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Les généraux allèrent témoigner à Couttouz leur mécontentement de ce qu'il avait déposé Manssour, pour se mettre lui-même sur le trône. Il s'excusa en alléguant la marche de Houlagou, et l'alarme donnée par le prince de Syrie. « Je n'ai eu en vue, dit-il, « que de repousser les Tatares, et comment «< y réussir sans un chef. Lorsque nous au<< rons battu l'ennemi, vous disposerez du << trône; vous prendrez pour sultan qui vous << voudrez. » Il parvint à appaiser le courroux de ses rivaux et se voyant sûr de conserver le pouvoir, il fit conduire à Damiette Manssour, sa mère et son frère, qui sous le règne suivant furent envoyés à Constantinople. Couttouz fit emprisonner huit généraux; puis ayant reçu le serment de l'armée, il pressa les préparatifs de guerre. Il écrivit au prince de Syrie pour le rassurer sur ses dispositions à son égard, lui jurant qu'il ne lui disputerait pas la possession de ses domaines; qu'il se regardait comme le lieutenant de Nassir en Égypte; que si Nassir voulait s'y rendre, il le placerait sur le trône; que prince agréait ses services, il marcherait à son secours; mais que si sa présence pouvait causer quelque inquiétude à Nassir, il lui enverrait son armée sous le commandement

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de tel chef qu'il voudrait désigner. Cette lettre portée à Nassir par un officier égyptien qui accompagna son ambassadeur, dissipa sa méfiance (1). Le danger était pressant, Houlagou venait d'entrer en Syrie.

Maître de la Mésopotamie, le prince mongol avait assiégé et pris El-Biret sur l'Euphrate. Dans la citadelle de cette place, était enfermé depuis neuf ans le prince eyoubite Saïd (2), qui fut mis en liberté. L'armée mongole passa l'Euphrate sur des ponts jettés à Malattia, Cal'at-ur-Roum, El-Biret et Kirkissia. Houlagou fit saccager la ville de Maboug et laissa des garnisons dans les châteaux d'El-Biret, Nedjam, Dja'bar, Callonicous et Lasch, sur le bord de l'Euphrate, après en avoir fait passer les habitants au fil de l'épée (3); puis il marcha sur Alep.

La terreur du nom mongol fit émigrer une

(1) Ibn Tagri-birdi.

(2) Il était fils de Melik El-A'ziz Osman, fils de Melik El-Adil.

(3) Bar Hebræus, p. 532. Houlagou était accompagné dans son expédition en Syrie par sa femme Docouz Khatoun, que Bar Hebræus appelle toujours princesse fidèle et aimant le Christ.

foule d'habitants de cette ville, qui se dirigèrent sur Damas, tandis qu'un grand nombre de familles de Damas se réfugiaient en Égypte; c'était en hiver, la rigueur de la saison fit périr en route beaucoup de ces fugitifs; la plupart furent pillés (1). Pour comble de maux, la peste faisait des ravages en Syrie, et principalement à Damas (2). Une division mongole posa son camp près du village de Salmiyet, peu distant d'Alep, et quelques troupes se montrèrent devant cette ville, dont la garnison sortit aussitôt, suivie d'une multitude de volontaires de la dernière classe du peuple; mais voyant que l'ennemi, en nombre supérieur, l'attendait de pied ferme, elle rentra précipitamment dans la place. Le lendemain le gros de cette division s'approcha d'Alep; les chefs de la garnison tinrent conseil sur la place publique, et quoique le prince Moa'zzam Touranschah, qui y commandait, eut défendu aux siens de sortir, à cause de la trop grande supériorite de l'ennemi, une partie des troupes, et avec elles beaucoup de gens du peuple, quittèrent la

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ville pour aller se poster sur le mont Bancoussa. Voyant s'avancer un corps mongol, des troupes musulmanes descendirent pour l'attaquer. Les Mongols tournèrent le dos et les ayant attirés à leur poursuite l'espace d'une heure, les firent tomber dans une embuscade. Ceux qui purent se sauver se mirent à fuir vers la ville, poursuivis par les Mongols; lorsqu'ils passèrent près du mont Bancoussa, les troupes et les volontaires qui y étaient restés se précipitèrent également vers les portes d'Alep; mais il en périt un grand nombre. Le même jour cette division mongole se porta au nord d'Alep, sur la ville d'A'zaz qui capitula (1).

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Houlagou arriva peu de jours après devant Alep et manda au prince Moazzam : « Vous «< n'êtes pas en état de nous résister. Rece<< vez un commandant de notre part dans la ville, un autre, dans la citadelle. Nous << marchons contre Nassir; si son armée est battue, le pays sera à nous, et vous au« rez épargné le sang des Musulmans; si nous <<< sommes vaincus, il dépendra de vous de «< chasser ou de tuer nos deux commandants. >>

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(1) Ibn Tagri-birdi.

Le prince d'Erzen-ur-Roum fut chargé de cette proposition que Moazzam rejeta par ces mots: Entre nous il n'y a que le sabre (1).

658.

24 janv.

La ville d'Alep était ceinte de fortes murailles et bien pourvue d'armes. Les assiégés commencèrent par tirer une ligne de contrevallation; dans l'espace d'une nuit, ils eurent creusé un fossé large de quatre coudées, et profond de plus de cinq pieds, dont le parapet avait la hauteur de cinq coudées. Vingt catapultes jouèrent contre la place (2), qui fut prise d'assaut le septième 9 safer jour du siége (3), et saccagée pendant cinq jours, au bout desquels Houlagou fit proclamer qu'on cessât le massacre. Les rues d'Alep étaient encombrées de cadavres. Beaucoup d'individus qui s'étaient réfugiés dans quatre hôtels de seigneurs, dans un couvent mahométan, et dans le temple des Juifs, tous garantis par des sauve-gardes, échappèrent à la mort. On rapporte qu'environ cent mille femmes et enfants furent réduits en captivité, et vendus, soit dans le royaume de

1260.

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