Imatges de pàgina
PDF
EPUB

On voit que, dans la suite des temps, la plupart de ces prohibitions ne furent pas

[ocr errors]

nommé une commission de docteurs de la loi, sous la présidence du grand-juge Schems-ud-din Es-Suroudji, du rit hanéfi, laquelle s'étant réunie dans le collège de Salih, fit comparaître le patriarche des Chrétiens, plusieurs de leurs évêques, des principaux membres de leur clergé et de leurs notables, ainsi que le chef du clergé juif, avec les principaux habitants israélites, et leur demanda quelles étaient les conditions auxquelles leurs ancêtres avaient souscrit, du temps du Khalife Omar, fils de Khattab, pour obtenir sûreté et protection. Sur leur déclaration qu'ils l'ignoraient, les Oulémas firent des recherches, desquelles il résulta que les Chrétiens et les Juifs s'étaient soumis, lors de la conquête, aux conditions qui viennent d'être énoncées. Elles furent d'abord communiquées au patriarche, qui assura, au sein de cette réunion de magistrats mahométans, qu'elles seraient observées par ses coréligionnaires. Le grand prêtre des Juifs promit, à son tour, de communiquer ces défenses à ceux de sa nation. On prit acte de leur engagement, et l'observance de ces anciens statuts fut décrêtée. Des ordres furent expédiés en conséquence aux préfets en Égypte et en Syrie.

Novaïri dit ensuite qu'il a trouvé dans un ouvrage, intitulé: Ed durru es tseminu fi ménakib il-Mosslimin, ve metsalib il-Moschrikin. (Perle précieuse, sur les vertus des Musulmans et les vices des Polytheïstes), par Mohammed, fils d'Abd-our-rahman, el Katib (le Scribe), livre dédié au sultan Saladin, une lettre adressée par les Chrétiens de Syrie et d'Égypte au Khalife Omar, dans la

maintenues, puisque des souverains ordonnèrent, à diverses époques, que les tributaires fussent astreints aux conditions qui leur avaient été imposées par le Khalife Omar. L'orgueil, la haine, le fanatisme mahométan, reveillés par une circonstance quelconque, faisaient revivre ces humiliantes exigences, auxquelles les Chrétiens cherchaient à se soustraire, dès qu'ils voyaient leurs maîtres se relâcher de

[ocr errors]

quelle ils renouvellent l'engagement qu'ils avaient pris, lorsque ce chef des croyants était venu dans leur pays, d'observer toutes les prohibitions à eux imposées, en retour de la sûreté accordée à leurs personnes et à leurs biens, et où ils spécifient ces prohibitions. Omar l'ayant lue, ajouta à tout ce que les Chrétiens s'obligeaient de ne pas faire, les mots suivants: « et à ne frapper aucun « Musulman. Nous nous engageons à tout cela, pour nous « et nos coréligionnaires, acceptant à cette condition, grâce et sûreté; si nous enfreignons quelqu'une de ces défenses, nous perdrons à votre égard le droit du talion, << et nous consentirons à être traités comme les autres rebelles à l'autorité. » Ensuite Omar écrivit : « J'accorde ce qu'ils demandent; le tout à condition que celui qui aura frappé un Musulman, sera censé avoir vivlé son engagement. » Après la mort du Khalife Omar les Oulémas décidèrent unanimement que si un tributaire violait le pacte, en enfreignant l'une des conditions susdites, le souverain des Musulmans serait en droit de le condamner, soit à la mort, soit à l'esclavage.

leur rigueur. Le premier exemple de persécutions exercées contre les Chrétiens et les Juifs fut donné, dit-on, vers l'année 853, par Motavakkil, le dixième des Khalifes Abbassides (1). Irrité contre les Chrétiens, on ne sait pour quelle raison, il fit jeter leur patriarche Théodose dans les fers, expulsa tous les prêtres de Sermeraï, sa résidence, ordonna aux Chrétiens de porter des ceintures (zonar), et d'y coudre une pièce d'étoffe, afin qu'on pût mieux les distinguer; leur défendit de monter des chevaux, de porter des habits teints, d'orner leurs tuniques, selon l'usage du temps, de morceaux d'étoffes découpés, de se montrer dans les rues les vendredis, d'élever la voix dans leurs prières, de faire apprendre à leurs fils l'écriture arabe. On rasa leurs tombeaux; on mit devant leurs portes des images du diable, en bois; plusieurs églises et couvents furent démolis, les reliques qu'ils renfermaient, jetées dans le Tigre. Il fut défendu d'employer dans l'administration aucun Chrétien ni Juif (2),

(1) Mirkhond, tom. II.

(2) Amrou, à l'article du patriarche Théodosius, dans Assemani Bibl. Orient., tom. III, pars 1, pag. 510 et Mirkhond, règne du Khalife Motavakkil.

511.

[ocr errors]
[ocr errors]

On peut également citer la persécution que le Khalife Fathimite Hakim fit essuyer aux Chrétiens et aux Juifs d'Égypte et de Syrie au commencement du onzième siècle. Il ordonna que les chrétiens porteraient au cou une croix d'une coudée et du poids de cinq livres (rattel), et les Juifs, un morceau de bois, ainsi que des grelots. Il fit détruire toutes les églises en Égypte (1); mais il est à remarquer que ce Hakim avait de fréquents accès de folie, et qu'il ne traitait pas mieux ses sujets musulmans,

+

A l'époque des conquêtes arabes, les Chrétiens d'Asie étaient déjà divisés par trois grands schismes au sujet du mystère de l'incarnation. L'hérésie des Nestoriens répandue, dès le cinquième siècle de notre ère, consistait principalement dans le dogme qu'il y avait deux personnes dans Jésus-Christ; l'une de Jésus homme, enfanté par la Vierge; l'autre procé dant du verbe de Dieu; et que l'incarnation n'était pas l'union naturelle et hypostatique du verbe divin avec la nature humaine; mais

(1) Novaïri. Selon Marès, historien Syriaque, les Juifs devaient suspendre à leur nuque une tête de veau. Voyez Assem, Bibl. Or. Dissert. de Syr. Nestor., p. CI.

une simple habitation du verbe dans l'homme, comme dans son temple. Il s'éleva, presque à la même époque, une autre secte, celle des Monophysites, appelés ensuite Jacobites, laquelle professait qu'il n'y avait dans JésusChrist qu'une seule personne, composée à la fois des natures divine et humaine, mais sans mélange. Cette doctrine se répandit principalement en Syrie et en Egypte; dans les contrées plus orientales la majorité des Chrétiens étaient de la secte de Nestor. Enfin l'Église arménienne se sépara aussi de l'Église catholique, à la suite du concile de Chalcédoine, par le dogme qu'il n'y avait qu'une nature dans Jésus-Christ, et par plusieurs autres doctrines. Les Chrétiens qui avaient conservé la foi orthodoxe, étaient appelés Grecs ou Melkites, cest-à-dire impériaux, parce qu'ils reconnaissaient l'autorité des empereurs de Byzance, et restaient soumis au patriarche d'Antioche.

Ce patriarcat, dont la jurisdiction s'étendait primitivement sur tous les diocèses de l'Asie, fut réduit à d'étroites limites, lorsque les Nestoriens, les Jacobites, les Arméniens se furent séparés de l'Église grecque. Les Jacobites avaient un patriarche, qui siégeait soit à Amid, soit dans le monastère de Bar

« AnteriorContinua »