Imatges de pàgina
PDF
EPUB

lesquels n'avaient cessé de lui conseiller le parti d'une entière soumission aux demandes de Houlagou. Rokn-ud-din lui offrit ses trésors, qui étaient bien moins considérables qu'on ne l'avait cru. Houlagou les distribua à ses officiers. Le jour suivant Meïmoun-diz fut entièrement évacué par la garnison, ainsi que par ses habitants, qui sortirent avec leurs effets, et les Mongols entrèrent dans la place. Rokn-ud-din, bien bien traité traité par Houlagou, mais sous la garde de plusieurs officiers, fut obligé d'ordonner aux commandants de tous les forts Ismaïliyens, dans le Roudbar, le Comouss et le Couhistan, de les livrer aux Mongols, et ses commissaires accompagnèrent à cet effet ceux que Houlagou fit partir pour les sommer de se rendre. Plus de quarante châteaux furent remis, de cette manière, aux Mongols, qui les démolirent, après les avoir fait évacuer. Il n'y eut que ceux d'Alamout et de Lemsser qui éludèrent de se rendre, disant qu'ils remettraient ces places lorsque Houlagou se présenterait en personne. Ce prince partit pour Alamout, par la route de Scheherek, l'antique résidence des souverains du Déïlem. Il y célébra l'heureux succès de son entreprise par des fêtes qui durèrent neuf jours, au bout desquels il se rendit au pied d'Alamout,

et envoya Rokn-ud-din sous les murs de cette forteresse, pour ordonner à ses gens de se rendre. Le commandant refusa. Houlagou laissa un corps de troupes pour en faire le siége; alors la garnison voulut capituler; elle envoya plusieurs fois des députations à Roknud-din, pour le prier d'intercéder en sa faveur, et de lui obtenir la vie sauve. On lui

accorda même trois jours pour emporter ses 3ozoulc. effets. Le quatrième, les troupes mongoles et 20 déc. les milices persanes montèrent au château,

pillèrent ce qui y restait et mirent le feu aux maisons. Houlagou alla visiter Alamout et fut surpris de la hauteur des montagnes de cette contrée, Son vézir Attaï Mulk lui exposa qu'il conviendrait de conserver les ouvrages précieux, qui se trouvaient dans la célèbre bibliothèque des princes ismaïliyens à Alamout. Il reçut l'ordre de l'examiner. Le vézir en tira les Corans et les autres livres de prix, ainsi que les instruments d'astronomie, et fit brûler tous les manuscrits qui ne traitaient que des dogmes et des opinions de la secte (1).

(1) Le vézir trouva dans cette bibliothèque un manuscrit intitulé Vie de notre Seigneur, (Sergozeschti Siddina), qui exposait les événements de la vie de Has

Les fondements du château d'Alamout avaient été jetés dans l'année 860, sous le règne d'Erdjistan, prince du Déilem. Cette place, très-forte par son assiette et par les ouvrages faits pour la munir, était abondamment pourvue de vivres; de vastes bassins, taillés dans le roc, contenaient toutes sortes de provisions solides et liquides; parmi ces dernières, du vin, du vinaigre, du miel. On dit que ces comestibles y avaient été déposés du temps de Hassan Sabbah, et qu'ils étaient encore bien conservés, au bout de cent soixante-dix ans; ce que les Ismaïliyens attribuaient à l'influence bienfaisante de ce chef. Les eaux de la rivière Bahir, conduites au pied de la forteresse, remplissaient un fossé taillé dans le roc, qui embrassait la moitié de la circonférence d'Alamout. Un officier mongol fut préposé, avec une troupe de miliciens persans, à la démolition de cette forteresse; ils y employèrent beaucoup de temps et de travail.

Quelques jours après la reddition d'Alamout,

san Sabbah. C'est dans cet ouvrage que l'auteur du Djihankuschaï a puisé une partie de ce qu'il rapporte de Hassan.

16 zh.

5 janv.

1257.

le gouverneur du Couhistan arriva au camp de Houlagou, reçut de ce prince une patente, et partit avec les commissaires de Rokn-uddin, pour faire livrer aux Mongols les châteaux du Couhistan. Il en fut démoli plus de cinquante.

Houlagou, qui s'était rendu devant Lembesser, n'ayant pu obtenir la reddition de cette place, y laissa Taïr-boca avec des troupes mongoles et persanes, pour en faire le siége, et retourna à son quartier-général, qui était à six lieues de Cazvin; il y donna une fète qui dura huit jours.

Rokn-ud-din suivit Houlagou à Hémédan, d'où il fit partir deux ou trois de ses officiers avec ceux que Houlagou envoyait en Syrie, pour ordonner aux commandants des châteaux qui y appartenaient aux Ismaïliyens de les remettre aux Mongols. Tandis qu'il se trouvait au camp de ce prince, il devint épris d'une fille mongole de basse extraction. Houlagou la lui fit donner, et il l'épousa. Jusqu'alors le prince mongol avait bien traité son prisonnier; il s'en était servi pour se faire livrer toutes ses forteresses, qui lui auraient coûté des années à prendre de force; et le transport des vivres nécessaires aux troupes, aurait ruiné les provinces de Perse. Lorsqu'il n'eut plus

besoin de lui, il songea à s'en défaire; mais il lui avait promis la vie sauve d'une manière si formelle qu'il ne voulut pas violer ostensiblement sa parole. Rokn-ud-din le tira d'embarras, en lui témoignant le désir de se rendre à la cour de l'empereur Mangou; peutêtre Houlagou lui avait suggéré cette idée. Il le fit partir avec neuf personnes de sa suite, sous l'escorte de plusieurs officiers mongols. Lorsqu'il fut arrivé à la cour impériale, Mangou ne voulut pas le voir, et dit qu'on n'aurait pas dû lui laisser faire ce voyage, que c'était fatiguer inutilement les chevaux de poste. Rokn-ud-din s'en retourna; mais lorsqu'il fut près des monts Toungat, les of ficiers qui l'escortaient, le massacrèrent avec sa suite (1).

Comme Mangou avait ordonné, dès le principe, qu'on exterminât les Ismaïliyens, tous les sujets de Rokn-ud-din avaient été distribués parmi les compagnies mongoles. Aprês le départ de ce prince, l'ordre fut expédié à tous les corps de troupes de tuer les Is

(1) Djouvéini.

Selon Raschid, il fut tué par l'ordre de Mangou lorsqu'il était en route pour se rendre à sa cour.

« AnteriorContinua »