1) Macrizi. (2) Raschid.

aux maisons des Chrétiens, les pillèrent, .et les abimèrent; des Chrétiens furent tués. On brûla les églises de St. Jacques et de Ste. Marie. Les Juifs eurent ensuite le même sort; leurs maisons et boutiques furent complétement pillées, et l'on dut employer la force armée pour empêcher le peuple d'incendier leurs habitations et leurs synagogues. Ce fut ensuite le tour des Musulmans qui s'etaient montrés les partisans et les agents des Mongols; ceux là furent massacrés. Couttouz arriva avec son armée devant Damas le mercredi 11 août, et y resta campé jusqu'au vendredi suivant qu'il entra dans cette ville. Il fit pendre plusieurs Musulmans qui s'étaient dévoués aux Mongols, entre autres Housseïn le Curde, hallebardier du prince Nassir, qui avait trahi son maître. Il fit pendre aussi une trentaine de Chrétiens et imposa à la population chrétienne de Damas une contribution de cent cinquante mille drachmes.

Le général Beïbars, envoyé à la poursuite des débris de l'armée mongole, s'était avancé jusqu'au territoire de Hamat. Les fuyards et leurs femmes se voyant près d'être atteints, abandonnèrent leurs bagages, relâchèrent leurs prisonniers, et se jetèrent vers la côte maritime, où ils furent pris ou tués en détail

par les habitants musulmans (1). Le noyan Ilga, hors d'état de tenir tête aux Égyptiens, se retira dans le Roum avec ce qui restait de Mongols (2). Couttouz, maître alors de toute la Syrie jusqu'à l'Euphrate, en distribua les fiefs militaires aux officiers des Mameloucs Salihiyens et Moïzziyens (3), ainsi qu'à ses propres créatures. Il donna le gouvernement de Damas à l'émir Sindjar; celui d'Alep, à Mozaffer (4), prince de Sindjar, fils du prince de Moussoul, Bedr-ud-din Loulou. Le prince Manssour fut confirmé dans la possession de Hamat. Aschraf, prince de Himss, lieutenant général de Houlagou en Syrie, fit demander sa grâce au sultan, qui la lui accorda, et lui laissa sa principauté (5).

Après avoir nommé ses lieutenants en Syrie, Couttouz partit de Damas, le mardi 5 26 schw. octobre, pour retourner en Égypte. Il suivait son armée. Le armée. Le général Beïbars, qui

(1) Macrizi.

(2) Raschid.

(3) Les Mameloucs Salihiyens étaient ceux du sultan eyoubite Salih; les Moïzziyens, ceux du sultan El-Moïzz Eibeg, le Turcman.

(4) El-Mozaffer Alaï-ud-din Ali.

[blocks in formation]
« AnteriorContinua »