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suma, près de Malattiya, et un Maphrian, ou Primat, dont la dignité était intermédiaire entre celles de patriarche et d'archevêque, qui, résidant à Tacrit, exerçait sa jurisdiction sur les diocèses les plus à l'orient. On comptait en Syrie, dans l'Asie mineure, dans les contrées arrosées par l'Euphrate et le Tigre jusqu'à cent vingt-un évèchés jacobites. Le patriarche des Arméniens, établi dans la ville de Cala't-ur-Roum, sur le bord de l'Euphrate, étendait son autorité sur soixante-quatre diocèses; enfin les patriarches catholiques nestoriens, qui siégeaient, au temps de la monarchie perse, à Coché, près de Séleucie, ville qui n'était séparée de Ctesiphon que par la largeur du Tigre, passèrent à Bagdad, lorsque les Khalifes Abbassides y eurent établi leur résidence. Ces pontifes, qui n'étaient, avant le schisme de Nestor, que les suffragants du patriarche d'Antioche, avec le titre d'archevêques de Séleucie, et qui, en se séparant, vers l'an 498, de l'église orthodoxe, se qualifièrent de patriarches catholiques, étaient élus par un synode composé d'un certain nombre de métropolitains et évêques des diocèses les plus voisins de Bagdad, et allaient, après avoir obtenu la confirmation du Khalife, se faire sacrer,

suivant l'usage antique, dans l'église de Coché.

Les patriarches nestoriens avaient obtenu des Khalifes que, ni le Catholique des grecs melkites, suffragant du patriarche d'Antioche, ni le Maphrian des Jacobites, n'aurait la faculté de résider à Bagdad. Les Jacobites y avaient seulement un évêque, et il était permis qu'un évêque grec y vint de temps à autre visiter ses coréligionnaires.

Les contrées de l'Asie où s'étaient répandus les chrétiens nestoriens, furent divisées en vingt-cinq provinces ou archevêchés, subdivisés en plus de soixante-dix diocèses. Elles comprenaient l'Irac Areb, la Mésopotamie, le Diarbécr, l'Azerbaïdjan, la Syrie, la Perse, l'Inde, la Transoxiane, le Turkustan, la Chine, et le Tangoute (1).

Le patriarche nestorien était non- seule

(1) Assemani Bibl. Orient., tom. II, pag. 1560 et 1569, et Dissertatio de Monophysitis, passim, tom. III, pars 2, pag. 171, 190, 616 à 656. Id. De Catholicis seu Patriarchis Chaldæor. et Nestorianorum, Commentarius, Romæ 1775, in-4°. Præfatio S IV, pag. 56. Steph. Evod. Assemani Codices mss. Orient. Bibl. Laurent. Medic., pag. 15. Michaëlis Le Quien, Oriens Christianus, Parisiis 1740, in-fo, tom. II, pag. 1078 et suiv., pag. 1343 et suiv.

ment le chef spirituel, mais aussi le premier magistrat des Chrétiens de son rit, et il tenait des Khalifes le droit de juger les différends qui s'élevaient, soit parmi les Jacobites, soit parmi les Melkites. Le clergé même de ces deux rites était placé sous sa jurisdiction, aux termes de deux diplomes dont les textes arabes nous ont été conservés. En voici la traduction: « Le souverain << des Fidèles a jugé à propos de vous insti<< tuer Catholique des Chrétiens nestoriens, «< habitants de la ville du salut (Bagdad), << et de toutes autres contrées, et de vous placer à leur tête, aussi bien qu'à la tête « des Jacobites et des Grecs, domiciliés dans <«<les pays musulmans, ou qui s'y trouvent «< de passage. Faites respecter vos ordres par << tous les Chrétiens (1). »

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Beaucoup de Chrétiens exerçaient la profession de médecins, et malgré la défense de la loi, il y en avait un grand nombre employés comme scribes dans les bureaux de l'administration, soit à Bagdad, soit dans d'autres États mahométans. Ces médecins et scribes se

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(1) Assemani Bibl. Or., tom. III, pag. 2. Dissertatio de Syris Nestorianis, p. C.

prévalaient de leur crédit pour exercer de l'influence sur leurs coréligionnaires, et diriger les élections des patriarches. Il y eut, sous les Khalifes Omayates et sous les Khalifes Abbassides, quelques Chrétiens qui obtinrent des préfectures dans les provinces. Les Chrétiens prospérèrent en Égypte, du temps des successeurs de Saladin (1); mais ces épo

comme

(1) On peut juger de l'influence qu'ils y avaient acquise, par le passage suivant du Testament politique que le sultan Salih écrivit pour son fils Moazzam, ce jeune prince qui fut massacré par ses officiers au commencement de son règne, peu de jours après avoir fait prisonnier Saint Louis : « O mon fils, porte ton attention sur << l'armée, que les Chrétiens ont affaiblie, en même temps « qu'ils ont ruiné le pays; ils vendent les terres, << si l'Égypte leur appartenait. Ils exigent d'un Émir, « lorsqu'il reçoit son brevet, deux cent dinars et plus, << d'un simple militaire, jusqu'à cent; si la somme destinée « à l'entretien d'un cavalier est de mille dinars, ils la <«< lui assignent sur six endroits éloignés l'un de l'autre; <«< alors le soldat a besoin de quatre intendants, lesquels dissipent son revenu. Telle est la cause de la déca<< dence du militaire; et les Chrétiens agissent ainsi pour « ruiner le pays, et affaiblir l'armée, afin que nous soyons <«< contraints de quiter l'Égypte... Nous avons ouï <«< dire qu'ils avaient mandé aux princes des Francs de la <«< côte et des îles Vous n'avez pas besoin de faire la « guerre aux Musulmans; car nous la leur faisons nuit

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ques heureuses avaient peu de durée; la moindre circonstance réveillait l'envie et le fanatisme des Mahométans, et d'ailleurs les biens que les chrétiens avaient acquis par leur industrie causaient leur perte. Ils étaient toujours à la merci des agents de l'autorité, et quelquefois les victimes d'émeutes populaires. Quelquefois aussi, par leurs dissensions, ils s'attiraient eux-mêmes leurs disgraces.

Les Mongols ne faisaient pas plus de cas des Chrétiens que des sectateurs de Mahomet; mais, attaquant des contrées mahométanes, ils avaient intérêt à s'attacher des populations ennemies de la nation dominante. La protection de ces conquérants, et l'état chance

« et jour; nous nous emparons de leurs biens; nous « avons leurs femmes; nous ruinons leur pays; nous affaiblissons leur militaire. Venez, prenez le pays; nous « ne vous y avons laissé aucun obstacle. L'ennemi est « avec toi, dans ton royaume; ce sont les Chrétiens; <«<et ne te fie pas à ceux d'entre eux qui se sont faits <«< Musulmans; car aucun d'eux n'a embrassé l'Islamisme, « sans quelque motif particulier, et son ancienne religion « reste cachée dans son cœur, comme le feu dans le bois. » Novaïri. Cet historien rapporte le texte de ce testament politique, assez étendu, que le sultan Nassir écrivit, pendant la maladie qui termina ses jours, et que Novaïri a transcrit de l'original tracé de la main du sultan.

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