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prochée de celle où le prince Houlagou, à la tête d'une armée nombreuse, arriva de Tartarie en Perse, pour achever la conquête de ces contrées occidentales. Quoique les forces dont disposaient Tchormagoun, et après lui Baïdjou, fussent bien inférieures à celles qu'auraient pû réunir le Khaliphe, les sultans de Roum et d'Égypte, les princes de Syrie, de Mésopotamie et d'autres contrées voisines, on voit que, faute d'union entre les souverains mahométans, les Tatars purent facilement, en les attaquant tour à tour, piller, dévaster et subjuguer leurs domaines, si l'on en excepte l'Égypte, qu'ils n'essayèrent jamais de conquérir, et que ces princes éprouvèrent, l'un après l'autre, le sort ordinairement réservé à l'egoïsme pusillanime.

Nous allons maintenant jeter un coupd'œil sur la conduite que tinrent les gouverneurs mongols en Perse jusqu'à l'époque de l'arrivée de Houlagou.

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Kurt dans le pays de Hérat. Successeurs de BoracHadjib dans le Kerman.

Après que Tchinguiz-khan eut évacué la Perse, son fils aîné Djoutchi laissa dans le Khorazm un gouverneur nommé Tchintimour. Lorsque le général Tchormagoun fut envoyé par l'empereur Ogotaï contre Djélal-ud-din, Tchintimour reçut l'ordre de le suivre avec les troupes du Khorazm, pour soumettre le Khorassan, tandis que Tchormagoun attaquerait le sultan. Tchintimour y resta, comme gouverneur, ayant pour collègues quatre officiers délégués par les chefs des quatre branches de la famille Tchinguizienne: Kélilat (1), par le Caan, Noussal, par Batou, Coul-Toga, par Tchagataï, et Tounga, par la veuve et

(1) Ce nom est écrit aussi Keulbilat.

les fils de Toulouï; car ces pays conquis étaient considérés comme une propriété commune aux enfants de Tchinguiz-khan. Malgré les dévastations commises dans le Khorassan par les armées mongoles, il y restait encore quelque chose à piller. Plusieurs districts avaient échapé, par une prompte soumission, à la ruine générale, et les Mongols s'étaient contentés d'enlever les étoffes et le bétail qu'ils y avaient trouvé, sans exiger d'argent; ils ne connaissaient pas encore le prix de ce métal, ni celui des pierres précieuses. Tchintimour, au contraire, était avide de ces objets. Outre les contributions, qu'il levait en espèces, il arrachait, par la torture, des malheureux habitants, l'indication de ce qu'ils avaient caché, et les faisait ensuite égorger; le petit nombre d'entre eux qui étaient épargnés, devaient racheter jusqu'à leurs maisons.

D'un autre côté, des bandes de Khorazmiens commettaient de grands ravages dans le Khorassan. Ils tuaient les préfets que Tchormagoun, à à son passage, avait placés dans les districts de cette province, et recherchaient ceux qui s'étaient attachés aux Mongols (1). Ils faisaient partie

(1) Djouvéini.

d'un corps d'environ dix mille Cancalis, qui occupait principalement les monts de Nischabour et de Thous. A leur tête étaient deux officiers du sultan Djélal-ud-din, Caradja et Togan Sangour. Tchintimour les attaqua trois fois, sans pouvoir en venir à bout; enfin, son lieutenant Kélilat les vainquit près de Sebzévar, après trois jours de combats opiniâtres, qui lui coûtèrent deux mille hommes. Caradja s'enfuit vers le Sidjistan et Togan, vers le Couhistan. Trois mille Cancalis s'étaient jetés dans la ville de Hérat. Kélilat y envoya quatre mille cavaliers, qui parvinrent, au bout de trois jours, à forcer la grande mosquée où s'étaient enfermés les Cancalis, et les passèrent tous au fil de l'épée (1).

Taïr Bahadour, qui commandait à Badghis, avait reçu l'ordre direct de l'empereur de marcher contre Caradja et de mettre à feu et à sang les cantons rebelles (2). Il était en route lorsqu'il apprit que Caradja avait été

(1) Raouzat-ul-Djennat, raouzat II, tchémen 5.

(2) Djouvéini cite, à l'occasion de cet ordre, le proverbe persan Il faut apprendre aux loups à coudre; ils savent déchirer.

défait par Kélilat, et qu'il s'était enfermé dans la forteresse d'Arak-Sistan. Il l'y assiégea; mais il ne put s'emparer de cette place qu'au bout de deux ans.

De Sistan, ce général manda à Tchintimour qu'il avait reçu de l'empereur le gouvernement du Khorassan, et que par conséquent Tchintimour ne devait plus y exercer d'autorité. Celui-ci lui reprocha d'avoir saccagé les districts du Khorassan qui commençaient à se relever de leur ruine, quoique leurs habitants fussent innocents des entreprises de Caradja; il le prévint qu'il allait envoyer un de ses officiers à la cour, pour en faire son rapport, ajoutant qu'il attendrait les ordres de l'empereur; mais, dans l'intervalle, Tchintimour et les autres chefs mongols reçurent de Tchormagoun l'ordre de venir le joindre avec leurs troupes et de laisser à Taïr Bahadour le commandement du Khorassan et du Mazendéran. Alors Tchintimour tint conseil avec ses officiers. Il fut résolu que Kélilat se rendrait à la cour et solliciterait en faveur de Tchintimour le gouvernement du Khorassan et du Mazendéran. Comme cet officier appartenait à l'empereur, on le jugeait plus capable qu'un autre de réussir dans cette mission. Pour se faire mieux accueillir de son maître, il devait

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