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abandonnés par ce prince dans Tébriz, lors de sa retraite précipitée. Le vézir déposa la famille du sultan dans le château fort de SindSourakh, et mit en sûreté ses trésors dans plusieurs autres châteaux qui appartenaient au chef des Turcmans de l'Arran. Ensuite, il se jeta lui-même dans le fort de Khizan, et y arbora l'étendard de la révolte. Il en voulait au sultan de ce que ce prince, pour tarir la source de ses excessives prodigalités, l'avait empêché, depuis deux ans, de disposer à son gré des deniers du fisc. Croyant Djélal-ud-din perdu, lorsque, surpris dans le Mocan, ce prince fut obligé de prendre la fuite, et ne songeant plus qu'à ses propres intérêts, il avait écrit au sultan de Roum et au prince de Syrie, pour leur proposer, s'ils voulaient lui laisser la possession de l'Arran et de l'Azerbaïdjan, de leur rendre hommage pour ces deux pays, et de faire réciter la prière publique en leur nom. Dans ces lettres il qualifiait Djélal-uddin de Tyran déchu. Plusieurs de ces missives et d'autres qu'il gouverneurs de province pour corrompre leur fidélité, tombèrent entre les mains du sultan. Ce prince sut que le vézir arrêtait les officiers khorazmiens qui passaient dans le voisinage de son château, et qu'il leur extor

avait adressées à des

quait par des tortures tout ce qu'ils possédaient. Il apprit que Schéréf-ul-Mulk avait envoyé au chef des Turcmans l'ordre de ne remettre à personne la famille et les trésors du sultan, pas même à Djélal-ud-din s'il se présentait, et que dans cette lettre il le désignait encore sous le nom de Tyran déchu. Djélal, convaincu de sa trahison, fit expédier dans toutes les provinces l'ordre de ne plus reconnaître son autorité (1).

Ce prince était demeuré tout l'hiver dans la plaine de Mahan. Vers la fin de cette saison, sur l'avis que les Mongols étaient partis d'Odjan, pour le chercher, il passa dans l'Arran; lorsqu'il fut près du château de Schéréful-Mulk, il le manda, feignant d'ignorer tous ses actes de trahison. Schéréf-ul-Mulk se présenta, le linceul autour du cou; Djélal lui

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(1) « Tels sont, dit Novaïri, les motifs de la disgrace « de ce vézir, rapportés par Schihab-ud-din el Monschi (le secrétaire), c'est-à-dire, Nessaouï ; mais selon d'au<< tres auteurs, Schéréf-ul-Mulk se détacha du sultan, à «< cause de ses nombreux actes d'extravagance, qui lui « aliénèrent en même temps ses généraux, lesquels s'uni<< rent avec le vézir; » et Novaïri cite sa conduite après la mort d'un esclave favori, dont il sera fait mention plus bas.

offrit une coupe de vin, contre l'usage des sultans khorazmiens, qui n'admettaient jamais les vézirs à leurs banquets. Schéréf-ul-Mulk se crut au comble de la faveur; il ne tarda pas à être désabusé. Quoiqu'il suivit le sultan, qui continua sa route vers l'Arran, il n'eut plus de part aux affaires.

Le mauvais état de la fortune de Djélal fit éclore les dispositions secrètes des esprits dans les deux provinces nouvellement conquises. A Tébriz la populace, excitée par ceux mêmes qui y commandaient au nom du sultan, fut sur le point de massacrer, pour s'en faire un mérite auprès des Mongols, tout ce qui s'y trouvait de Khorazmiens. Des révoltes éclatèrent dans plusieurs endroits de l'Arran et de l'Azerbaïdjan. On tuait les gens du sultan et l'on portait leurs têtes à l'ennemi.

Djélal, voulant envoyer quelqu'un dans l'Arran pour faire marcher les troupes cantonnées dans cette province, dit à son chancelier, qu'il avait besoin pour cette mission, d'une personne qui put inspirer de la confiance aux Turcmans, et ne fut pas avide de leurs biens; « mais, ajouta-t-il, je ne puis «< me fier pour cela à aucun des Turcs qui « sont auprès de moi. » Il revint plusieurs fois sur ce sujet, et Mohammed de Nessa,

qui vit bien que son maître désirait qu'il se chargeât de cette commission, mais hésitait à la lui proposer, croyant qu'elle ne lui serait pas agréable, lui dit enfin qu'il était prêt à exécuter ses ordres et il partit dans la nuit même. Lorsqu'il avait dirigé un corps de troupes vers le quartier de Djélal-ud-din, il se rendait par les montagnes, à un autre cantonnement, et par ses soins, dans peu de temps ce prince se vit entouré de forces considérables. Sur l'avis de cette réunion, une division mongole, qui avait pénétré dans l'Arran, se replia sur le gros de l'armée, resté à Odjan.

Un émissaire, envoyé par les Mongols au gouverneur de Bailecan, pour le sommer de se rendre, ayant été conduit au camp de Djélal, ce prince ordonna à son secrétaire de l'interroger sur la force de l'armée de Tchormagoun, et de lui promettre la vie sauve s'il disait la vérité. C'était un Musulman, attaché comme intendant au service de Taïmaz, l'un des chefs mongols. Il déclara que cette armée, lorsque Tchormagoun l'avait passée en revue près de Bokhara, était, suivant les rôles, forte de vingt mille combattants. Djélal-ud-din fit tuer cet homme sur le champ, de peur que ses troupes

venant à connaître le nombre des ennemis, n'en fussent découragées.

Le sultan craignait que Schéréf-ul-Mulk, ne le quitât pour aller exciter les peuples à la révolte. S'étant rendu, suivi de cet ancien vézir, à Djarapert, près de Gandja, dans les montagnes d'Artsakh (1), il ordonna au commandant de cette forteresse, vieillard turc, dûr et méchant, de l'arrêter et de le mettre aux fers, au moment où le sultan en partirait. Peu de temps après il envoya six de ses gardes pour lui ôter la vie. En voyant paraître ces satellites, le vezir connut son sort. Il les pria de différer quelques instants afin qu'il pût recommander son ame à Dieu. Il fit ses ablutions, dit son Namaz, lut un morceau du Coran, et permit ensuite aux gardes d'entrer. « Voici, leur dit-il, la récompense <«<de quiconque se fie à la parole d'un ingrat. Ils lui demandèrent s'il voulait périr par le cordon ou par le sabre; il dit : « par le sa« bre. » — « Il n'est pas d'usage, reprit l'un « d'eux, que les Grands soient décapités, et « par le cordon la mort est plus douce. »

(1) Mémoires sur l'Arménie, par Mr. St.-Martin,

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