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les ordres de Couschlou-khan, contre la ville de Nablouss. La garnison de cette place, ayant fait une sortie, fut passée au fil de l'épée. Les Mongols s'avancèrent jusqu'à Gaza, et ravagèrent la partie méridionale de la Syrie, pillant, tuant et faisant des captifs. Ils retournèrent de cette excursion à Damas, où ils vendirent le bétail et les effets qu'ils avaient enlevés. La petite ville de Banias,, située à une journée et demie de Damas fut saccagée (1). Sur ces entrefaites, Kitou-boga se rendit maître de la personne du mélik Nassir.

De la station d'El-A'risch, Nassir avait continué sa retraite vers Cathia; mais le sultan Couttouz, qui s'était avancé avec des troupes jusqu'à Salahiyét, inquiet de la présence en Egypte d'un prince éyoubite, voulut le mettre hors d'état de lui nuire; il écrivit aux chefs de ses troupes, entre autres, aux Scheherzouriens pour les engager, par des promesses d'argent et de grades militaires, à passer à son service. Séduit par ces offres, les Turcmans et les Curdes quittèrent l'un après l'autre Nassir. Il ne restait auprès de ce prince que son frère Zhahir, le mélik Salih Nour

(2) Macrizi.

ud-din Ismail, fils du souverain de Himss, et trois émirs de la famille des Caïméris, lorsqu'il arriva à la station de Cathia; mais il n'osa pas pénétrer plus avant en Égypte; changeant de route il se rendit par le désert à Schoubek. Lorsqu'il y arriva, il ne lui restait, non plus qu'à ceux qui l'accompagnaient, que les chevaux qu'ils montaient, et deux ou trois serviteurs; tous leurs bagages leur avaient été enlevés. Cette petite troupe s'achemina vers Carac, dont le souverain envoya au devant de Nassir des chevaux, des habits, des tentes et d'autres objets nécessaires, en lui laissant le choix de rester auprès de lui ou de s'établir à Schoubek. Nassir n'accepta point ces propositions; il passa dans le canton de Balca, mais bientôt trahi par deux halebardiers curdes à son service, qui allèrent instruire du lieu de sa retraite le noyan Kitou-boca, il fut arrêté avec sa suite par un détachement mongol sur le bord du lac Ziza, et conduit à ce général qui était occupé à assiéger A'djeloun. Le noyan mit à profit cette capture; il emmena le prince Nassir devant A'djeloun, et le contraignit d'ordonner au commandant de la place de la remettre aux Mongols. Cet officier obéit après quelque résistance, et A'djeloun fut rasée.

Ensuite le noyan fit partir pour Tébriz le prince Nassir, avec son frère Zhahir, et Salih, fils du prince de Himss, Aschraf. Moguith, prince de Carac, envoya avec eux son fils A'ziz, qui était encore enfant. Nassir passa par Damas, Hamat et Alep; lorsqu'il vit les ruines de cette dernière ville, ses larmes coulèrent en abondance. Houlagou lui fit un bon accueil et lui promit de lui rendre la Syrie, lorsqu'il aurait conquis l'Égypte (1).

Depuis des années, l'asyle de ceux qui fuyaient le fer ou le joug des Mongols, l'Égypte éprouvait à son tour la terreur d'une invasion prochaine. Cette crainte, d'autant plus légitime que les Mongols avaient conquis jusqu'alors tous les pays qu'ils avaient attaqués, fit émigrer d'Égypte la plupart des Africains qui s'y étaient domiciliés. Il arriva au Caire une ambassade mongole, chargée de sommer Couttouz à l'obéissance et, en cas de refus, de lui déclarer la guerre. (2). Le

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(1) Novaïri. Ben Tagri-birdi. Macrizi. salik-ul-Abssar. Raschid.

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(2) Selon Raschid, Houlagou, avant de quitter la Syrie, fit partir pour l'Égypte un ambassadeur avec une suite de quarante personnes et une lettre dont voici la substance: « Dieu a élevé la maison de Tchingniz-khan

sultan mit en délibération dans un grand conseil, s'il fallait se soumettre ou résister aux Mongols. Nassir-ud-din Caïméri, l'un des six généraux khorazmiens qui venaient de quitter le service de Nassir, observa qu'on ne pouvait pas se fier à la parole d'un prince qui l'avait violée envers le sonverain des Ismaïliyens, le Khalife, le seigneur d'A’ké, le prince d'Irbil. Le général Beïbars opina également pour la guerre. Après quelques débats, tous les chefs s'en rapportèrent à l'avis de Couttouz: « Eh bien, dit le sultan, << nous marcherons; victorieux ou vaincus <«< nous aurons fait notre devoir, et le peuple «< musulman ne pourra pas nous taxer de « lâcheté. » Il fut arrêté que les ambassadeurs de Houlagou seraient mis à mort, et

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« et lui a déféré l'empire de toute la terre. Tous ceux qui ont voulu résister à nos armes ont été anéantis. « La renommée de nos conquêtes, la gloire de nos ar«<mées invincibles ont frappé toutes les oreilles. Si vous adoptez le parti de la soumission, venez en personne m'apporter votre tribut, et recevez dans votre royaume <«< un gouverneur en mon nom; sinon préparez-vous à « la guerre. » D'après Novaïri, ce serait le noyan Kitouboca, qui aurait envoyé cette sommation au sultan d'Égypte.

«

15 sch. 26 juil.

que l'armée s'avancerait jusqu'à Salahiyet; en conséquence les ambassadeurs furent emprisonnés, et l'on pressa les préparatifs de guerre. Pour subvenir aux frais de l'armement, Couttouz eut recours à des impositions réputées illégales par l'Islamisme: il taxa les revenus et leva une capitation d'un dinar; mais ces deux contributions ne produisirent que six cent mille dinars. Il confisqua les biens de tous les serviteurs et secrétaires de Nassir qui avaient abandonné ce prince pour passer à son service. La femme de Nassir fut obligée de produire ses bijoux, dont on lui prit une partie. Les femmes des émirs Caïmariyens se virent enlever leurs effets précieux, et quelques-unes essuyèrent même de mauvais traitements (1).

Couttouz partit du château de la montagne, après avoir reçu le serment de fidélité de ses généraux. Son armée, forte d'environ douze mille hommes, se composait, indépendamment des forces de l'Égypte, des troupes syriennes qui avaient passé à son service, d'Arabes et de Turcmans. Le jour de son départ il fit décapiter, dans différents quar

(1) Macrizi.

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