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Euzbec le gouvernement de ses possessions dans l'Inde, et à Vefa-Mélik, celui des pays de Gour et de Ghazna.

1223.

En traversant le désert qui sépare l'Inde du 620. Kerman, Djélal-ud-din vit périr une partie de ses troupes, par la disette et les maladies. Il ne lui restait que quatre mille hommes lorsqu'il arriva dans le Kerman (1). Un général turc, Borac-Hadjib, cherchait alors à se rendre maître de cette contrée. Né sujet du grand khan du Cara-Khitaï, et officier dans ses armées, il avait passé au service du sultan Mohammed, en qualité de chambellan, d'où lui venait le surnom de Hadjib. Plus tard il devint l'un des premiers officiers de Ghiath, qui lui donna le gouvernement d'Ispahan; mais, s'étant brouillé avec le vézir de ce prince, il obtint la permission d'aller avec ses troupes joindre Djélal-ud-din. En traversant le Kerman, il fut attaqué par le gouverneur de Kévaschir pour Ghiath, qui voulut enlever les femmes et les bagages de ses gens. L'agresseur fut repoussé, battit en retraite et alla s'enfermer dans un château fort voisin, où il fut pris et tué. Borac ne se contenta point de cette

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geance; il investit la place de Kévaschir, où commandait le fils du

gouverneur. Tandis qu'il l'assiégeait, il apprit inopinément l'arrivée de Djélal-ud-din. Borac fit porter à ce prince de riches présents; il alla lui-même à sa rencontre, et lui offrit la main d'une de ses filles, que le sultan épousa. Dès que Djélal parut devant Kévaschir, cette place lui ouvrit ses portes (1). Il y séjournait depuis un mois, lorsqu'il fut instruit que Borac méditait de le trahir. Le général Orkhan lui conseilla de faire arrêter cet ambitieux et de s'emparer du Kerman; mais son vézir Khodja Djihan observa que si l'on se hâtait de punir le premier seigneur qui se fut soumis au sultan, comme sa trahison ne pouvait être prouvée à tout le monde, on s'aliénerait les esprits. Djélal-ud-din prit le parti de dissimuler, et continua sa marche. A son départ, Borac resta maître de Kévaschir, et bientôt son autorité fut reconnue dans tout le Kerman. Il conserva jusqu'à sa mort la possession de ce pays, sur lequel règnèrent après lui, dans l'espace de quatre-vingt-six ans, neuf de ses descendants, qui forment la dynastie des Cara

(1) Djouvéini. Tarikh gouzidé, bab IV, fassel 10.

Khitayens, ainsi nommée à cause de l'origine de son fondateur.

Djélal passa dans le Fars où règnait, depuis vingt-quatre ans, l'Atabey Sa'd, fils de Zengui, prince issu de Salgar, chef d'une tribu turque, dont le petit-fils Sancor, établi dans le Fars, avait profité de la décadence des Seldjoucides, pour se rendre maître de ce pays, qui devint le domaine de princes de sa race, appelés Salgarides. S'avançant vers Schiraz Djélal fit annoncer son arrivée à l'Atabey Sa'd, qui envoya à sa rencontre son fils, avec cinq cent cavaliers, et allégua pour excuse de ce qu'il ne venait pas lui-même, un vœu qu'il avait fait de ne jamais aller au-devant de personne. Le sultan se contenta de cette défaite. Il savait que Sa'd était irrité contre Ghiath, qui avait fait, récemment, une cruelle invasion dans son pays, et en avait même gardé quelques districts. Djélal-ud-din les lui rendit, et pour achever de le gagner en sa faveur, il épousa sa fille (1).

Le sultan ne tarda pas à quiter Schiraz pour aller disputer à son frère la possession de l'Irac. Ce prince faible et voluptueux était in

543.

1148.

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capable de rétablir l'ordre dans des pays livrés à l'anarchie depuis la retraite de Tchinguiz-khan. Chaque district avait son maître particulier, et ces petits tyrans, qui la plupart consommaient la ruine des pays saccagés par les Mongols, faisaient bien réciter la prière publique au nom de Ghiath-ud-din, mais ne lui payaient aucun tribut. Ce prince, n'ayant point d'argent à donner à ses troupes, composées de Turcs, devait tolérer qu'ils enlevassent tout ce qu'ils pouvaient aux habitants paisibles. Lorsqu'un officier supérieur venait lui demander des fonds, il cherchait à le satisfaire par un titre honorifique; l'Emir était promu au grade de Mélik; le Mélik recevait le titre de Khan (1),

Djélal-ud-din s'avança jusqu'à Ispahan, d'où il partit, avec un petit nombre de cavaliers d'élite, pour surprendre son frère, occupé à rassembler une armée près de la ville de Rayi. Djélal avait donné à sa troupe des drapeaux blancs, semblables à ceux des Mongols. A son approche Ghiath prit la fuite; mais il se vit bientôt à la tête de trente mille hommes de cavalerie (2). Alors Djélal eut re

(1) Nessaoui.

(2) Djouvéini. Raschid.

cours à l'artifice; il manda à Ghiath, par son grand écuyer, qu'après avoir subi les plus rudes épreuves, il était venu pour se reposer quelque temps auprès de son frère; mais que se voyant reçu le sabre à la main, il allait se retirer. Trompé par ce message, Ghiath crut n'avoir rien à craindre de son rival; il s'en retourna à Rayi et licencia son armée. L'envoyé de Djélal avait été chargé de prodiguer des promesses en son nom, aux généraux de Ghiath, et de leur remettre des bagues en gage de sa bienveillance. Plusieurs de ces officiers se laissèrent séduire; d'autres allèrent porter les bagues reçues à Ghiath, qui fit arrêter l'envoyé de son frère. Néanmoins Djélal, certain que la plupart des troupes étaient pour lui, résolut de s'avancer, quoiqu'il ne fut suivi que de trois mille cavaliers. Son entreprise eut un plein succès. Ghiath courut se refugier dans un château fort; mais bientôt rassuré par les messages de

son frère, il céda à ses instances et se rendit à son camp.

Alors l'autorité de Djélal-ud-din fut généralement reconnue. Les généraux se présentaient devant lui avec le linceul autour du cou, et se prosternaient à ses pieds pour obtenir le pardon de leur désobéissance. Le sultan les

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