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<< rien prendre de vos domaines; nous en << sommes garants. S'il vient à commettre quelque hostilité sur votre territoire, vous « serez le maître de traiter notre pays comme « il vous plaira. >> Le sultan parut satisfait de ces promesses, qui furent données sous la foi du serment (1). De son côté, Djélal-uddin jura l'oubli du passé, et fit partir deux de ses officiers pour accompagner Ghiath à sa cour; mais ce prince, qui avait lui-même provoqué un acte d'intercession du prince ismaïliyen en sa faveur, au lieu de se rendre auprès de son frère, alla chercher un asyle dans le Kerman (2). Peu de jours après son arrivée, Borac lui témoigna le désir d'épouser sa mère Beglou Aï, qui l'avait accompagné. Ils étaient l'un et l'autre au pouvoir de ce gouverneur et leur refus eut été inutile; cependant la princesse ne céda à sa demande qu'après une longue résistance. Conduits à Kevaschir, capitale du Kerman, ils y étaient à peine que deux parents de Borac proposérent à Ghiath d'assassiner ce gouverneur perfide, et de le reconnaître pour leur maître.

(1) Ibn-ul-Ethir.

(2) Nessaouï.

Il rejeta cette offre; mais Borac en fut instruit et après avoir arraché par la torture l'aveu des deux coupables, il les fit mettre en pièces sous les yeux de Ghiath. Ce prince fut luimême enfermé dans la citadelle, où il ne tarda pas à être étranglé avec une corde d'arc. Sa mère, qui était accourue à ses cris, éprouva le même sort. On fit ensuite mainbasse sur les cinq cents hommes qui les avaient accompagnés (1).

Cependant l'inquiétude que causait l'ambition turbulente de Djélal, avait déterminé plusieurs peuples du Caucase à se liguer contre lui avec les Géorgiens. Il s'était rassemblé, au nord de l'Arran, une armée de quarante mille hommes, composée de Géorgiens, Arméniens, Alans, Sérirs, Lesguis, Kiptchakes, Soussans, Abkhazes et Djanites. Le sultan marcha contre eux et posa son camp à Mendour. Comme ses forces étaient très-inférieures à celles des conféderés, son vézir Schéréf-ulMulk dans un conseil de guerre, de proposa, se borner pendant quelque temps, à leur couper les vivres, afin de les combattre avec plus d'avantage, lorsqu'ils souffriraient de la disette. Cet avis déplut tellement à Djélal, que

(1) Raschid.

saisissant une écritoire, il en frappa la tête du ministre, et s'écria: « Ce n'est qu'un vil <«< troupeau de moutons; est-ce que le lion << s'inquiète du nombre de ces faibles ani« maux? » Puis il imposa au vézir, pour le punir de son conseil, une amende de cinquante mille dinars.

Le lendemain, les deux armées se trouvant en présence, Djélal, pour encourager ses troupes, leur distribua ses trésors et les chevaux de ses haras. Du sommet d'une colline, il découvrit, à l'aile droite, les Kiptchacs, au nombre d'environ vingt mille hommes. Il leur envoya un de ses officiers, avec du pain et du sel, pour leur rappeler qu'il avait sauvé la vie, par son intercession, à nombre des leurs, prisonniers de son père, leur demandant si, pour prix de ce service, ils tireraient le sabre contre lui. Ce message produisit tout l'effet qu'il pouvait désirer; les Kiptchacs se retirèrent. Voyant alors avancer les Géorgiens, il fit dire à leur général Ivané, qu'ils devaient être fatigués de leur marche; que s'ils voulaient se reposer pendant ce jour, les jeunes gens, de part et d'autre, pourraient s'amuser à essayer leurs forces et leur adresse, à la vue des deux armées. Cette proposition fut acceptée.

Un des plus vaillants guerriers de la Géorgie se présente dans l'arène; le sultan court à lui et d'un coup de lance le perce d'outre en outre. Il fait mordre la poussière à trois fils de ce brave, qui s'avancent successivement

pour le venger; alors paraît un cinquième

champion d'une taille gigantesque; le cheval du sultan était épuisé de fatigue; ce prince aurait succombé sans son adresse à parer les coups de son adversaire; enfin, au moment où le Géorgien, renouvellant ses efforts, se précipite sur lui, la lance en arrêt, Djélal saute lestement à terre, le désarme et lui ôte la vie. Après cette dernière victoire, il donne avec son fouet le signal de l'attaque, et ses troupes, malgré la trêve, chargent les Géorgiens, qui prennent la fuite.

Délivré de ces ennemis, le sultan alla pour schew. la seconde fois entreprendre le siége de Khe- 826. latt. Il le continua pendant tout l'hiver, quoi- juil. qu'il fut forcé, par la rigueur du froid et l'a- 1229. bondance de la neige, à mettre une grande partie de ses troupes en cantonnement dans les villages voisins. Il reçut dans son camp le prince d'Arzen-ur-Roum, Rokn-ud-din Djihanschah, de la branche des Seldjoukides du Roum, qui, ayant eu des démêlés avec Djélal, venait, pour les faire oublier, lui rendre

une

hommage, et lui offrir des présents de la valeur de dix mille dinars. Le sultan lui fit l'accueil le plus distingué, et en le congédiant, lui ordonna de lui envoyer des instruments de siége. Ce prince fit transporter au camp khorazmien une grande catapulte, des boucliers, des traits et d'autres armes (1). Les princes d'Amid et de Mardin offrirent, par des ambassadeurs, leurs soumissions au sultan. Il exigea qu'ils fissent réciter la prière publique en son nom. Il reçut aussi ambassade de la cour de Bagdad. Le Khaliphe Nassir était mort en 1225, dans la quarantesixième année de son règne, le plus long que présente la dynastie des Abbassides, peu après la défaite de son général Couschtimour; son fils et successeur Zhahir n'avait occupé que neuf mois le trône pontifical, et Mostanssir, fils de ce dernier, envoyait un ambassadeur à Djélal pour lui faire deux demandes: la première, que le sultan n'exerçât aucun droit de suzeraineté sur les princes de Moussoul, d'Erbil, d'Abouyé et du Djebal, feudataires du souverain pontife; la seconde, qu'il rétablit le nom du Khaliphe

(1) Novaïri.

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