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au Seyid Tadj-ud-din Mohammed, alors Reïs ou maire du bourg de Hillé, dans laquelle il lui mande que le Khalife, après avoir entendu ses représentations sur ces violences, ne lui avait répondu autre chose sinon, qu'il fallait exterminer les Schiyis; et le vézir laisse entrevoir au descendant d'Ali qu'il méditait des projets de vengeance (1). On rapporte qu'après la conquête du pays des Ismaïliyens, Ibn-Alcamiyi fit parvenir secrètement à Houlagou, une lettre où il l'assurait de son dévouement, traitait avec peu de respect la personne du Khalife, et s'étudiait à faire envisager comme facile la conquête de Bagdad. On dit que Houlagou ne se fia pas entièrement à ses paroles, ayant une haute idée de la force de Bagdad et de la puissance du Khalife, dont les troupes avaient battu deux fois celles du général Tchormagoun; néanmoins il lui fit une réponse bienveillante, et lui demanda des preuves de sa sincérité. Ibn Alcamiyi lui adressa successivement plusieurs lettres, lui exposant toujours la faiblesse du

(1) Le texte de cette lettre, dont une partie est en vers, se trouve dans l'histoire de Vassaf, tom. I.

gouvernement khalifal, et le pressant de marcher sur Bagdad.

On ajoute qu'en même temps, ce vézir représentait à son maître, que tous les princes musulmans étant ses vassaux et tenant à honneur de lui consacrer leurs vies et leurs trẻsors, il était inutile de dépenser chaque année des sommes énormes pour solder tant de troupes. Il lui proposa de diminuer l'armée que son père le Khalife Mostanssir avait mise sur un pied respectable, et de donner aux principaux officiers des commandements dans les provinces. Le Khalife, uniquement occupé de ses plaisirs, lui abandonna le soin de cette réforme, et les troupes étaient déjà dispersées, lorsqu'on apprit à Bagdad la marche de Houlagou (1).

D'autre part, le petit Dévatdar était à la tête d'une faction qui, réunissant plusieurs des principaux seigneurs, voulait déposer le Khalife et mettre sur le trône un autre prince Abbasside. Mosta'ssim, instruit de ce complot par son vézir, manda le Dévatdar, lui répéta l'avis qu'il venait de recevoir, et ajouta que sa confiance en lui l'empêchait

(1) Vassaf, tom. I.

d'ajouter foi à une pareille accusation; qu'il soupçonnait que c'était une trame du vézir pour le perdre, et qu'il n'avait pas voulu la lui laisser ignorer. Eïbeg paraissant vivement touchê de la bienveillance du Khalife, lui présenta sa tête et son sabre, se livrant à sa justice, s'il était coupable. Il accusa, à son tour, le vézir de s'être laissé égarer par l'esprit infernal jusqu'à se donner aux Mongols; il soutint que Ben Alcamiyi avait inventé cette calomnie pour détourner les soupçons qui planaient sur ses propres complots; qu'on n'ignorait pas qu'il méditait de livrer le Khalife à Houlagou, avec lequel il entrenait une correspondance secrète. Mosta'ssim le congédia, en l'assurant de la continuation de ses bontés.

Cependant le Dévaldar, entouré jour et nuit des chefs de la faction, était sur le point d'exécuter son dessein. Alors, le Khalife effrayé, lui opposa des troupes, et Bagdad devint le théâtre d'une guerre civile; puis, sentant sa faiblesse, Mosta'ssim fut réduit à chercher les moyens d'appaiser le rébelle. Il lui écrivit, de sa propre main, une lettre où il déclarait que les bruits répandus sur les projets du Dévatdar étaient de pures calomnies; qu'il avait toujours en lui la plus haute

confiance, et qu'il se croyait en pleine sûreté. A la réception de cette lettre, le Dévatdar se rendit auprès du Khalife, et en reçut l'accueil le plus gracieux. Sa justification fut proclamée dans la ville, et son nom inséré dans le Khoutbé, immédiatement après celui du Khalife (1).

L'ambassadeur de Houlagou était chargé pour le Khalife d'une lettre conçue en ces termes: « Nous vous avons démandé des trou«pes contre les Molahidés. Vous avez ré

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pondu que vous ne fournissiez pas de contingents; c'est pourtant en m'assistant avec << des troupes, que vous auriez dù me mon« trer que vous êtes mon allié. Vous n'en << avez pas envoyé, alléguant des excuses; << mais, quoique votre maison soit ancienne << et illustre, et qu'elle ait été puissante, << sachez que:

<< La lune ne brille qu'autant que le disque « resplendissant du soleil est caché (2).

« La renommée ne vous a-t-elle pas appris «< ce qu'ont fait les armées mongoles, depuis l'époque de Tehinguiz-khan, comment ont

(1) Raschid.

(2) Distique persan.

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« été détruites, par la volonté de Dieu, les dynasties des Khorazmschah et des Seldjouc, les rois du Deïlem, les Atabegs et « d'autres princes grands et puissants. Les por<< tes de Bagdad n'étaient fermées à aucun <«<de ces souverains, et ils y résidaient. Nous << seraient-elles fermées à nous, malgré notre «< puissance. Nous vous avons déjà donné des « conseils; à présent nous vous disons: Évitez « la guerre; ne frappez pas du poing sur l'a«<lene; ne prenez pas le soleil pour un lu« mignon; vous vous en repentiriez. Mais ce

qui est passé est passé. Si vous faites abat«tre les murailles et combler les fossés de « Bagdad, et que, laissant à votre fils les « rènes du gouvernement, vous Vous ren«< diez auprès de nous, ou si vous ne vou«<lez pas venir en personne, que vous nous « envoyiez le vézir, Soleïmanschah et le Dévatdar, afin qu'ils puissent tous trois vous rapporter exactement nos conseils, et que <«< vous les suiviez, alors nous ne nous ver<< rons par obligés de sévir, et vous conser<< verez vos domaines, vos sujets, vos trou« pes; mais si vous n'écoutez pas nos avis, « si vous préférez la guerre, rassemblez votre «< armée et désignez nous un champ de ba<«< taille; nous sommes prêts à vous combattre.

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