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chefs muets de la religion de Mahomet. Ce sont les Imams que nous avons nommés, depuis Hassan, jusqu'à Ismaïl. Mohammed, fils d'Ismaïl, est le septième et dernier prophète, le maître de l'âge présent. A son apparition furent abolies toutes les religions précédentes. C'est à lui seul, doué de la science universelle, qu'il faut avoir recours pour obtenir l'explication des doctrines sacrées. Tous les hommes lui doivent obéissance; ce n'est qu'en le prenant pour guide qu'ils peuvent suivre la voie du salut. Telles étaient les doctrines enseignées dans les quatre premiers degrés.

Dans le cinquième, l'adepte apprenait que l'Imam exerçant le suprême sacerdoce, doit avoir des missionnaires qui parcourent le monde. Ils ont été fixés par la sagesse divine au nombre de douze, comme les mois. de l'année, les tribus d'Israël, les compagnons de Mahomet; car Dieu, dans tout ce qu'il fait, a des vues dignes de sa profonde sagesse. Ainsi, la main de l'homme représente la terre; ses quatre doigts, les quatre îles; ses pouces, soutiens de ses doigts, sont au nombre des colonnes de la terre, et les deux phalanges du pouce représentent le prophète et son associé, qui sont inséparables. Les douze vertè

bres dorsales de l'homme font allusion aux douze missionnaires; plus élevées, occupant une place plus distinguée, puisqu'elles approchent du chef, les sept vertèbres cervicales désignent les sept prophètes doués du verbe, et les sept Imams sont représentés par les sept orifices du visage.

Dans le sixième degré, l'initiateur commençait à expliquer le sens mystique des préceptes de l'Islamisme, relatifs à la prière, l'aumône, le pélérinage, les purifications et autres. Il enseignait que ces pratiques ont pour objet de détourner les hommes du vice. Il recommandait à l'adepte d'étudier les écrits de Pythagore, Platon, Aristote, et de leurs disciples, et l'avertissait de ne pas croire aveuglement aux traditions, de ne pas ajouter foi à de simples allégations, de n'admettre, au contraire, que des démonstrations rationnelles.

Dans le septième et le huitième degrés l'initiateur enseignait que le fondateur d'une religion a besoin d'un associé, qui transmette ses préceptes; l'un est le principe (assl), l'autre le dérivé (sadr). Ce dernier est l'image du monde inférieure enveloppé par le monde supérieur. L'un précède l'autre, comme la cause précède l'effet. Le premier principe n'a

ni noms, ni attributs; on ne peut dire de lui ni qu'il existe, ni qu'il n'existe pas, ni qu'il est ignorant, ni qu'il est tout puissant, et de même des autres attributs; car toute affirmation à son égard implique une assimilation entre lui et les êtres créés; toute négation tend à le priver de quelqu'un de ses attributs. Il n'est ni éternel, ni produit dans le temps; mais ce qui existe de toute éternité, c'est son commandement, son verbe; or, le conséquent aspire à s'élever par ses œuvres, à la dignité de l'antécédent, comme celui qui est doué du verbe sur la terre, s'efforce par ses œuvres, d'atteindre au degré de celui qui est doué du verbe, (dans les cieux) et de même le Da'yi tend à s'élever au degré du Siouess. Ce qui est dit dans le Coran de la résurrection, des récompenses et des peines, signifie autre chose que ce qu'entend le vulgaire. C'est l'époque où finit l'une des grandes révolutions de l'univers, où commence un nouveau période; changements déterminés par le cours des astres, comme l'ont expliqué certains philosophes.

Dans le neuvième et dernier degré, le Da'yi récapitulait tout ce qu'il avait enseigné, pour le bien inculquer dans l'esprit de l'initié, et lorsqu'il était convaincu que celui-ci était

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digne de connaître les mystères, il fixait son attention sur les ouvrages des philosophes, qui traitent des sciences physiques et métaphysiques, de la théologie spéculative, et d'autres branches de la philosophie. Quand il voyait que ces matières étaient devenues familières à l'initié, il écartait le dernier voile, et lui disait : « Ce qu'on énonce de la créa<«<tion et du principe, désigne allégorique<<ment l'origine et les changements des sub«stances. L'inspiration n'est que la volupté << de l'ame. L'apôtre transmet aux hommes «< ce qui lui a été communiqué du ciel, et adapte sa nouvelle religion aux besoins du <«< genre humain, dans l'intérêt de l'ordre et « de la justice; c'est lorsque cette religion est «< nécessaire au bien général, qu'elle devient obligatoire; mais le philosophe n'est pas << obligé de la mettre en pratique; il lui suf« fit de la connaître; car elle est la vérité, <«< but auquel il tend; il doit également sa<< voir toutes les obligations qu'elles impose; <«< mais il n'a pas besoin de s'assujettir à « ces gênes, qui ne lui sont pas destinées. » Enfin le pontife dit à l'initié, que si les apôtres célestes, doués du verbe, fondateurs de religions, ont la mission d'établir des règles pour le maintien de l'ordre parmi les

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hommes en général, les philosophes se chargent d'enseigner la sagesse aux individus (1).

De nombreux écrits renfermaient d'ailleurs les opinions des docteurs de la secte Ismaïliyenne sur l'être suprême, le verbe, l'ame universelle primitive et l'ame secondaire, la création des corps célestes, des substances simples, des composées, du monde supérieur et inférieur, la fin du monde et la résurrection, le paradis et l'enfer, le sens mystique des lettres de l'alphabet; d'où l'on peut voir qu'ils avaient puisé leurs doctrines chez les Grecs, les Juifs et les Mages. Leur croyance que les préceptes religieux ont un sens mystique, que toute révélation doit être interprêtée, leur a fait donner, ainsi qu'aux Caramattes, qui avaient les premiers soutenu cette opinion, le nom arabe de Bathiniyens, qui veut dire internes (2).

Les Khaliphes Fathimites avaient des mis

(1) Macrizi, El Khittat, ou description de l'Égypte, tom. II, chapitre des Fonctions du grand Missiounaire. On y trouve la substance de ce qui était enseigné aux inities, dans chacun des neuf degrés, et la formule du serment exigé de l'adepte.

(2) Schéhéristani, Kitab ul Millel vé en Nahal; chapitre Es-Schi' at.

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