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fit fouiller les effets des deux étrangers dénoncés; il s'y trouva des breuvages et des racines médicinales, entre autres de la scammonée. Batou ordonna, dit-on, à Schodja-uddin de prendre de ces drogues; ce qu'il fit, à l'exception de la scammonée. Alors Batou ne douta pas que ce ne fut du poison; mais ses médecins, qu'il consulta, lui dirent que c'était une plante dont on faisait usage en médecine. Ce prince décida que les deux nouveaux venus accompagneraient le jeune sultan à l'Ordou, et que les deux autres y conduiraient les présents. Ils partirent séparemment; Alaï-ud-din mourut dans ce voyage (1).

Arrivés à la cour de Mangou, les officiers des princes rivaux plaidèrent leur cause, en présence de l'empereur, qui finit par ordonner que le Roum serait partagé entre les deux frères. Yzz-ud-din Keï-Kavous devait conserver la partie du royaume à l'ouest de la rivière de Sivas (Kizil Ermac), et Rokn-ud-din Kelidj-Arslan, posséder depuis cette rivière jusqu'aux confins du pays d'Erzen-ur-Roum. On

(1) La mère du prince Alaï-ud-din était fille de la reine Rouzoudan.

653.

1255.

fixa le tribut qu'ils remettraient annuellement à l'Ordou (1).

Cependant, après le départ d'Alaï-ud-din, les partisans de Rokn-ud-din, persuadés que le sultan avait le dessein de se défaire de ce jeune prince, le firent évader de Conia, où il était gardé à vue, et le conduisirent à Cesarée. Ils y rassemblèrent des troupes et marchèrent sur Conia; Rokn-ud-din fut vaincu, pris et enfermé dans le château de Dévélu (2).

L'année suivante (3), le noyan Baïdjou, mécontent du retard que le sultan Yzz-ud-din apportait au paiement des contributions stipulées, entra dans le Roum, s'avança vers Conia, rencontra l'armée du sultan entre cette ville et Acseraï, et la mit en déroute. Yzzud-din s'étant sauvé de Conia, alla s'enfermer avec sa famille dans la citadelle d'Anthalia. Baïdjou tira de prison Rokn-ud-din et le mit sur le trône (4).

(1) Novaïri.

(2) Bar Hebræi Chron., pag. 506, texte.

(3) Selon Novaïri, en 655; selon Monédjim Baschi, en 654.

(4) Bar Hebræi Chron., pag. 521, texte; Novaïri; Monédjim Baschi,

Yzz-ud-din Keï-Kavous se réfugia auprès de l'empereur Théodore Lascaris, qui se trouvait alors à Sardes. Ce prince, craignant de s'attirer les armes des partisans de Kilidj-Arslan et des Mongols, s'il gardait dans ses États le sultan fugitif, lui conseilla de retourner chez lui (1). Keï-Kavous revint dans le Roum, d'où il envoya sa soumission à Houlagou, qui maintint le partage du royaume entre les deux frères, et Keï-Kavous occupa de nouveau le trône de Conia.

Lorsque Mangou eut été proclamé empereur en 1251, le roi Hethoum pria Batou de le recommander au nouveau souverain. Batou engagea Hethoum de se rendre au grand Ordou, et de venir le voir à son passage; mais le prince arménien, effrayé de la longueur de ce voyage, et craignant les inconvénients qui pouvaient résulter de son absence pour son pays, hésitait à partir. Sur ces entrefaites, Argoun, chargé de percevoir les tributs dans l'Occident, arriva en Arménie avec un nombreux cortège d'employés mahométans, qui

(1) Pachymères, tom. I, pag. 12 et 13. et 13. Nicéphore Grég., tom. I, pag. 33 et 34; ap. Stritter Turcicor. cap. 22, § 368, pag. 400.

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traitèrent les chrétiens avec la dernière rigueur. « Argoun, dit un historien arménien, exigea de chaque Arménien, au-dessus de <«< dix ans, la somme de soixante pièces de <«< monnaie. Ceux qui n'étaient pas en état « de la payer, devaient subir les plus cruelles << tortures. Les propriétaires fonciers étaient dépossédés; leurs enfants et leurs femmes, « vendus comme esclaves. Un malheureux pris «< cherchant à émigrer, était dépouillé, fustigé «< et finalement déchiré par des chiens furieux, <«< que l'on menait à cet effet (1). » Le roi Hethoum, instruit de ces actes d'oppression dans la Grande-Arménie, résolut de se rendre à la cour de Mangou, pour rendre hommage à ce prince et intercéder en faveur de ses infortunés compatriotes; mais la mort de sa femme Isabelle l'obligea de différer ce voyage pendant deux ans. Il partit enfin dans l'année 1254, traversa l'Asie mineure, sous un déguisement, vit à Kars le noyan Baïdjou et s'arrêta quelque temps chez un prince de la Grande-Arménie, pour y attendre les objets précieux de son trésor que son vieux père Constantin lui avait expédiés et dont il avait

(1) Hist. of Armenia, by Michal Chamich, t. II, p. 246.

besoin, pour faire des présents. Il se rendit ensuite, par la route de Derbend, à la cour de Batou et à celle de son fils Sartakh, lequel passait pour chrétien. De la résidence de Batou, il mit cinq mois pour arriver à la cour de Mangou, qui le reçut avec distinction. Hethoum obtint de cet empereur, comme on l'a vu dans l'histoire de son règne, des lettres patentes qui devaient lui servir de sauve-garde, à lui et à son pays, ainsi qu'un acte d'affranchissement pour les églises de son royaume. Il quita la cour de Mangou au bout de cinquante jours, et revint en Cilicie, par la Transoxiane et la Perse, dans l'année 1255, lorsque le prince Houlagou arrivait en Perse avec une grande armée (1).

Nous venons de rassembler les notions trèssuccinctes qui se trouvent éparses dans divers auteurs, sur les opérations ou plutôt les dévastations des Mongols, dans la partie occidentale de l'Asie, depuis la mort de Djélal-ud-din jusqu'à une époque assez

rap

(1) Relation du Voyage de Hethoum à la cour du grand Khan, rédigée par l'historien Kirakos Kaïdzaketsi, publiée par Mr. J. Klaproth, dans le Nouveau Journal asiatique, t. XII, p. 273 et suiv.

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