Imatges de pàgina
PDF
EPUB

dans la garde royale, exclusivement composée de ces mameloucs turcs. C'était parmi leurs chefs que le sultan Salih choisissait les grands officiers de sa maison, et ses courtisans les plus intimes. Ils parvenaient aux premiers grades militaires, possédaient les plus beaux fiefs et jouissaient de gros revenus; car l'armée régulière d'Égypte, dont la force varia, depuis Saladin, entre dix et vingt-cinq mille cavaliers, recevait pour son entretien, soit des terres que le militaire faisait valoir, soit le produit des impositions d'un canton, qu'il percevait à son profit (1). Les Mameloucs Bahriyés venaient de signaler leur valeur contre les guerriers de St. Louis. Ils avaient sauvé l'Égypte à Manssoura et contribué essentiellement à la perte de l'armée française. Dans leur esprit de corps et leur ambition était leur force. Les chefs de cette milice se succédèrent sur le trône d'Égypte.

La Syrie appartenait au prince Nassir Salahud-din Youssouf, qui avait hérité en 1236,

(1) Macrizi, Description de l'Égypte, tom. I. Chap. Divan ul-Assaker, tom. III. Chap. Devlet ul-Mémalik ilBahriyet; Djuyousch ud-Devlet il-Turkiyet ; ul-Djebel, article Et Thabac.

Cal'at

à l'âge de six ans, la principauté d'Alep, de son père A'ziz, petit-fils de Saladin, et s'était emparé, en 1250, après l'assassinat de Touranschah, de la principauté de Damas, qui obéissait au sultan d'Égypte. Maître alors de presque toute la Syrie, il entreprit de chasser du trône d'Égypte l'affranchi turc qui venait de l'usurper; mais il fut battu par Eïbeg, et 1251. peu après un ambassadeur du Khalife vint offrir sa médiation aux deux princes, qui firent la paix. Nassir céda au sultan d'Égypte Jérusalem, Gaza et la côte jusqu'à Napelous. Eibeg ayant fait assassiner Faris-ud-din 1253. Acttaï, l'un des principaux chefs de Mameloucs, qui lui faisait ombrage, les troupes de ce général, au nombre de sept cents cavaliers, et les officiers des Mameloucs Bahriyés, ses anciens camarades, prirent la fuite, entre autres Beïbars et Calavoun, qui occupèrent ensuite le trône. Ils sortirent du Caire pendant la nuit, passèrent en Syrie et obtinrent du prince Nassir la permission de se rendre à sa cour; ils en recurent de l'argent, des robes d'honneur, des fiefs militaires. Ils le pressaient de marcher sur l'Égypte; mais Nassir se méfiait de ces chefs turbulents, contre lesquels d'ailleurs le sultan Eïbeg, dans ses lettres, lui inspirait des soupçons. Nassir profita tou

tefois de cet incident pour redemander au roi d'Égypte le pays qu'il venait de lui céder, alléguant que les Mameloucs Bahriyés, qui avaient reçu du sultan leurs fiefs dans ces districts, se trouvaient présentement à son service. Eïbeg le lui rendit, et Nassir confirma ces mêmes officiers dans la possession de leurs bénéfices militaires.

Mais les chefs des Bahriyés ne restèrent pas long-temps fidèles à Nassir. Jugeant que ce prince faible était peu propre à servir leurs desseins, ils allèrent trouver un autre Eyoubite, le prince de Carac, Moguith Omar, et le prièrent de les seconder dans leur projet d'attaquer Eïbeg, avançant faussement qu'ils étaient appelés par les généraux égyptiens. Moguith, fils du sultan d'Égypte Adil, enfermé dans le château de Schoubek par le sultan Touranschah, et après son assassinat, élargi par le commandant de cette place, était devenu, en 1251, souverain de Schoubec et d'Alcarac. Les circonstances favorisaient une entreprise sur l'Égypte; Eïbeg venait d'être assassiné; son fils Manssour, âgé seulement de quinze ans, occupait le trône sous la tutèle du général Couttouz, affranchi d'Eïbeg. Le prince de Carac marcha déc. sur l'Égypte; mais Couttouz le battit, prit

1257.

plusieurs chefs des Bahriyés et les fit décapiter (1).

Le prince de Syrie avait, quelques années auparavant, envoyé à la cour de Mangou, avec de riches présents, son vézir Zeïn-uddin el-Hafizzi, qui rapporta à son maître des lettres de sauve-garde (2). Néanmoins, les progrès rapides des armes de Houlagou et ses projets menaçants causaient de vives inquiétudes au prince Nassir, qui se repentant de n'avoir pas encore envoyé son hommage au conquérant mongol, voulut alors réparer sa négligence. Il fit partir, en 1258, pour la cour de Houlagou, son fils A'ziz, encore enfant, avec le vézir Zeïn-ud-din, un officier général, plusieurs chambellans, et de riches

[ocr errors]

(1) Novaïri (Tadj-ud-din) Nihayet ul-ereb fi funoun ilédeb. Fenn V, cassm 5, bab 12. Des sultans d'Égypte. Macrizi, (Taki-ed-din Ahmed) Es-Sulouk li ma'rifet duwel il-Mulouk, 1re partie. Ibn Tagri-birdi (Djemal-ud-din Youssouf), En Nudjoum uz-záhiret fi mulouk Misser v'el-Cahiret, 3 partie. Tagri birdi est la prononciation arabe des deux mots turcs Tangri virdi, qui signifient Dieu-donné.

(2) Raschid. Cet historien ajoute, ce qui n'est guère probable, qu'après l'arrivée de Houlagou en Perse, le prince d'Alep entretint avec lui des intelligences secrètes.

présents, lui donnant une lettre pour Bedrud-din Loulou, dans laquelle il priait ce prince de Moussoul d'interposer ses bons offices pour faire agréer ses excuses à Houlagou (1).

Lorsque les ambassadeurs de Nassir furent admis à l'audience de Houlagou, ce prince leur demanda pourquoi leur maître n'était pas venu en personne. Ils alléguèrent que le prince de Syrie craignant, s'il s'absentait de son pays, que les Francs, ses voisins et ses ennemis, ne vinssent l'envahir, s'était fait représenter par son fils. Houlagou feignit d'a657 gréer cette excuse. Il retint le jeune A'ziz tout 1259 l'hiver, et lorsqu'il le congédia, il lui fit re

mettre pour son père une lettre de sommation, rédigée en arabe par Nassir-ud-din, et conçue en ces termes :

« Au nom de Dieu, créateur des cieux et <«< de la terre! Sachez, ô prince Nassir, que « nous sommes arrivés devant Bagdad, en 655, « et que nous avons fait prisonnier son sou« verain. Il en avait mal agi envers nous.

(1) Novaïri.

re

Macrizi (1 partie) avance que Nassir faisait prier Houlagou, par ses ambassadeurs, de l'aider à enlever l'Égypte aux Mameloucs.

« AnteriorContinua »