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long entretien, où le généralissime n'omit rien pour persuader au jeune prince de se soumettre. Argoun vit qu'il n'avait pas d'autre parti à prendre; il partit avec Alinac et arriva au camp d'Ahmed, à Goutchan, le jeudi, 29 juin (1). On le fit entrer dans le 13 r.-2. quartier royal du côté gauche, et on lui ôta sa ceinture. Il ne fut pas introduit tout de suite dans le pavillon du sultan; on le laissa én plein air exposé à l'ardeur du soleil; la sueur coulait de son visage. Sa sœur Togan, qui l'aimait tendrement, cédant à sa vive émotion, sortit de la tente royale, et alla le garantir avec son parasol des rayons brùlants. Au bout de quelque temps, il fut permis à Bolgan Khatoun, femme d'Argoun, d'entrer dans le pavillon. Le sultan lui souhaita la bien venue et lui présenta la coupe; il sortit ensuite pour chasser dans les environs du camp. A son retour, Argoun fut introduit; il entra, plia le genou, et rendit hommage au sultan de la manière usitée chez les Mongols. Ahmed l'embrassa; leurs joues étaient baignées de larmes; il dit ensuite à Argoun que ce prince conserverait en apanage le Khorassan, comme sous le règue de

(1) Raschid. Vassaf, 1. c.

son père. Néanmoins Ahmed le mit sous la garde d'Arouc, frère de Bouca, qui plaça quatre mille hommes autour de son quartier (1). Le sultan ne voulait instruire son procès qu'après avoir rejoint Coutoui-Khatoun, sa mère. Alinac lui conseilla de s'en défaire dans la nuit même. « Que peut-il? lui répondit Ahmed, il n'a ni argent, ni trou« pes. >>

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Maître de son ennemi, Ahmed partit dès le lendemain, pour retourner auprès de sa nouvelle épouse Toudaï-Khatoun, qu'il aimait éperdument. Il confia à son généralissime Alinac la haute surveillance de son prisonnier, et laissa le commandement de l'armée aux princes du sang (2). Le général Boucaï obtint la permission de rester au camp, sous le prétexte d'assister aux noces de son intime ami, Kiptchac Ogoul, descendant de DjoutchiCassar.

Sous le règne précédent, Boucaï était attaché à la personne d'Argoun. Lorsque Ahmed fut monté au trône, il le demanda, à plu

(1) Vassaf, 1. c.

(2) Vassaf dit que le sultan donna l'ordre au général Alinac de faire mourir Argoun, après son départ.

sieurs reprises, et Boucaï, forcé d'obéir, quitta Argoun avec un vif regret. A son arrivée à la cour, il fut traité avec distinction, et même revêtu de l'une des robes du grand Ilkhan, c'est-à-dire, de Houlagou; mais à cette heure il était chagrin d'avoir perdu son crédit auprès d'Ahmed, qui lui préférait un autre officier, nommé Cara-Boucaï; il forma le projet de délivrer Argoun et de détròner Ahmed. Il le communiqua d'abord à plusieurs généraux, dont quelques-uns étaient ses parents; il dit à chacun, en particulier, qu'Ahmed avait décidé avec ses confidents Hougaï, Cara-Boucaï, Alinac et Abougan, de se défaire d'eux, près d'Esferaïn. « Il faut, ajoutait-il, << saisir l'occasion de prévenir notre perte (1). « Ahmed a résolu d'avilir, et même d'exter« miner les descendants de Tchinguiz-khan; «< il protège, il préfère les Musulmans, par « l'influence du vézir. C'est pour détruire les Mongols qu'il a mis les troupes géorgiennes << sous les ordres d'Alinac, et qu'il l'a élevé « au-dessus de tous les généraux et de tous « les courtisans. » Trompés par ces calomnies, les généraux, ainsi que les princes Tchouschkab et Houladjou, entrèrent dans ses

«

(1) Raschid.

vues; il fut décidé que parmi les princes, Houladjou, parmi les généraux, Boucaï seraient les chefs de l'entreprise, qu'ils résolurent d'exécuter dans la nuit même (1).

Boucaï invita à un festin Cara-Boucaï, Biac et Alinac. Ce dernier s'excusa en alléguant qu'il ne pouvait pas se livrer à la boisson, parce que son régiment (Kézik) était, la nuit suivante de garde auprès d'Argoun; mais Tchouschkab lui ayant offert de le remplacer, il se rendit au festin, et à l'heure du coucher du soleil, il était déjà ivre-mort.

Boucaï suivi de trois cavaliers, entra dans l'enceinte du quartier d'Argoun; c'était la 18 г.-2. nuit du mardi 4 juillet; il détacha un de ses gens pour aller tout doucement le réveiller, et lui annoncer que Boucaï, ayant formé un grand parti en sa faveur, était là pour le sauver. Ce prince fut d'abord effrayé, croyant qu'on en voulait à sa vie; rassuré enfin par les serments les plus terribles, il sortit de sa tente, et Boucaï le fit monter à cheval. Lorsqu'ils furent à la porte de l'enceinte, le factionnaire mongol leur demanda pourquoi ils sortaient cinq, puisqu'ils n'étaient entrés que quatre; ils lui firent ac

(1) Vassaf, 1. c.

croire qu'il s'était mépris, et ils arrivèrent heureusement au quartier de Boucaï (1)..

Argoun se revêtit d'une armure, et alla sur le champ avec Boucaï, au quartier d'Alinac, qu'ils tuèrent dans sa tente; ils le mirent en pièces, avec la cage de crin qui le garantissait des insectes. Quelques-uns de ses gardes saisirent leurs arcs. Boucaï leur cria: « Jusqu'à présent nous avons obéi « à Ahmed; nous venons de tuer Alinac, « par l'ordre de Houladjou. » Les gardes jetèrent leurs armes, et se prosternèrent. Arouc et Houladjou courant au quartier du prince Yessar, le trouvèrent plongé dans le sommeil de l'ivresse, ainsi que plusieurs de ses gens, et les tuèrent (2). Cara-Boucaï, Biac, Taboui et d'autres officiers furent arrêtés; le lendemain on mit à mort plusieurs d'entre eux; les autres furent relâchés.

Un cavalier s'échappa du camp, au milieu de la nuit, et courut apprendre ce qui venait de se passer, à Ahmed, qu'il atteignit à quatre fersenks au-delà d'Esféraïn (3). Le sultan avait auprès de lui le prince Kin

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