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entre Ongou-Timour et Keurgueuz, il se prononça pour ce dernier, et lui fut ensuite adjoint dans les fonctions de gouverneur de la Perse; mais Keurgueuz ne voulant point partager avec lui son autorité, Argoun se rendit à la cour d'Ouloug Iff, qui le chargea quelque temps après d'aller arrêter Keurgueuz.

Argoun demanda que Schéréf-ud-din, qui l'avait accompagné à la résidence impériale, lui fut donné en qualité d'Ouloug Biticoudji, et l'obtint, par le crédit de la musulmane Fathma, qui exerçait un grand ascendant sur l'esprit de la régente. Le nouveau ministre s'engagea à faire rentrer au trésor la somme de quatre mille balischs, qui restait due, à ce qu'il prétendait, par les provinces de Khorassan et de Mazendéran.

Schéréf - ud - din, fils d'un porte-faix de la ville de Khorazm, fut d'abord au service du gouverneur de ce pays, qui le prit charmé de sa belle figure. Lorsque Tchintimour eut reçu l'ordre de passer dans le Khorassan, et de coopérer avec Tchormagoun, à la réduction de cette contrée, il chercha un secrétaire. Personne ne voulait de cet office, parce qu'il fallait agir contre des Musulmans, et que l'issue de l'expédition paraissait douteuse. L'intendant du Khorazm, qui

s'était dégouté de son page, dont la figure avait perdu de sa fraîcheur, et qui en avait fait son secrétaire, le céda à Tchintimour. Schéréf-ud-din apprit le mongol, et comme il était le seul interprête, que toutes les affaires passaient par ses mains, il devint un personnage important.

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Argoun arriva dans le Khorassan, accom- 1243-4. pagné de plusieurs commissaires de la régente Tourakina, qu'il laissa dans cette province, pour y percevoir les impositions arrièrées. Il passa lui-même dans l'Irac et dans l'Azerbaïdjan, afin de délivrer ces deux contrées de l'oppression des commandants mongols, qui s'y comportaient comme s'ils en eussent fait la conquête pour leur propre compte. Il reçut, à Tébriz, les ambassadeurs des souverains du Roum et de la Syrie, qui lui demandèrent sa protection, et envoya des commissaires dans ces pays pour en recevoir le tribut.

Pendant ce temps, Schéréf-ud-din, qui avait reçu d'Argoun entière liberté pour ses opérations de finance, levait des impositions arbitraires avec une dureté inouie. Les percepteurs avaient l'ordre de ne ménager qui que ce fut. Pour arracher aux contribuables les sommes exorbitantes auxquelles ils étaient

taxés, on plaçait des garnisaires dans leurs maisons; on les tenait enfermés sans aliments, ni boisson; on leur donnait la torture. Lorsque les ministres de la religion mahométane, que les Mongols, quoique païens, avaient exemptés de toutes charges, et qu'ils traitaient avec respect, venaient demander à Schéréf-ud-din, pour les habitants en général, et pour eux-mêmes en particulier, quelque diminution de ces énormes impôts, lorsque des veuves et des orphelins, qui, d'après la loi mahométane et le code de Tchinguiz-khan, étaient affranchis de ces taxes, imploraient sa miséricorde, il les traitait avec le dernier mépris. A Tébriz, des individus donnèrent leurs enfants en gage; d'autres les vendirent. Un percepteur entre chez un contribuable qui venait de mourir; ne trouvant autre chose à prendre, il s'empare de son linceul. A Raï, où les agens de Schéréf-ud-din, après avoir parcouru l'Irac, vinrent le joindre avec les produits de leurs extorsions, tous ces trésors furent rassemblés dans la mosquée; on y fit entrer les bêtes de somme, et les tapis de ce lieu sacré servirent de couvertures aux charges. Heureusement pour les peuples de la Perse, Schéréf-ud-din mourut en 1244. Alors Argoun s'empressa d'alléger leur sort, en leur remettant ce qui

n'était pas acquitté, et en donnant la liberté à ceux qui étaient en prison pour n'avoir pas satisfait aux réquisitions du fisc. Ce gouverneur avait reçu l'ordre de se rendre au Couriltaï, convoqué pour l'élection d'un empereur. Il prit la route de la Tartarie avec les sommes levées dans son gouvernement, accompagné d'un grand nombre de préfets et d'autres fonctionnaires. Depuis la mort d'Ogotaï, les princes de la famille de Tchinguizkhan avaient, contre les lois de l'empire, donné des assignations sur les revenus des districts de la Perse, et délivré une foule de brevets d'exemption des charges publiques. Argoun se fit livrer toutes ces pièces, et les emporta. De tous les riches présents dont il fit hommage à l'empereur Couyouc, qui venait d'être élu, aucun ne fut plus agréable à ce souverain, que la collection de ces assignations et patentes, qu'il lui remit en présence même des princes qui les avaient données. Couyouc lui en témoigna sa satisfaction et le continua dans son office de gouverneur général de la Perse. Toutes les personnes qui l'accompagnaient obtinrent, à sa recommandation, les places qu'elles sollicitaient, et la charge d'Ouloug Biticoudji, en Perse, devenue vacante par la mort de Schéréf-ud-din,

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1251.

fut donnée à Khodja Fakhr-ud-din Bihischti.

Lorsque la prochaine arrivée de ce gouverneur fut annoncée en Perse par les courriers qui le précédaient, les seigneurs de ce pays se réunirent à Merv pour le recevoir, et il célébra son retour par une fète qui dura plusieurs jours.

Argoun s'aperçut bientôt qu'il avait à la cour des ennemis puissants. Il partit pour s'y rendre, et apprit, à Taraz, la mort de Couyouc. Le général Iltchikadaï, que cet empereur avait envoyé en Perse avec une armée, pour réduire à son obéissance diverses contrées qui n'avaient pas encore subi le joug mongol, le pressa de retourner dans son gouvernement, pour y ordonner les dispositions nécessaires à la subsistance de ses troupes. Argoun revint sur ses pas, et s'occupa de cet objet. Dans le même temps arrivèrent en Perse des agents des divers princes du sang, avec des assignations par lesquelles ils disposaient d'avance des revenus de plusieurs années; et cet abus ruineux pour le peuple, rétabli dès la mort de Couyouc, subsista pendant l'interrègne.

Argoun partit, avec les commandants, les préfets et les intendants de la Perse, qui avaient reçu l'ordre de se rendre au grand Couriltaï où devait être élu le successeur de Couyouc.

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