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tiers du Caire, l'ambassadeur mongol et les trois personnes de sa suite, dont les têtes furent exposées à la porte de Zawila. Il n'épargna qu'un adolescent, et le plaça dans une compagnie de ses Mameloucs (1). Dans toute l'Egypte fut proclamée une exhortation de marcher pour la défense de l'Islamisme. Les préfets reçurent l'ordre de faire partir tous les militaires; ceux qu'on trouverait cachés, devaient être punis de la bastonnade.

Couttouz envoya un émissaire au prince de Himss, Aschraf, gouverneur général de Syrie au nom de Houlagou, et au prince Saïd, qui ayant été trouvé incarcéré dans la citadelle de Birét, avait reçu de Houlagou la principauté des cantons de Sébaïbet et de Baniass, leur demandant à l'un et à l'autre, de l'assister contre les Mongols. Son envoyé fut mal reçu de Saïd; ce prince le chargea de malédictions lui et son maître, et lui dit: Qui voudra s'allier avec cet homme là, ou lui préter soumission, avec d'autres propos offensants. Le même officier se rendit ensuite auprès du prince Aschraf, qui le reçut en particulier, se prosterna devant lui par res

(1) Raschid. Novaïri.

pect pour celui qui l'avait envoyé, le fit asseoir à sa place, et se mit en face de lui. Après avoir ouï son message, il lui répondit: Baisez la terre pour moi devant le sultan et dites lui de ma part que je suis à son service, soumis à ses ordres; que je rends grâces à Dieu de ce qu'il l'a suscité pour secourir notre religion; s'il combat les Tatares, la victoire lui est assurée (1).

A Salahiyet Couttouz tint un conseil de guerre. La plupart de ses généraux répugnaient à marcher plus avant; ils étaient d'avis de rester à Salahiyet. « O chefs des <«< Musulmans, leur dit Couttouz, depuis long<< temps vous êtes entretenus par le trésor

public, et vous reculez devant une guerre « sainte. Moi, je marche, et qui veut com<< battre me suive; qui ne le veut pas re<< tourne chez lui; mais Dieu ne le perdra « pas de vue, et sur sa tête retombera le des<< honneur des femmes mahométanes. » Il fit ensuite jurer aux généraux qu'il savait lui être attachés, de le suivre à la guerre. Le lendemain matin, les tymbales donnèrent, par son ordre, le signal du départ; les chefs

(1) Novaïri.

qui ne voulaient pas marcher furent entraînés par l'exemple des autres, et l'armée entra dans le désert.

L'émir Beïbars commandait l'avant-garde. Ce général qui, avec d'autres chefs des Mameloucs Bahriyens, avait quitté Nassir, parce qu'il n'espérait rien de sa pusillanimité, et atteint Gaza, où il s'était joint aux chefs des Curdes Scheherzouriens, avait envoyé de cette ville un officier au sultan Couttouz, pour lui demander la permission de se rendre avec les siens à sa cour, et le prier de leur promettre sûreté pour leurs personnes. Ayant obtenu sa demande, il arriva au Caire avec sa suite. Le sultan était allé à sa rencontre, et lui avait donné en apanage le canton de Calioub (1). Beïbars trouva les Mongols à Gaza; mais ils évacuèrent cette ville, et Beïbars l'occupa. Le sultan, après s'y être arrêté quelques jours, suivit la côte. Il reçut une députation des Croisés de St. Jean d'Acre, qui lui envoyaient des présents, et lui offraient même des troupes. Couttouz remercia ces députés, leur donna des robes d'honneur, et leur fit prêter serment que ceux d'Acre resteraient

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22 rab.I

7 mars.

(1) Novaïri.

neutres, leur jurant que si quelqu'un des leurs faisait du mal à ses gens, il reviendrait sur eux avant même d'attaquer les Tatares.

Lorsqu'il fut proche de l'ennemi, Couttouz fit des caresses à ses généraux et les anima au combat, leur rappelant combien de pays les Tatares avaient dévastés, les effrayant du même sort que tant d'autres guerriers, les exhortant à délivrer la Syrie, à secourir l'Islamisme, s'ils ne voulaient mériter les châtimens célestes. Émus de ses discours, les généraux fondirent en larmes et jurèrent qu'il fairaient tous leurs efforts pour chasser l'ennemi (1).

Cependant Kitou-boga ayant appris, à Baalbec, la marche des Égyptiens, réunit ses troupes dispersées en Syrie, et envoya sa famille et ses bagages dans la citadelle de Damas (2). Les deux armées se trouvèrent en 25 ram. présence le vendredi 3 septembre 1260, dans la plaine d'Aïn-Djalout (source de Goliath), entre Nablous et Baïssan. Les Égyptiens se présentaient au combat avec crainte; dès le commencement, la confusion se mit dans leur

658.

(1) Macrizi.
(2) Raschid.

aile gauche, qui tourna le dos; alors le sultan s'étant écrié par trois fois: O Dieu, donne a ton serviteur Couttouz la victoire sur les Tatares, chargea en personne, s'enfonça dans les rangs ennemis, et fit des prodiges de valeur. Il répétait les charges, encourageant les siens à braver la mort. Cependant l'aile gauche s'étant ralliée revint sur le champ de bataille. Les Mongols lâchèrent pied, après avoir perdu la plupart de leurs chefs. Le général Kitou-boga fut tué dans l'action par un émir nommé Djémal-ud-din Accousch. Une division mongole qui s'était retranchée sur une hauteur voisine, fut enveloppée et taillée en pièces. L'émir Beïbars poursuivit les fuyards, dont il ne se sauva qu'un petit nombre. Il s'en était caché dans un endroit couvert de joncs près du champ de bataille; Couttouz y fit mettre le feu et tous périrent. La victoire décidée, ce sultan mit pied à terre et rendit graces à Dieu par une prière de deux Rek'ats (1).

(1) Vassaf rapporte que les Mongols furent surpris dans leur camp par les Égyptiens, qu'ils ne prirent pas pour des ennemis, parce que ceux-ci, pour les tromper, avaient arboré des drapeaux blancs, semblables à ceux

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