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de ce prince pour les envoyer dans l'Azerbaïdjan, il jura, dans sa colère, qu'il tirerait vengeance de ce général. Il fit marcher son armée en trois corps, se mit à la tête du dernier, et laissa en arrière Schischi-Bakhschi pour garder ses bagages. Il manda au général Nevrouz de venir le joindre en diligence avec son Touman de Caraounass, et s'avança avec un corps de cinq mille hommes. Les deux avant-gardes se rencontrèrent à Khail-buzurk, situé à moitié chemin entre Raï et Cazvin. Un espion d'Argoun, qui fut pris et qu'on enivra, fit connaître la force et la position de ses troupes. Alinac marcha à lui sur le 683. champ, et le rencontra, le 4 mai, au-delà de Cazvin, dans la plaine d'Ac-Khodja. Argoun combattit depuis le milieu du jour jusqu'à son déclin, malgré l'infériorité du nombre de ses troupes (1). Son aile gauche fut mise en fuite; mais son aile droite défit et poursuivit la gauche d'Alinac jusque près de Cazvin. Néanmoins Argoun, voyant qu'il ne pouvait pas tenir contre des forces supérieures, se retira avec trois cents cavaliers, par la route de Firouzcouh; il voulait joindre le corps des Caraounass, et revenir à leur tête. Ce

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(1) Raschid.

pendant, vers le coucher du soleil, le bruit ayant couru dans son armée qu'il avait disparu, ses troupes se débandèrent; peu après arriva le corps des Caraounass, qui ne trouvant pas le prince, s'en retourna. Ces guerriers indisciplinés commirent, suivant leur usage, les plus grands excès sur leur route; ils pillèrent Damégan et ses environs. Argoun fut joint, dans sa retraite précipitée, par un officier d'Ahmed, chargé de lui dire qu'il n'avait pas ordonné à Alinac de le combattre, mais seulement de l'engager à se rendre auprès du sultan; Ahmed l'exhortait à déposer les armes, à venir le trouver avec confiance. Argoun voulant gagner du temps, lui députa le noyan Coutlougschah et Lékézi, pour l'assurer de sa soumission (1).

Ahmed, après avoir célébré son mariage avec Toudaï Khatoun, était parti du Mougan, le 26 avril, à la tête de quatre-vingt 8 safer. mille hommes de cavalerie, mongols, musulmans, arméniens et géorgiens. Les deux députés d'Argoun le trouvèrent dans la plaine d'AcKhodja, où l'on venait de se battre. Ils lui rendirent ce message de la part d'Argoun: « Comment oserais-je tirer le sabre contre

(1) Vassaf, 1. c.

14 r.-I.

«< mon aîné? Jamais je n'eus la pensée de le «< combattre. Alinac est venu enlever mes

« Ordous et mes gens; je me suis avancé « pour les délivrer; il m'a attaqué; j'ai été « forcé de me défendre. >>

Les généraux d'Ahmed lui conseillèrent de pardonner à la jeunesse d'Argoun et de terminer la campagne; la chaleur était excessive; beaucoup de chevaux avaient péri. Ahmed ne les écouta pas. Deux astrologues lui déclarèrent que la position des astres n'annonçait rien de favorable pour son expédition; il s'emporta contre eux (1). Lekézi voulut l'intimider en lui disant que s'il ne s'accomodait pas tout de suite avec Argoun, il serait peut-être trop tard lorsque ce prince aurait été rejoint par les Caraounass (2).

Le mercredi, 31 mai, les princes Gazan fils d'Argoun et Omar, fils de Négoudar Ogoul, accompagnés de plusieurs officiers, vinrent à Surkhé, village du district de Simenan, pour demander encore la paix. Trois jours après, Ahmed fit partir les princes Toga-Timour et Souktaï, avec les généraux Bouca et Touladaï, chargés de déclarer à Argoun, que pour prou

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ver sa soumission, il devait se rendre en personne auprès du sultan. Boucaï dit, en partant, à Ahmed, que puisqu'ils allaient traiter de la paix, il jugerait peut-être à propos de faire halte. Le sultan lui répondit qu'il avancerait jusqu'à Kharcan (1), où il trouverait de bons pâturages, et qu'il y attendrait leur retour. Ses troupes qui, depuis Cazvin, avaient commis de grands excès sur toute la route, notamment les Géorgiens, pillèrent dans la ville et le pays de Damégan ce qui avait échappé à la rapacité des Caraounass (2). Les habitants de cette contrée, réduits au désespoir, portèrent leurs plaintes au sultan; il les renvoya à son vézir, qui répondit, qu'en pareille circonstance, on ne pouvait pas réprimer la licence du soldat, de peur de le mécontenter (3). Ahmed arriva le 6 juin à Kharcan, où le prince Gazan prit congé de lui (4).

Après la bataille d'Ac-Khodja, le général

(1) Entre Bisttam et Aster-abad. (2) Raschid. (3) Vassaf, 1. c. O Cet historien ajoute :

« La réponse « du vézir ne lui porta point bonheur. » Il dit ensuite : « A l'heure qu'il est, ce pays n'a pas encore réparé les << pertes qu'il essuya dans cette campagne; » et Vassaf écrivait trente ans après.

(4) Raschid.

Alinac ayant appris qu'Argoun s'était éloigné avec peu de monde, l'avait poursuivi avec son propre Touman; car il avait promis au sultan de lui amener Argoun. Ce prince ne vit jusqu'à Goutchan aucunes traces de ses troupes en déroute, et la plupart de ses cavaliers, ne pouvant suivre sa course rapide, étaient restés en arrière. Il se retira dans la forteresse de Kelatcouh, située au nordest de Thous, dont les ouvrages étaient en grande partie ruinés; il s'y enferma avec cinq cents individus de sa maison (1). La plupart de ses généraux, croyant sa cause perdue, avaient passé au camp d'Ahmed. Nevrouz, qui lui restait fidèle, le pressait de se retirer au-delà du Djihoun, où il trouverait une armée; Argoun ne voulut pas.

Trois jours après son entrée dans Kelatcouh, parut Alinac à la tête de son avantgarde. Argoun sortit seul de la place et appela à haute voix Alinac, qui s'avançant seul à pied, se prosterna et dit au prince que le Khan, son oncle, désirait le voir. Argoun répondit qu'il avait le même désir. Alinac lui fit hommage d'un cheval blanc. Ils entrèrent ensemble dans la forteresse, et eurent un

(1) Vassaf, 1. c.

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