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sionnaires secrets en Perse, où il y avait un grand nombre d'Ismaïliyens. L'un des principaux était Hassan Sabbah, fils d'un Arabe nommé Ali, de la tribu des Homeïrs du Yémen, qui était venu s'établir dans la ville de Raï, où Hassan reçut le jour. Après avoir long-temps parcouru la Perse dans l'exercice de ses fonctions, Hassan se fixa à Cazvin. Il envoya des missionnaires dans le pays de Deïlem, et lorsqu'ils y eurent fait un certain nombre de prosélytes, il s'y rendit lui-même. Il habita un lieu voisin de la forteresse d'Alamout, qui avait pour commandant au nom du sultan Seldjoucide Melikschah, souverain de la Perse, un alévi, 6 redj. du nom de Mahadi. Hassan se fit introduire 483. secrètement, par ses affidés, dans Alamout, 1090. et y resta caché quelque temps, sous un nom supposé. Lorsque le commandant en fut instruit, il n'était déja plus le maître dans la place; on lui permit de se retirer.

Après ce premier succès, Hassan soumit les cantons d'alentour, lesquels forment un district appellé le Roudbar. Il se rendit maitre des châteaux de cette contrée; ceux dont il ne pouvait point s'emparer par la persuasion ou la séduction, il les prenait de vive force ou par surprise. Il faisait d'ail

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leurs bâtir des châteaux partout où il voyait des rochers escarpés. Le Roudbar était le fief d'un Turc, au service du sultan Mélikschah; cet officier chercha à se venger de Hassan Sabbah, en faisant des courses jusqu'au pied d'Alamout, et saccageant les lieux qui s'étaient soumis à l'Ismaïliyen.

Un missionnaire envoyé par Hassan dans le Couhistan (1), y fit des prosélytes, et les Ismaïliyens s'y prirent dans ce pays, comme dans le Roudbar, pour s'emparer des châteaux dont il était hérissé.

Alarmé des progrès de cette secte, le sultan Mélikschah fit assiéger à la fois Alamout et la principale forteresse des Ismaïliyens dans le Couhistan; mais la mort de ce prince arrêta les hostilités, et les troubles qui commencèrent à agiter l'Empire Seldjoukide favorisèrent le développement de la puissance des Ismaïliyens.

Hassan Sabbah se rendit redoutable au loin, par l'aveugle obéissance qu'il sut inspirer à

(1) Le Couhistan, pays montagneux, dont le chef-lieu était Caïn, et qui contenait les villes de Zouzen et de Toun, était environné des provinces de Nischabour, Hérat, Ispahan et Yezd. (Mon. Baschi, tom. II).

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ses affidés, lesquels se dévouaient à une mort presque certaine pour frapper ceux qui leur étaient désignés. La première victime qui tomba sous le poignard de ses adeptes, fut l'illustre Vézir Nizam-ul-Mulc, ministre tout puissant sous le règne de Mélikschah, qui fut assassiné environ trois semaines avant la 16 oct. mort de son souverain. Du sommet de son rocher fortifié, Hassan Sabbah disposait de la vie de ses ennemis et faisait immoler ceux dont ses amis voulaient se défaire; car il récompensait les services que lui rendaient les hommes puissants à la cour Seldjoukide, avec lesquels il était secrètement d'intelligence, en mettant à leur disposition ses terribles poignards. Il avait partout des sicaires et des relations secrètes, également dangereux à ses ennemis et à ceux qui passaient pour ses amis; les uns, se croyant sans cesse menacés, vivaient dans de continuelles alarmes; tandis que les autres étaient recherchés, poursuivis, livrés aux tourments et à la mort. Quiconque voulait perdre son adversaire, l'accusait d'être partisan des Ismaïliyens; les délations se multipliaient; les soupçons planaient sur tout le monde. Mélikschah se défiait même de ses officiers les plus intimes, que la malveillance s'efforçait de lui rendre sus

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pects, et ce fut pour éviter d'être soupçonné lui-même de connivence avec les Bathiniyens, qu'il prit le parti de les faire attaquer, ayant devant les yeux le sort du prince du Kerman, qui, taxé d'adhérence aux opinions de cette secte, avait été massacré par ses sujets. Dès le commencement de son règne, Beurkyarouc, son fils, fut frappé par un Bathiniyen; mais il guérit de sa blessure.

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y avait dans son camp un grand nombre d'Ismaïliyens; tous ses généraux portaient, le jour, des cottes de maille, et ne se croyaient pas, la nuit, en sûreté dans leurs tentes. La rumeur publique accusait le sultan de bienveillance pour la secte de Hassan Sabbah. Alarmé de ces bruits, Beurkyarouc ordonna de sevères perquisitions dans son armée; on y trouva beaucoup d'Ismaïliyens, dont le sabre fit justice, et des ordres furent expédiés dans les provinces de mettre à mort tous ceux qu'on y découvrirait.

Sous le règne de Mohammed, frère et successeur de Beurkyarouc, les récoltes du Roudbar furent détruites, pendant sept années consécutives, par les ordres du sultan, pour couper les vivres aux places d'Alamout et de Lemscher, que ce prince fit ensuite assiéger. On croyait qu'Alamout ne pourrait tenir long

temps; mais Mohammed vint à mourir cette même année, et sous le règne de son fils Mahmoud, des hommes puissants à la cour, secrètement d'intelligence avec Hassan Sabbah, firent cesser les hostilités.

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Peu après, le sultan Seldjoucide Sindjar, qui règnait sur le Khorassan, ayant envoyé des troupes pour reprendre aux Ismaïliyens les châteaux dont ils s'étaient emparés dans le Couhistan, Hassan Sabbah lui demanda la paix plus d'une fois par ses ambassadeurs, et lorsque ces tentatives eurent échoué, il gagna des officiers de la maison du sultan, qui plaidèrent en sa faveur. Il sut même engager l'un des serviteurs de ce prince à planter un poignard en terre, devant son lit, pendant qu'il dormait. Lorsque Sindjar se reveilla, et qu'il apperçut cet instrument de mort, ne sachant sur qui arrêter ses soupçons, il résolut de ne pas ébruiter le fait; mais bientôt il reçut de Hassan Sabbah un billet portant ces mots: « Si je n'étais pas << bien intentionné envers le sultan, le poi«gnard planté en terre, eut été enfoncé <«< dans son sein. Qu'il sache que du som« met de ce rocher, je dirige les bras de <«< ceux qui l'entourent. » Ce trait fit une telle impression sur l'esprit de Sindjar, qu'il inclina à la paix avec les Ismaïliyens, et il

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