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joindre au sultan, avec quatre mille cavaliers, et de ne le quiter qu'après l'entière conquête du Roum. Cette instigation du prince d'Amid était dictée par un esprit de vengeance: KeïCobad lui avait enlevé plusieurs châteaux. L'ambition de Djélal-ud-din en fut tentée; il abandonna le projet d'aller à Ispahan et prit la route d'Amid. Ayant posé son camp près de cette ville, il passa la soirée à boire et s'enivra. Au milieu de la nuit, un Turcman vint l'avertir qu'il avait vu des troupes étrangères à la station où le sultan s'était arrêté la nuit précédente. Djélal dit qu'il mentait, que c'était un artifice du prince d'Amid, pour l'éloigner de son pays; mais en effet, à l'aube du jour, parurent les Mongols. Ils entouraient la tente royale, et le sultan restait encore plongé dans le sommeil de l'ivresse. Le général Orkhan accourut avec ses troupes, chargea l'ennemi et l'éloigna du pavillon du sultan; alors plusieurs officiers de sa maison y pénètrent, l'entraînent vétu d'une petite tunique blanche, et le mettent à cheval. Il ne songea dans ce moment qu'à son épouse, fille du prince du Fars, et ordonna à deux de ses grands officiers d'accompagner cette princesse dans sa fuite.

Voyant les escadrons mongols ardents à le

poursuivre, Djélal dit à Orkhan de le quiter avec ses troupes, afin d'attirer l'ennemi sur ses traces. Il prit lui-même la route d'Amid, suivi seulement de cent cavaliers; mais les portes de cette ville lui furent fermées. Le sultan ayant envain cherché à se les faire ouvrir par la persuasion, continua à fuir vers la Mésopotamie; cependant il ne tarda pas à rebrousser chemin, par le conseil d'Otouz Khan, qui prétendit que le plus sûr moyen d'éviter les Mongols, était de se porter sur la route qu'ils venaient de parcourir. Il arriva à un village du district de Meyafarkin, et y descendit dans une grange pour y passer la nuit. Pendant qu'il reposait, Otouz Khan le quita. Au point du jour, Djélal fut surpris par les Mongols; il n'eut que le temps de monter à cheval; la plupart de ses gens furent tués. Les Mongols, apprenant de leurs prisonniers que c'était le sultan qui venait de s'échaper, coururent après lui, au nombre d'une quinzaine. Deux le joignirent et furent tués de sa main; les autres ne purent l'atteindre.

Le sultan se jeta dans les montagnes (1)

(1) Dans l'une des montagnes de Tsofnio, dit Bar Hebræus, pag. 490.

mi-schew.

et fut pris par des Curdes, qui en Occupaient les accès, pour piller les fuyards. Ils le dépouillèrent, suivant leur coutume, et allaient le tuer, lorsque le sultan se fit connaître secrètement à leur chef; il lui dit de le conduire à Mozaffer, prince d'Erbil, qui le comblerait de biens, ou de le faire parvenir dans quelque partie de ses États, ce dont il serait récompensé par le de rang Mélik. Le Curde préféra ce dernier parti; il mena le sultan à l'habitation de sa tribu, et le laissa auprès de sa femme pour aller dans les montagnes chercher ses chevaux. Pendant son absence, vint un simple Curde, qui demanda à la femme quel était ce Khorazmien, et pourquoi on ne l'avait pas tué. Elle répondit qu'il était sous la sauvegarde de son mari; elle lui découvrit même que c'était le sultan. « Comment savez vous,

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reprit le Curde, s'il dit la vérité, et d'ail«<leurs le sultan a tué dans Khelatt un de «< mes frères qui valait mieux que lui; » en même temps, il le frappa de son javelot et l'étendit mort (1).

Ainsi périt le dernier prince de la dynas628. tie des Khorazm Schahs. « Djélal-ud-din, dit

15 août

1231.

(1) Nessaouï.

« son biographe, avait une stature moyenne, « la phisionomie turque, et le teint foncé; «< car sa mère était indienne. Il était brave « à l'excès, calme, grave, silencieux, ne riant jamais que du bout des lèvres. Il parlait le « turc et le persan (1).

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On a vu que ce prince, vrai type du caractère turcman, possédait plutôt les qualités d'un soldat que celles d'un général ou d'un souverain; sans prudence ni prévoyance; vivant de pillage; ne profitant du répit que lui laissaient les Mongols que pour attaquer des voisins dont il aurait dù se ménager l'appui; se livrant avec insouciance à ses plaisirs, passant son temps à boire et à entendre de la musique; se couchant toujours ivre, lors même que les Mongols le poursuivaient à outrance. Il ne sut pas conserver l'attachement de ses troupes, qui d'ailleurs privées de solde, vivaient de ce qu'elles prenaient, et ruinaient les provinces. Des actes d'extravagance contribuèrent à lui aliéner les esprits. La mort lui ayant enlevé, pendant son séjour près de Tébriz, un jeune esclave eunuque, qu'il aimait passionnément, il en conçut un profond chagrin. Il ordonna

(1) Nessaouï. Zéhébi.

à ses généraux et à ses troupes d'accompagner à pied le cercueil de ce favori; il suivit lui même à pied pendant quelque temps, la pompe funèbre, et ce ne fut pas sans peine que ses généraux et ses ministres purent le persuader de monter à cheval. Les habitants de Tébriz avaient reçu l'ordre de sortir à la rencontre du convoi; ils obéirent; néanmoins Djélal-ud-din s'emporta contre eux, trouvant qu'ils auraient dû aller plus loin, montrer plus de douleur, et il les en aurait punis, sans l'intercession de ses généraux. Il ne fit pas ensevelir l'ennuque, afin de ne pas s'en séparer; il emmenait son cercueil, ne cessant de se lamenter, et prenant à peine de la nourriture. Lorsqu'on lui servait ses repas, il ordonnait qu'on portât de tel mets à Kilidj, c'était le nom de l'eunuque; et comme il avait fait mourir un de ses serviteurs qui lui avait répondu que Kilidj n'existait plus, on allait présenter les mets au défunt, et l'on revenait dire: « Un tel se met aux pieds du << sultan, et lui fait savoir qu'il se trouve « mieux (1). »

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Abssar fi Mémalik ul-Amssar, par le Scheïkh Ahmed el

Omari, tome 23.

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