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et voulut nommer pour son successeur un autre de ses enfants; mais ses sujets soutinrent, suivant la doctrine de la secte, que la première désignation était irrévocable. Alaud-din prit alors à tâche de tourmenter son fils. Celui-ci poussé à bout, s'ouvrit à des familiers d'Ala-ud-din, aussi dégoutés que lui des extravagances de ce prince, et se plaignit à eux de ce que son père, par sa conduite politique, attirait sur ses États les armes mongoles; annonçant le dessein de se séparer de lui, et d'envoyer des députés au Caan, pour lui faire ses soumissions. La plupart des Grands lui prêtèrent obéissance, s'engagèrent à le suivre partout et à le défendre jusqu'à la dernière goutte de leur sang contre les adhérents de son père; mais ils firent la réserve que si son père l'attaquait en personne, ils n'attenteraient pas à ses jours, ils ne porteraient pas la main sur lui. Peu de temps après cet accord, Ala-ud-din s'étant un jour enivré, s'endormit dans un bâtiment en bois et joncs, qui était contigu à l'étable de ses moutons, dans un lieu nommé Schircouh, qu'il habitait ordinairement pour se livrer à son plaisir favori, celui de faire le berger. Autour de lui étaient couchés des er zoul. valets et des chameliers. Il fut trouvé mort

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en ce lieu, au milieu de la nuit; sa tête était séparée du tronc; un indien et turcman qui dormaient à ses côtés avaient été blessés.

On découvrit, au bout de huit jours, après le supplice de plusieurs personnes injustement soupçonnées, que l'assassin d'Ala-ud-din, était son familier le plus intime, son compagnon inséparable, nommé Hassan, jadis l'instrument de ses plaisirs, et qu'il aimait encore, quoique ce favori ne fût plus jeune, mais qu'il se plaisait à tourmenter de toutes manières. Rokn-ud-din, au lieu de le faire juger, le fit assassiner; ce qui confirma les soupçons qui planaient sur ce jeune prince, et il eut la cruauté de faire jeter dans le brasier où fut brûlé le cadavre de l'assassin, ses trois enfants, deux fils et une fille.

Dès son avénement au trône, Rokn-ud-din Khourschah ordonna à ses sujets l'observance de toutes les pratiques du culte mahométan, et prit des mesures pour rétablir la sûreté des chemins. Il envoya de Meïmoun-diz, sa résidence, un officier au noyan Yassaour, à Hémédan, pour l'assurer de sa soumission à l'empereur mongol. Ce général lui conseilla de se rendre auprès du prince Houlagou qui allait arriver. Rokn-ud-din répondit à Yassaour

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qu'il enverrait d'abord au camp du prince son frère Schahinschah, et en effet il le fit partir. Le général mongol chargea son propre fils de l'accompagner; néanmoins il entra,juin au bout de quelques jours, dans le pays d'Alamout, avec un corps d'armée composé de turcs et de persans, et fit attaquer cette place forte; mais après un vif combat ses troupes furent obligées de se retirer, et se vengèrent de leur échec, en détruisant les récoltes et ravageant toute la contrée.

A son arrivée dans le canton de Zavé, Houlagou chargea les généraux Gouga-ilga et Kitou-boca d'achever la conquête du Couhistan, que ce dernier avait commencée deux années auparavant, lorsqu'il était entré en Perse avec ses douze mille hommes d'avantgarde. Il s'était emparé de plusieurs forteresses et tenait alors étroitement assiégée celle de Guird-couh, la plus importante du pays. Pour protéger son blocus, et contre la garnison et contre des troupes du dehors, il avait élevé tout autour de la place, un rempart garni d'un large fossé, et un second derrière son camp. Malgré ces précautions un renfort de cent dix hommes envoyé par le prince Ala-ud-din, avait réussi à pénètrer dans Guirdcouch, dont la garnison était affai

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blie par une maladie contagieuse. Cette place et beaucoup d'autres du Couhistan tenaient encore à l'arrivée de Houlagou en Perse. Ses deux généraux prirent d'assaut le bourg de Toun, et passèrent au fil de l'épée tous ses habitants, excepté les jeunes femmes et les enfants. Après cet exploit, ils allèrent rejoindre Houlagou.

Ce prince s'était rendu à Thous, résidence du gouverneur général de la Perse. Il fit dresser son pavillon dans les jardins d'Argoun, où il fut magnifiquement traité par les femmes de ce gouverneur. Il passa quelques jours dans les délicieuses prairies de Raïgan, voisines de Thous. On apportait des districts environnants des provisions et des vins en abondance, qui étaient répartis dans les stations sur la route du prince. En passant par Khabouschan, bourg de la province de Neïschabour, qui, ruiné par les troupes de Tchinguiz-khan, était resté désert, il ordonna à ses officiers d'y faire bâtir des maisons, assigna une somme pour la reconstruction de la mosquée et du Bazar, et voulut que cet endroit fut repeuplé.

Houlagou, peu de jours après avoir reçu dans son camp le prince Schahinschah, écrivit au chef Ismaïliyen, qu'en considération de ce

qu'il lui avait envoyé son frère, et ses soumissions, il voulait oublier les torts de son père envers les Mongols; que si Rokn-ud-din détruisait ses châteaux, et venait en personne au camp de Houlagou, il ne serait fait aucun mal à son pays. Rokn-ud-din fit démolir plusieurs châteaux, ôter les portes d'Alamout, de Meïmoun-diz et de Lemscher, et raser une partie de leurs fortifications. Alors, par l'ordre de Houlagou, le noyan Yassaour évacua le territoire de Rokn-ud-din; mais celui-ci, tout en assurant Houlagou de son obéissance, et en acceptant un Basskak ou gouverneur mongol, demanda le délai d'une année pour se rendre auprès de sa personne.

De Bistham, Houlagou envoya encore des ambassadeurs à Rokn-ud-din pour le déterminer, par des promesses et des menaces,

à venir se livrer entre ses mains. Rokn-uddin fit accompagner les ambassadeurs, à leur départ de sa résidence, par le cousin de son père, et par son vézir Schams-ud-din Kiléki, chargés de faire agréér ses excuses à Houlagou, et d'insister sur le délai que leur maître lui avait demandé. Rokn-ud-din priait le prince mongol de permettre qu'il conservât les trois forts d'Alamout, de Lemscher (1)

(1) Le nom de cette place est écrit aussi Lembesser.

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