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la leur refusa. Ils se plaignirent des actes d'hostilité commis contre leur maître par son cousin et vassal, le seigneur d'Erzen-ur-Roum, et demandèrent que le sultan leur livrat la personne de ce prince, et consentit à ce que Keï-Coubad prit possession de son territoire. Irrité de cette demande, Djélal leur répondit avec véhémence : « Djihanschah, quoique j'aie « à m'en plaindre, est venu à ma cour et s'y << trouve sous la garantie des lois de l'hospitalité; il serait indigne de moi de le livrer « à ses ennemis. » Le mécontentement de ces ambassadeurs fut encore augmenté par la grossière insolence du vézir Schéréf-ul-Mulk. L'historien de Djélal-ud-din raconte, qu'entrant un jour chez ce ministre, où se trouvaient les ambassadeurs du Roum, il entendit qu'il les brusquait par des paroles inciviles et des fanfaronnades. « Si le sultan me le permettait, « leur dit-il, entre autres choses, j'entrerais <«< dans votre pays, avec mes seules troupes, « et j'en ferais la conquête. »

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Lorsqu'ils

« furent sortis, ajoute Mohammed de Nessa,

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je demandai au vézir pourquoi il les avait « ainsi maltraités, quand leur maître nous << témoignait de l'amitié? Il répondit : Tous « les présents qu'ils ont apportés ne valent pas « ensemble deux mille dinars! »

Les deux ambassadeurs s'en retournèrent, peu satisfaits de leur mission, accompagnés de trois envoyés de Djélal-ud-din, qu'ils devancèrent, lorsqu'ils furent arrivés sur le territoire du Roum, pour aller informer leur maître du mauvais accueil fait à ses offres d'amitié et de services. Sur ce rapport, KeïCoubad résolut d'embrasser le parti d'Aschraf, et lui députa l'un de ces deux ambassadeurs pour lui offrir son alliance.

Au bout de six mois de siége, la ville de Khelatt fut prise d'assaut. Le sultan voulait la préserver des horreurs du sac; mais ses généraux vinrent lui représenter que les troupes avaient perdu, pendant un long siége, beaucoup de chevaux et de bétail; que s'il leur défendait le pillage, elles ne seraient pas en état de faire une nouvelle campagne ; qu'elles pourraient même déserter leurs drapeaux. Ils insistèrent tant, que Djélal se vit obligé d'y consentir (1). Khelatt fut donc livrée au pillage pendant trois jours, et un grand nombre de ses habitants moururent dans les tourments qu'on leur fit subir, pour les forcer à livrer leurs effets précieux. La population de Khe

28 dj.-1 627.

2 avr.

1230.

(1) Nessaoui.

latt était d'ailleurs fort réduite par l'émigration et la famine. Les femmes et les enfants furent traînés en captivité (1). Gourdjiyet, (la géorgienne), épouse du prince Aschraf, se trouvait dans Khelatt, et devint la captive du sultan, qui la même nuit jouit de ses droits. Elle était fille du prince géorgien Ivani, et avait épousé, en premières noces, Avhad, frère d'Aschraf. Deux jeunes frères de ce prince, Ya'coub et Abbas tombèrent également au pouvoir du vainqueur. Le sultan fit réparer les brèches faites aux murailles par ses catapultes, et distribua à ses généraux les terres du canton de Khelatt (2).

Djélal se disposait à attaquer la ville de Manazguerd, lorsque le prince d'Erzen-urRoum, qui, pendant le siége de Khelatt, lui avait fourni, de son pays, des vivres et des fourrages, et par là s'était attiré le ressentiment d'Aschraf, vint l'informer d'une alliance faite contre lui entre ce prince et le sultan de Roum, et lui conseilla de les prévenir en les attaquant avant la jonction de leurs forces. Après la mort de Moazzam, Aschraf

(1) Ibn-ul-Ethir. Novairi.

(2) Novaïri.

avait reçu de son frère Kamil, sultan d'Égypte, la principauté de Damas, et lui avait cédé, en échange, ses domaines de Harran, Roha, Suroudj, Rees-aïn, Racca et Djéméléin (1). A la nouvelle de la prise de Khelatt et de la captivité de sa femme, Aschraf accourut auprès de son frère Kamil, qui était à Racca, et fut joint, dans le même temps, par l'ambassadeur du sultan de Roum, chargé de lui proposer une alliance contre Djélal. Aschraf consulta son frère, qui lui conseilla d'accepter; mais Kamil lui-même retourna précipitamment en Égypte, sur l'avis que son fils Salih, qu'il y avait laissé, méditait de le détrôner. Aschraf partit avec sept cents cavaliers pour Harran, d'où il fit demander les contingents des princes d'Alep, de Moussoul et de la Mésopotamie. Lorsque ces troupes furent arrivées, il alla a leur tète joindre le sultan Keï-Coubad (2) à Sivas,

(1) Moazzam étant mort le 1er de zoulhadjét 624 (13 nov. 1227), avait eu pour successeur son fils Nassir; mais, en 626, le sultan Kamil s'empara de Damas, donna cette principauté à son frère Aschraf, et céda, en indemnité, au jeune Nassir la principauté de Carac, Schoubec, Goureïn et

Balca.

(2) Novairi.

d'où ils marchèrent ensemble sur Khelatt.

Djélal s'était décidé, d'après l'avis du prince d'Erzen-ur-Roum, à s'avancer jusqu'à Khartpert, pour fondre sur la première des deux armées qui se mettrait en mouvement. Aussitôt furent expédiés des Tchaouschs et des Pehluvans ou hérauts d'armes, avec des flèches rouges, qui étaient, chez les Khorazmiens, le signal du ralliement, pour faire revenir plusieurs chefs militaires déjà rentrés dans leurs cantonnements. Djélal alla les attendre à Khartpert; il y tomba malade, et fut en si grand danger, que ses généraux, le croyant sans espoir, se tenaient prêts à partir, dès qu'il aurait expiré, pour aller chacun s'emparer d'une province. Toutefois Djélal se rétablit; mais dans l'intervalle les deux armées ennemies avaient opéré leur jonction. Djélal n'avait que peu de monde; il n'avait pas eu la prévoyance de rappeler les troupes de l'Arran, de l'Azerbaïdjan, de l'Irac et du Mazendéran, depuis peu congédiées. Celles de son vézir étaient devant Manazguerd; un autre corps assiégeait Berkéri (1). Néanmoins il marcha en avant et

(1) Nessaoui.

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