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l'apanage que son frère voudrait lui donner. Comme Rokn-ud-din se rendait au lieu convenu, il fut enlevé avec son vézir et conduit à Conia; toutefois, loin de lui faire du mal, Yzz-ud-din l'associa, ainsi que son troisième frère, à la dignité suprême.

Deux ans après l'avénement au trône de 652. Mangou, le sultan Yzz-ud-din fut appelé à 1254. la cour impériale. Ce prince craignait de s'éloigner, sachant que son frère Rokn-ud-din avait un grand parti; il se décida à envoyer en Tartarie son troisième frère Alaï-ud-din Keï-Cobad, qui partit, avec beaucoup de présents, par la Mer Noire et la steppe des Kiptchacs, accompagné de Seïf-ud-din Tarenttaï, l'un des premiers généraux, et de Schudja-ud-din, gouverneur des districts maritimes. Yzz-ud-din s'excusa, dans une lettre à l'empereur, où il annonçait qu'il envoyait à sa cour son frère cadet, comme lui sultan; qu'il regrettait de ne pouvoir lui-même entreprendre ce voyage, ayant à garder son pays contre les attaques de ses ennemis, les Grecs et les Arméniens; mais qu'il espérait aller incessamment rendre hommage à l'empereur (1).

(1) Bar Hebræus, pag. 506, texte.

Les partisans de Rokn-ud-din avisèrent au moyen de défendre les droits de leur maître à la cour impériale. Ils forgèrent une lettre du sultan Yzz-ud-din à Tarenttaï et son collègue, où il leur mandait de confier la personne du jeune prince Alaï-ud-din, et de remettre les présents dont ils étaient chargés, au chancelier Schems-ud-din et à l'Emir Seïfud-din Djalisch, porteurs de la présente, lesquels accompagneraient le prince à la cour impériale, et il était ordonné à Tarenttaï et à son collègue de revenir à Conia. Les deux personnages partirent avec cette lettre supposée, et atteignirent Rokn-ud-din à l'ordou de Batou. Ils obtinrent une audience de ce prince et lui exposèrent que le sultan Yzz-uddin avait appris, depuis le départ de Tarenttaï et de son collègue, auxquels il avait confié son jeune frère, qu'ils avaient de mauvais des seins; que d'ailleurs Tarenttaï ayant été anciennement frappé de la foudre, ne pouvait pas se présenter devant le grand Khan, que son collègue Schodja-ud-din était un médecin habile dans l'art des sortilèges, qui avait emporté du poison pour attenter aux jours du Caan; qu'en conséquence le sultan les avait envoyés pour remplacer ces deux officiers qui avaient l'ordre de retourner à Conia. Batou

fit fouiller les effets des deux étrangers dénoncés; il s'y trouva des breuvages et des racines médicinales, entre autres de la scammonée. Batou ordonna, dit-on, à Schodja-uddin de prendre de ces drogues; ce qu'il fit, à l'exception de la scammonée. Alors Batou ne douta pas que ce ne fut du poison; mais ses médecins, qu'il consulta, lui dirent que c'était une plante dont on faisait usage en médecine. Ce prince décida que les deux nouveaux venus accompagneraient le jeune sultan à l'Ordou, et que les deux autres y conduiraient les présents. Ils partirent séparemment; Alaï-ud-din mourut dans ce voyage (1).

Arrivés à la cour de Mangou, les officiers des princes rivaux plaidèrent leur cause, en présence de l'empereur, qui finit par ordonner que le Roum serait partagé entre les deux frères. Yzz-ud-din Keï-Kavous devait conserver la partie du royaume à l'ouest de la rivière de Sivas (Kizil Ermac), et Rokn-ud-din Kelidj-Arslan, posséder depuis cette rivière jusqu'aux confins du pays d'Erzen-ur-Roum. On

(1) La mère du prince Alaï-ud-din était fille de la reine Rouzoudan.

653. 1255.

fixa le tribut qu'ils remettraient annuellement à l'Ordou (1).

Cependant, après le départ d'Alaï-ud-din, les partisans de Rokn-ud-din, persuadés que le sultan avait le dessein de se défaire de ce jeune prince, le firent évader de Conia, où il était gardé à vue, et le conduisirent à Cesarée. Ils y rassemblèrent des troupes et marchèrent sur Conia; Rokn-ud-din fut vaincu, pris et enfermé dans le château de Dévélu (2).

L'année suivante (3), le noyan Baïdjou, mécontent du retard que le sultan Yzz-ud-din apportait au paiement des contributions stipulées, entra dans le Roum, s'avança vers Conia, rencontra l'armée du sultan entre cette ville et Acseraï, et la mit en déroute. Yzzud-din s'étant sauvé de Conia, alla s'enfermer avec sa famille dans la citadelle d'Anthalia. Baïdjou tira de prison Rokn-ud-din et le mit sur le trône (4).

(1) Novaïri.

(2) Bar Hebræi Chron., pag. 506, texte.

(3) Selon Novaïri, en 655; selon Monédjim Baschi, en 654.

(4) Bar Hebræi Chron., pag. 521, texte; Novaïri; Monédjim Baschi,

Yzz-ud-din Keï-Kavous se réfugia auprès de l'empereur Théodore Lascaris, qui se trouvait alors à Sardes. Ce prince, craignant de s'attirer les armes des partisans de Kilidj-Arslan et des Mongols, s'il gardait dans ses États le sultan fugitif, lui conseilla de retourner chez lui (1). Keï-Kavous revint dans le Roum, d'où il envoya sa soumission à Houlagou, qui maintint le partage du royaume entre les deux frères, et Keï-Kavous occupa de nouveau le trône de Conia.

Lorsque Mangou eut été proclamé empereur en 1251, le roi Hethoum pria Batou de le recommander au nouveau souverain. Batou engagea Hethoum de se rendre au grand Ordou, et de venir le voir à son passage; mais le prince arménien, effrayé de la longueur de ce voyage, et craignant les inconvénients qui pouvaient résulter de son absence pour son pays, hésitait à partir. Sur ces entrefaites, Argoun, chargé de percevoir les tributs dans l'Occident, arriva en Arménie avec un nombreux cortège d'employés mahométans, qui

(1) Pachymères, tom. I, pag. 12 et 13. Nicéphore Grég., tom. I, pag. 33 et 34; ap. Stritter Turcicor. cap. 22, § 368, pag. 400.

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