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c'était là ce qu'il fallait entendre par récompenses et peines. Quelques-unes poussaient leur enthousiasme pour Ali jusqu'à le placer au-dessus de Mahomet et avancer que c'était Ali qui avait été destiné à l'apostolat céleste. Les Schiyis qui attribuaient aux Imams une nature divine, qui croyaient à l'infusion de la divinité dans un corps humain, à la nullité de toute rétractation de leur part, à la résurrection de certains morts, et à la métempsycose, étaient désignés par les autres Musulmans, sous le nom de Ghilates, qui veut dire outrés.

Parmi les Schiyis outrés étaient rangés les Ismaïliyens, qui formèrent une secte particulière, lorsque l'Imam Dja’fér Sadik, cinquième successeur d'Ali, après avoir désigné pour son héritier son fils aîné Ismaïl, l'eut destitué, parce qu'il était adonné au vin, et nommé à sa place son second fils Moussa. Beaucoup de Schiyis soutinrent que la première désignation était irrévocable, vu que l'Imam, agissant par l'inspiration de Dieu, qui est infaillible, ne pouvait pas se rétracter, et quoique Ismaïl, mort cinq ans avant son père, n'eut jamais exercé les fonctions de l'Imamat, ses partisans refusèrent de reconnaître dans Moussa l'Imam légitime après Dja'fér; ils prétendirent

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que le suprême sacerdoce avait passé d'Ismail à son fils Mohammed, septième et dernier Imam visible; se séparant sur ce point des autres Schiris, qui comptaient douze Imams, et qui s'appelèrent Imamiyés ou bien les Sectateurs des douze (1).

Un descendant de Dja'fér Sadik à la sixième génération, Obeïd-oullah, fils d'Ali, était, à la fin du troisième siècle de l'hégire, l'Imam des Schiyis, et résidait à Selmiat, en Syrie. Ayant passé en Afrique, où les missionnaires de la secte, à la tête de leurs nombreux adhérents, avaient attaqué les gouverneurs du Khaliphe Abbasside, et conquis plusieurs provinces, Obeïd-oullah, fut proclamé souverain dans la ville de Ricadét, et prit le titre d'Emirul-muminin, ou de chef des fidèles, avec le surnom de Mahadi, qui était le Messie des Ismailiyens. Son troisième successeur, Mo'izz enleva aux Abbassides l'Égypte, la Syrie, l'Arabie pétrée, et transféra sa résidence au Caire. Les Alides parvinrent ainsi, au bout de trois siècles, à fonder un empire qui devint le rival de celui des Abbassides, et qui

(1) Schéhéristani, Kitab ul-Millel vé en-Nahal.

le surpassa en puissance; car les Khaliphes de Bagdad, à la même époque, ne possédaient plus guère que l'Irac Aréb.

Les Ismaïliyens avaient une doctrine secrète, qu'ils ne communiquaient que par degrés et avec beaucoup de précautions. Au Caire, c'était le chef des missionnaires (Da'yi-ud-Da’yat), le premier dépositaire de la doctrine sacrée, qui se chargeait d'initier les adeptes. Il y avait neuf degrés d'initiation qui préparaient successivement les fidèles à recevoir la révélation du plus grand mystère de la secte; mais avant de l'introduire au premier degré, l'hiérophante faisait prononcer au novice un serment terrible, par lequel il se vouait aux plus grandes calamités dans ce monde, aux plus sevères châtiments dans l'autre, s'il ne gardait pas un profond silence sur tout ce qui lui aurait été révêlé, s'il cessait jamais d'être l'ami des amis, l'ennemi des ennemis des Ismaïliyens. Après avoir reçu son serment le pontife lui demandait une rétribution, dont il fixait lui-même la valeur, pour prix de ce qu'il allait lui enseigner. Il ne le faisait passer d'un degré à l'autre qu'après s'être assuré que l'adepte s'était bien inculqué dans l'esprit, les notions qui lui avaient été communiquées.

Il commençait par

lui dire que

Dieu a,

de

tout temps, confié le soin d'établir et de conserver son culte à des Imams, ses élus, qui doivent être les seuls guides des fidèles. De même que Dieu a créé au nombre de sept ce qui existe de plus grand et de plus beau, les planètes, les cieux et la terre, il a fixé à sept le nombre des Imams, qui sont Ali, Hassan, Housseïn, Ali Zeïn ul-Abidin, Mohammed Bakir, Dja'fér us-Sadik et Ismaïl. Mais le fils de ce dernier, Mohammed, surpasse tous les Imams ses prédécesseurs dans la science des choses occultes, et la connaissance du sens mystique des choses visibles. Il explique à ceux qui l'interrogent ces mystères sacrés, auxquels il a été initié par la Divinité même, et communique le don merveilleux qu'il possède, aux Da'yis, ou docteurs Ismaïliyens, à l'exclusion de toutes les autres sectes des Alévides.

Ainsi que les Imams, les prophètes qui sont venus substituer une nouvelle religion à la religion établie de leur temps, ces législateurs divins, doués du verbe, sont au nombre de sept. Chaque prophète a été accompagné d'un substitut (siouess) qui l'a assisté pendant sa vie, et a maintenu, après sa mort, la religion qu'il avait promulguée. Chaque prophète a

eu pour successeurs sept siouess, qui ont été ses vicaires auprès des hommes. Ils sont appelés les muets, par opposition aux prophètes doués du verbe ; parce qu'ils ne font que suivre la voie qui leur a été tracée. Lorsque ces sept vicaires ont passé sur la terre, commence une nouvelle période, laquelle s'annonce par l'apparition d'un prophète, qui abroge la religion précédente, et qui a pareillement sept successeurs muets. Ces révolutions se sont succédées jusqu'à la venue du septième prophète, doué du verbe, lequel a aboli toutes les religions précédemment établies; il est le maître du dernier âge. Le premier prophète fut Adam; il eut pour associé et substitut son fils Seth; après lui sa religion eut sept chefs successifs. Le second prophète fut Noé, auquel fut adjoint son fils Sem. Le troisième fut Abraham, qui eut pour associé et pour vicaire son fils Ismaïl. Moïse, le quatrième prophète, eut d'abord pour associé son frère Aron, et après la mort d'Aron, Josué, fils de Noun. Le dernier des successeurs muets de Moïse, fut Jean, fils de Zacharie (St.-JeanBaptiste). Jésus, fils de Marie, le cinquième prophète, eut pour associé Siméon. Le sixième est Mohammed, auquel fut associé Ali, fils d'Abou-Talib. Après Ali se succédèrent six

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