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répartis parmi les compagnies mongoles, et passés au fil de l'épée.

Une députation de notables vint demander grace pour une population qui ne faisait plus de résistance, et dont le chef allait se remettre entre les mains du prince mongol. Sur ces entrefaites, l'un des principaux officiers de Houlagou, nommé Hindou Bitikdjy ou le secrétaire, ayant eu l'œil crevé d'une flèche, le prince en colère donna l'ordre de hâter la prise de la ville, et chargea Nassir-ud-din de se tenir à la porte Halébé, pour rassurer les habitants, qui commencèrent à sortir dans la plaine.

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Le vendredi 8, Eïbeg le Dévatdar fut mis 2 saf. à mort. Houlagou fit venir en sa présence le général Soleïman-schah, les mains garrottées. Comment, lui dit-il, toi qui es astrologue, qui connais l'influence propice ou funeste <«< des astres, n'as tu pas prévu le jour fatal, « et donné à ton maître des avis salutaires? « Le Khalife, répondit ce guerrier, était lié « par sa destinée; il n'écoutait pas les con<«<seils de ses serviteurs fidèles. » Houlagou le fit mourir avec tous les gens de sa maison, au nombre de sept cent. L'Émir Hadj-ud-din, fils du grand Dévatdar, eut le même sort. Les têtes de ces trois personnages furent re

4 saf.

mises au prince Salih (1), qui commandait le contingent fourni par le pays de Moussoul à l'armée mongole, dans laquelle il y avait également des Schiyis du faubourg de Carkh (2), avec l'ordre de les porter à son père Bedrud-din Loulou. Ce vieux prince de Moussoul, qui avait été ami intime de Soleïman-schah, donna, en versant des larmes, l'ordre d'exposer les trois têtes.

Le dimanche 10, le Khalife sortit de la ville avec ses trois fils Abd-our-Rahman, Ahmed et Mobarek, suivi de trois mille personnes, Seyids, Imams, Cadhis et seigneurs. Lorsqu'il parut devant Houlagou, ce prince lui demanda poliment des nouvelles de sa santé; il lui dit ensuite d'ordonner aux habitants de la ville de déposer leurs armes et d'en sortir, pour qu'on pût en faire le dénombrement. Mosta'ssim fit proclamer dans Bagdad que qui voulait avoir la vie sauve n'avait qu'à jeter ses armes, et se rendre au camp mongol. Alors, militaires et habitants, se pressèrent en foule vers les portes de la ville, et à mesure qu'ils sortaient ils étaient

tués.

(1) Raschid.

(2) Ibn Tagri-birdi, 3 partie.

Le Khalife fut transféré avec ses fils et şa suite, au quartier du noyan Kitou-boca, en face de la porte de Kelvadhi, logé sous une tente et gardé à vue. Dès lors Mosta'ssim prévit le sort qui lui était réservé.

Le Mercredi 13 février, commença le sac 7 saf. de Bagdad. Les Mongols y entrèrent de tous les côtés à la fois, mettant le feu aux maisons. On épargnait seulement les habitations des chrétiens et de quelques étrangers.

Le vendredi 15, Houlagou entra dans la 9 saf. ville pour visiter le palais du Khalife; il y donna un festin à ses généraux. Ensuite il fit venir Mosta'ssim et lui dit: « Tu es le << maître de la maison et je suis ton hôte, « voyons ce que tu as de digne de moi. » Le Khalife s'imagina que Houlagou parlait sérieusement; il était tout tremblant et si troublé qu'il ne put pas reconnaître les clefs de ses trésors; il fit briser plusieurs serrures, et offrit à Houlagou deux mille habillements complets, dix mille dinars d'or et une quantité de pierreries. Houlagou n'en voulut pas; il les abandonna à ses officiers. « Les riches« ses qui sont au jour, dit-il au Khalife, on <«< saura bien les trouver; elles sont pour mes << serviteurs; ce sont les trésors enfouis qu'il « faut livrer. » Le Khalife désigna un endroit

dans la cour de son palais; on y creusa et l'on trouva un bassin rempli de pièces d'or, chacune du poids de cent miscales (1). Les Mongols prirent dans les cuisines et les offices du palais une grande quantité de vases d'or et d'argent, dont ils ne firent pas plus de cas que si c'eut été du cuivre et de l'étain (2).

Ensuite Houlagou donna l'ordre de compter les personnes enfermées dans le Harém du Khalife. On y trouva sept cents femmes ou filles esclaves et mille eunuques. Dès que le Khalife eut connaissance de ce dénombrement, il supplia Houlagou de lui accorder ces femmes que ni le soleil, ni la lune n'avaient jamais frappées de leurs rayons. Le vainqueur lui permit d'en garder cent; Mosta'ssim fit choix de ses parentes, et les emmena.

Houlagou étant revenu le soir à son camp, ordonna au noyan Sougoundjac d'y faire transporter de la ville les trésors du Khalife. Autour du pavillon du petit-fils de Tchinguizkhan furent entassés les objets précieux que les Abbassides avaient amassés dans l'espace de cinq siècles.

(1) Raschid. (2) Vassaf.

Le sac de Bagdad durait depuis sept jours, pendant lesquels la plupart des mosquées de la ville avaient été incendiées. Les habitants envoyèrent trois députés pour demander miséricorde. Enfin Houlagou fit proclamer l'ordre de cesser le massacre et le pillage, attendu que la ville lui appartenait (1). Il avait péri huit cent mille individus. Ceux qui, en se cachant, avaient pu se soustraire à la mort, sortirent alors de leurs retraites et ils étaient en petit nombre (2).

Les troupes géorgiennes se distinguèrent dans cette boucherie des Mahométans de Bagdad. Tous les chrétiens, d'après l'invitation du patriarche des Nestoriens, s'étaient enfermés dans une église, bien gardée; ils furent préservés de tout mal. De riches Mahométans avaient confié au patriarche ce qu'ils avaient de plus précieux, espérant de pouvoir sauver leurs vies; tous périrent (3).

(1) Raschid. Selon Novaïri, Houlagou voulait brûler la ville; le noyan Kitou-boca l'en détourna, en lui disant qu'il en pourrait tirer beaucoup d'argent. Vassaf rapporte que les Mongols emportèrent de Bagdad quatre mille charges de butin.

(2) Ez-Zéhébi, Tarikh-ul-Islam, cité par Ibn Tagribirdi, tom. III.

(3) Bar Hebræus, p. 529.

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