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<< nel. Nous croyons fermement à la parole « révélée et nous savons comment elle doit « être interprêtée; mais, certes, c'est pour « vous que le feu a été créé; c'est pour con«<sumer votre peau. Lorsque les cieux se fen« dront, que les étoiles seront dispersées, que « les mers confondront leurs eaux, et que les sépulchres seront renversés, l'ame verra le << tableau de toute sa vie (1). N'est-il pas « étrange de menacer les lions de contusions, « les tigres des hyénes et les braves des « goujats? Nos chevaux sont de Barca, nos « sabres du Yémen; nos bras sont renommés << de l'Orient à l'Occident. Nos cavaliers s'élan<< cent comme des lions, et nos chevaux at« teignent tous ceux qu'ils poursuivent. Nos << sabres taillent en pièces et nos coups sont << des coups de tonnerre. Notre peau est notre << cotte de mailles; nos poitrines sont nos cui«rasses. Les injures ne brisent point nos «< cœurs; les menaces ne nous causent aucune frayeur. Contre vous la résistance est à Dieu << obéissance. Si nous vous tuons, nos vœux «< seront exaucés; si nous sommes tués, le pa<< radis nous attend. Vous dites: Nos poitrines

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(1) Coran, chap. 82, v. 1.

« sont comme les rocs; nous sommes aussi « nombreux que les grains de sable; mais le << boucher s'effraye t-il du grand nombre des « brebis; ne suffit-il d'un de feu pour peu

pas

« consumer un vaste bucher? Nous ne fuirons «< pas la mort pour vivre dans l'opprobre. Si « nous vivons, nous serons heureux; si nous <«< mourons, nous serons martyrs. N'est-ce pas « que les milices de Dieu triompheront? (1) « Et vous exigez de nous l'obéissance que « nous rendions au chef des fidèles, au vicaire «< du prophète; nous ne vous obéirons pas. « Certes nous préférons d'aller le joindre. Vous <«< demandez que nous nous rendions à vous, « avant que le voile s'entrouvre, et que vous << nous ayez atteints. Les grains de ces paroles « sont mal enfilés. Et si le voile se déchire, << si le destin s'accomplit, on verra qui a failli, en apostasiant, en retournant au culte « des idoles, en reconnaissant plus d'un Dieu. « Certes, vous avez avancé de si étranges « choses, que peu s'en est fallu que les cieux « ne se fendissent, que la terre ne s'entrouvrit, « et que les montagnes ne se fussent écroulées (2).

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(1) Coran, chap. 5, v. 65. (2) Ibid, chap. 19, v. 92.

<< Dites à votre secrétaire, le rédacteur de « votre lettre : Tu ne t'es pas contenu dans de

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justes bornes, malgré ta concision. En vé« rité, nous ne faisons pas plus de cas de ta << prose que du son du rabab (1) ou du bour<< donnement d'une mouche; car tu as payé «< d'ingratitude ton bienfaiteur et tu as mérité << un sévère châtiment. Certes, nous tiendrons registre de leurs discours, et nous leur en fe«rons porter la peine avee usure (2). Tu te

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joues de nous avec tes menaces mensongères; «< tu as seulement voulu montrer ton éloquence; « c'est à toi qu'on peut dire : Tu t'es souvenu « de quelque chose et tu en as oublié beau« coup d'autres. Tu as écrit: Les pervers sau« ront un jour le sort qui leur est destiné (3); << telle est ton apostrophe; en voici la réponse : « Le commandement de Dieu s'accomplira; ne « le hátez pas (4).

(1) Espèce de violon persan.
(2) Coran, chap. 19, v. 78.
(3) Ibid, chap. 26, v. 227.

(4) Vassaf, tom. I. Cet historien qualifie de chefd'œuvre d'éloquence la première pièce, attribuée à l'astronome Nassir-ud-din. La beauté de ce style, chéri des Arabes, consiste dans son énergique concision, dans le choix de mots sonores, dans la brièveté des membres de

« Le prince Nassir, Seïf-ud-din ibn Yag<<mour, Alaï-ud-din El-Caïméri et les autres

périodes, tous cadencés et rimés, dans des jeux de mots et des allitérations; mais la nécessité de trouver des consonnances introduit parfois des chevilles, que la traduction rend encore plus saillantes. Au reste, les citations du Coran et tout ce qui a rapport à la religion mahométane, paraissent assez déplacés dans une lettre écrite an nom d'un prince païen.

Le texte de ces deux lettres est aussi rapporté, mais avec quelques variantes, par Macrizi, dans son Histoire d'Égypte, et par Ahmed ben Arabshah, dans sa Vie de Timour. Selon Macrizi, la première fut adressée par Houlagou, au sultan d'Égypte Couttouz, après son retour en Perse de son expédition en Syrie. Ahmed ben Arabschah annonce d'abord qu'il avait vu une sommation et sa réponse dans un livre où l'une était attribuée à Timour et l'autre à Melik Ez-Zahir (c'est le sultan d'Égypte Bercouk); mais que ces deux pièces n'avaient, à l'exception des versets du livre sacré, rien d'élégant, ni de fleuri; puis il ajoute, après les avoir transcrites, qu'il avait trouvé dans un vieux manuscrit cette même sommation, sortie de la plume de Nassir-ud-din de Thouss et adressée, au nom de Holagoua le Tatare, au sultan d'Égypte, ainsi que la réponse, dont il ignorait l'auteur. M. Silvestre de Sacy a donné, dans sa Chrestomathie arabe, tom. I, le texte de ces deux lettres avec une traduction et des notes.

Selon Macrizi (Ann. égypt. sous l'an. 657), la lettre

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généraux et guerriers de Syrie, ne refusent

« pas le combat; ils attendent avec impatience

que Houlagou envoya au prince de Syrie par son fils, était conçue en ces termes :

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<«< Nous avons conquis Bagdad avec le glaive du ToutPuissant; nous avons tué ses défenseurs, détruit ses édifices, exterminé ses habitants, ainsi qu'il est dit dans <«<le livre divin: Lorsque les rois prennent une cité, ils «< la ruinent, et les plus nobles de ses citoyens en devien«nent les plus vils. Nous avons fait comparaître devant « nous son Khalife, et l'avons interrogé; il nous a menti; puis se repentant, il reconnut qu'il méritait la mort. « Il avait entassé des richesses; mais son ame était abjecte; <«< il amassait de l'argent et ne levait pas de soldats. Son «< nom était respecté, son rang élevé. Quant à nous, « Dieu nous préserve du terme fatal.

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α

« A la reception de cette lettre, hâtez vous de vous « rendre, avec vos généraux, vos troupes et vos trésors, «< à l'obéissance du sultan du globe, au souverain de la << terre; vous vous préserverez de sa colère, et obtien« drez ses bienfaits, selon la parole divine, dans le livre « sacré: Certes, l'homme n'a que ses actions; elles seront « examinées, et il sera traité en conséquence. Ne retenez « pas long-temps nos envoyés, comme vous avez retenu « les précédents; accueillez les dignement, et congediez << les avec honneur. Nous avons appris que des négociants <«<et autres habitants de Syrie se sont enfuis, avec leurs << familles et leurs richesses, vers Caravan Seraï; s'ils se « sont retirés sur les montagnes, nous les saperons; s'ils

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