Imatges de pàgina
PDF
EPUB

historiens mahométans rapportent, avec indignation, qu'ils buvaient publiquement du vin, même en ramazan; qu'ils en aspergeaient, dans les rues, les habits des Musulmans et les portes des mosquées; qu'ils forçaient les Musulmans de se lever, lorsqu'ils passaient avec la croix devant leurs boutiques, insultant ceux qui s'y refusaient; qu'ils parcouraient les rues chantant des psau mes et proclamant que la foi du Christ est la vraie foi; qu'ils détruisirent même des mosquées et des minarets voisins de leurs églises. Outrés de ces insultes les Musulmans s'en plaignirent au gouverneur mongol; mais il était chrétien (1); il les traita avec mépris, en frappa même plusieurs; il témoignait, au contraire, beaucoup d'égards aux prêtres, visitait les églises, protégeait les chefs des Chrétiens. De son côté Zein-ul - Hafizzi se faisait livrer de grosses sommes par les habitants, en achetait des étoffes dont il fai

[ocr errors]

(1) Guiboga (Kitou-boca), dit Haiton (Hist. or., «< ch. 30), aimait beaucoup les Chrétiens; car il était « lui-même de la race des trois rois qui vinrent adorer << notre Seigueur, à sa nativité. » Kitou-boca était Kéraïte, nation de la Tartarie, qui, depuis plusieurs siècles, professait le christianisme.

[ocr errors]

sait présent à Kitou-boga, à Baïdera et aux autres officiers mongols; il leur envoyait chaque jour des charges de vivres pour leurs festins (1).

La citadelle de Damas ne s'était pas ren6 rabi-2, due. Kitou-boga en commença le siége dans la nuit du 21 mars, et battit la place avec une vingtaine de catapultes, jusqu'au 6 avril qu'elle capitula. Les Mongols la pillèrent, en brûlèrent les édifices, démolirent la plupart de ses tours, et y détruisirent toutes les machines de guerre. Zeïn-ul-Hafizzi écrivit à Houlagou pour demander ses ordres à l'égard du commandant de la citadelle et de son adjoint, faits prisonniers; il reçut en réponse leur arrêt de mort, et l'exécuta de sa propre main, en leur coupant la tête, à Merdj-Bargout, où Kitou-boca venait de poser son camp.

Le prince eyoubite Aschraf (2), petit-fils de Schircouh, qui, après le départ du prince Nassir pour l'Égypte, était allé rendre hommage au conquérant mongol, dans son camp devant Alep, et avait été réintégré par ce

(1) Macrizi.

(2) Aschraf Mozaffer-ud-din Moussa.

prince dans la souveraineté du pays de Himss, que Nassir lui avait enlevée, douze ans auparavant, lui donnant en échange le pays de Telbaschir, venait d'être nommé par Houlagou son lieutenant-général en Syrie; il arriva au camp de Merdj-Bargout, et Kitou-boca manda à Zeïn-ul-Hafizzi, ainsi qu'aux autres autorités de Damas, de lui laisser les rênes de l'administration (1).

Après avoir réduit la citadelle d'Alep, Houlagou s'était porté sur la forteresse de Harem, située à deux journées au nord-ouest d'Alep, sur la route d'Antioche. La garnison sommée de se rendre, avec promesse sous serment qu'il ne serait fait de mal à personne, répondit que comme la religion de Houlagou lui était inconnue, elle ne pouvait pas se fier à son serment; mais que si un Musulman lui jurait sur l'Alcoran qu'elle aurait la vie sauve elle livrerait le château. Houlagou leur fit demander de qui ils voulaient ce serment. lls désignèrent Fakhr-ud-din Saki, dernier commandant de la citadelle d'Alep, comme un homme dont la parole aurait toute leur confiance. Houlagou envoya Fakhr-ud-din à Ha

(1) Novaïri. Macrizi. Messalik-ul-Abssar.

rem, avec l'ordre de jurer tout ce qu'on voudraft. Sur la foi de son serment la place fut livrée; on en fit sortir tout le monde. Houlagou, irrité du peu de cas fait de sa parole, fit d'abord mourir Fakhr-ud-din, puis il ordonna le massacre de toute la population de Harem; on tua jusqu'aux enfants à la mamelle. On n'accorda la vie qu'à un habile orfèvre arménien (1).

Houlagou reçut à Alep la nouvelle de la mort de l'empereur Mangou, et prit la résolution de retourner dans ses États (2). Il laissa à Kitou-boca le commandement de son armée en Syrie, nomma Fakhr-ud-din gouverneur d'Alep, et Baïdera gouverneur de Damas. En partant d'Alep, il donna l'ordre de raser les

-

(1) Raschid. Messalik-ul-Abssar. p. 533.

Bar Hebræus,

(2) Raschid. —« Tandis que Haolou, dit Haïton, (Hist. « or., chap. 29), se disposait à passer dans le royaume « de Jérusalem pour délivrer la terre sainte des mains « des Sarasins, et la restituer aux Chrétiens, il reçut un « courier qui lui apportait la nouvelle de la mort de son «< frère. »>- D'après ce même historien, il paraîtrait que Houlagou était parti de Syrie avec l'intention d'aller en Mongolie briguer le trône suzerain; mais qu'il apprit, Tébriz, l'élection de son second frère Coubilaï.

murs de cette ville et de la citadelle; ce qui fut exécuté. Il recommanda au prince Aschraf Moussa de démolir également les fortifications de Himss et de Hamat. Ce prince ne fit détruire qu'une petite partie de la citadelle de Himss, sa capitale; mais la citadelle de Hamat fut rasée par son ordre. Les murailles de cette ville, destinées au même sort, furent conservées par l'adresse d'un certain Ibrahim, fermier des domaines. Il fit entendre à Khousrewschah, préfet de Houlagou, que les Francs étant dans le voisinage, à Hissn-ul-Acrad, si la ville de Hamat était mise hors d'état de se défendre, ses habitants n'y pourraient pas rester. Cette raison, appuyée d'une forte somme d'argent, détermina ce préfet à laisser subsister les murailles de Hamat (1).

Le noyan Kitou-boca reçut dans son camp de Merdj-Bargout des députés des Francs de la côte, qui lui apportèrent des présents, et le prince Zhahir, frère du prince Nassir, que le général mongol confirma dans la possession de Sarkhad (2). Une division fut envoyée, sous

[ocr errors]
[ocr errors]

(1) Novaïri. Messalik ul-Abssar. Hissn-ul-Acrad, ou le château des Curdes, est situé entre Himss et Tripoli.

(2) Novaïri.

« AnteriorContinua »