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vivaient dans les alarmes; ils avaient soin à l'entrée de la nuit, de cacher sous terre leurs effets les plus précieux, et ils étaient toujours armés (1). Les Ismaïliyens détruits, Houlagou devait contraindre le Khaliphe à reconnaître la suzeraineté de l'empereur mongol, et retourner ensuite en Tartarie. Mangou lui recommanda de ne rien faire sans consulter la princesse Docouz; c'était une petite-fille d'Oang-khan, qui avait été l'épouse de Toulouï, bien que son mariage avec ce prince n'eut pas été consommé. Houlagou, lorsqu'il fut au-delà du Djihoun, épousa la veuve de son père, suivant un usage assez général parmi les Mongols. Mangou fit à son frère, à ses femmes, à ses enfants des présents, en or, en pierreries, en habits et en chevaux, et donna des marques de sa munificence aux généraux qui partaient avec Houlagou.

2 rabi-1.

651.

Ce prince quita la résidence impériale le 2 mai 1253 pour retourner à son Ordou, et s'y occuper de l'organisation de son armée. Il y reçut la visite de beaucoup de princes du sang qui vinrent lui faire leurs adieux, et lui offrir des présents. Il en partit le 19 octobre, 24 sch.

(1) Fakhr-ud-din Razi, Tarikh ud-Duwel, fassel 2.

laissant le commandement dans son apanage à son second fils Tchoumoucour, de préférence à l'aîné, à cause du rang supérieur de sa mère. Les princes Balacan et Toumar, à la tête du contingent de Batou, formaient son avant-garde. A chaque station, les autorités venaient lui offrir des vivres; des troupeaux de juments qu'on avait eu soin d'y faire conduire, fournissaient le lait pour le coumiz.

Houlagou fut fêté, en arrivant dans le pays d'Almalig, par la princesse Organa, et les autres dames de la maison de Tchagataï. Plus loin Mass'oud, gouverneur du Turkustan et de la Transoxiane, vint avec les chefs militaires de ces deux provinces, lui présenter ses hommages (1). Houlagou s'arrêta tout l'été de 652. 1254 dans le Turkustan, et n'arriva à Sa

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(1) Dans l'histoire des Mongols, en chinois, sous le titre de Sou-houng-kian-lou, se trouve insérée la relation d'un individu qui paraît avoir été de l'expédition de Houlagou en Perse. Gaubil en a donné un abrégé dans son Hist. de Gentchiscan, p. 126, ęt Mr. Abel Rémusat en a publié une version complète dans le Journal asiatique, tom. II, pag. 284 et suiv.; mais cet itinéraire, où la route suivie par Houlagou depuis Caracouroum, est assez vaguement indiquée, et les noms géographiques, défigurés par le systême d'écriture chinoise, sont quelquefois méconnaissables, n'a rien ajouté à nos connaissances.

marcand qu'en septembre 1255. Le gouverneur Mass'oud lui avait fait dresser un pavillon d'étoffe de soie et or, dans une prairie délicieuse près de cette ville. Houlagou y passa quarante jours à boire et se divertir.

Il reçut, à Kesch, l'hommage du gouverneur général de la Perse, Argoun, qui s'était fait accompagner des seigneurs et des principaux fonctionnaires du Khorassan. De ce lieu, où le prince mongol s'arrêta un mois, furent expédiées des sommations à tous les souverains de l'Asie occidentale: « Nous arrivons, «< y disait-il, par l'ordre du Caan, pour dé<< truire les Molahidas (1). Si vous venez, en << personne, joindre vos troupes à nos armées, <<< vous conserverez votre pays et votre famille, et vos services seront récompensés. Si vous hésitez à obéir, lorsque, avec l'aide « de Dieu, j'aurai décidé du sort de ce peuple, je fondrai sur vous, et vous traiterai «< avec la même rigueur.

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Dès qu'il eut passé le Djihoun, sur un pont de bateaux, le 2 janvier 1256, il fut compli- 1z. h. menté, au nom des sultans de Roum et de

(1) Ce nom arabe signifie proprement les égarés. C'est l'une des épithètes que les mahométans orthodoxes appliquent aux Ismaïliyens de Perse.

653.

l'Atabey du Fars, et il reçut les hommages des seigneurs de l'Irac, du Khorassan, de l'Azerbaïdjan, de l'Arran, du Schirvan et de la Géorgie, qui tous lui apportaient des présents magnifiques.

Il y avait beaucoup de lions dans une forêt qui bordait, en cet endroit, la rive gauche du Djihoun. Par l'ordre de Houlagou, ses troupes y firent une battue, et comme les chevaux, épouvantés du rugissement de ces animaux, n'osaient pas avancer, on fit monter les chasseurs sur des chameaux qu'on avait eu soin d'enivrer; dix lions furent abattus.

Houlagou posa son camp dans la prairie de Schoubourgan. Il ne voulait y rester qu'un jour; mais une tempête s'éleva; il tomba de la neige pendant toute une semaine, et la rigueur du froid fit périr beaucoup de chevaux; ce qui détermina le prince mongol à passer l'hiver en ce lieu; il ne s'y occupa que de plaisirs. Au printemps, le gouverneur Argoun, partant pour se rendre auprès de l'empereur, afin de lui rendre compte de son administration, donna une superbe fète à Houlagou, et lui fit hommage d'une tente doublée d'une étoffe de coton richement brodée, ainsi que d'un service de banquet, composé de vases et de coupes d'or et d'argent,

garnis de pierreries. Il laissa auprès du prince, comme ses substituts, son fils, Kéraï Mélik, le chancelier Ahmed, et Alaï-ud-din Ata Mulk de Djouvéin, auteur d'une histoire de Tchinguiz-khan, fort estimée.

Houlagou se préparait à exterminer les Ismaïliyens, sectaires mahométans, qui possédaient un grand nombre de châteaux forts dans le Couhistan et le Roudbar, aussi bien qu'en Syrie. Dévoués à un chef héréditaire, qu'ils regardaient comme un être divin, ces hérésiarques inspiraient l'effroi aux princes et aux Grands, par leurs audacieux assassinats, et de l'horreur à tous les bons musulmans, par leurs doctrines religieuses. Avant de rapporter les opérations de Houlagou contre cette secte fameuse nous croyons devoir esquisser légèrement son histoire, et exposer les principaux articles de sa croyance. Nous jetterons d'abord un coup-d'œil sur les hérésies les plus remarquables du mahométisme.

Comme toutes les religions, celle de Mahomet eut nombre de sectes, dont les opinions s'écartèrent de la lettre du Coran, suivie par les orthodoxes. L'une de ces sectes (les Cadriyés) soutenait que Dieu ne peut rien créer par sa seule volonté; une autre (les Khavaridjes) que les péchés graves, équivalant à

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